D'après Quartz, la ville chinoise de Jinan met en place, depuis l'année dernière, un système de notation sociale visant les personnes qui possèdent un chien comme animal de compagnie. Le système rappelle celui du « crédit social » créé par le gouvernement chinois en 2014 et qui analyse à l'échelle nationale le comportement des citoyens en ligne et dans la vie réelle.

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« Vidéosurveillance, big data, notation citoyenne... La Chine, c'est Black Mirror ? », nous demandions-nous un peu plus tôt cette année. La réalité se rapprochant peu à peu de la fiction, Quartz nous apprend aujourd'hui qu'une ville chinoise a mis en place un système de notation sociale visant les personnes ayant un chien pour animal de compagnie.

Une échelle de douze points

Le système est en place depuis 2017 dans la ville de Jinan, située dans la province du Shandong, à l'Est de la Chine. Sur une échelle de douze points, les autorités locales attribuent un score à tous les propriétaires de chiens, en le diminuant
« s'ils ne prennent pas soin de leur chien, par exemple en ne ramassant pas leurs excréments ou en les laissant errer sans laisse ».
Certaines réglementations relatives à la possession de chiens étaient déjà en place depuis une dizaine d'années, mais la ville en a créé de nouvelles, et les a intégrées à son nouveau système de notation des citoyens depuis l'année dernière, précise Quartz. Parmi les règles que les habitants de Jinan sont désormais tenus de suivre : « Posséder un permis de détention d'un chien », leur « attacher une laisse dont la longueur ne doit pas excéder 1,5 mètres », ou encore ne pas les laisser rentrer dans « les bâtiments gouvernementaux, les transports en commun, les écoles, les hôpitaux, les jardins d'enfants, les parcs, les places publiques, les gymnases, les hôtels, les restaurants, les marchés et les centres commerciaux ».


Commentaire : Pas facile d'être un chien en Chine.


Les autorités peuvent « confisquer » l'animal

Le nombre de points retirés au citoyen varie alors selon « l'ampleur de la violation » et « son caractère récidiviste ». Pour avoir promené un chien sans laisse, par exemple, un citoyen se voit retirer trois points la première fois, et six points la deuxième fois ( plus une amende d'environ 60 euros maximum ). La pénalité peut même aller jusqu'à douze points de retrait d'un seul coup pour le « non-renouvellement de son permis de détention d'un chien ». Les autorités peuvent alors « confisquer » l'animal, et, d'après le Beijing Youth Daily (repris par Quartz), son propriétaire doit passer un examen sous la forme d'un QCM s'il souhaite le récupérer.

Des « listes noires » de citoyens

Le système de notation rappelle évidemment celui de « crédit social » créé par le gouvernement chinois en 2014, progressivement mis en place depuis quelques mois et qui devrait être généralisé d'ici 2020. Boosté par l'intelligence artificielle et le big data, celui-ci surveille déjà très précisément les citoyens chinois, en analysant notamment leur comportement en ligne et dans la vie réelle (« La méthodologie exacte reste secrète, mais fumer dans des zones anti-tabac, acheter trop de jeux vidéo ou publier des fausses nouvelles sur Internet sont des exemples d'infractions relevant d'une "mauvaise conduite" », détaille notamment Business Insider).

Le système aurait déjà empêché aux citoyens placés sur des « listes noires » de prendre 11,14 millions de vols et 4,25 millions de trains à grande vitesse, rapportait le Global Times, un journal proche du gouvernement chinois, le 20 mai dernier. Récemment, une vidéo du journaliste James O'Malley à bord d'un train Beijing-Shanghai donnait d'ailleurs une idée la teneur des consignes dispensées à bord des transports en communs chinois :
« Chers passagers, les personnes voyageant sans billet, se conduisant de manière désordonnée ou fumant dans les lieux publics seront punies conformément à la réglementation en vigueur, et leur comportement sera enregistré dans le système de crédit social individuel. Pour éviter tout enregistrement négatif, veuillez suivre les réglementations en vigueur et les ordres dispensés dans le train et au sein des gares. »