On peut ainsi s'étonner de la philosophie affichée par ce projet censé offrir une « meilleure protection des données des patients »... Car l'un des buts avoués de MyHealthMyData est bel et bien de « créer un véritable marché de l'information » et ce, notamment, entre « les citoyens de l'UE » et certaines « entreprises »!
« MyHealthMyData a vocation à créer un véritable marché de l'information[...] entre les citoyens de l'UE, les hôpitaux, les centres de recherche et les entreprises. » (Source: myhealthmydata.eu - page d'accueil)
Commentaire : Centres de recherche ? Ne sommes-nous déjà pas dans un laboratoire et ce depuis si longtemps que nous n'en sommes plus conscients ? En fait, ne sommes-nous pas des petites souris pour tous ces "centres de recherche" et autres organismes ?
Facebook et Twitter comme sources d'informations sur votre état de santé!
Or, un élément particulièrement intrigant de ce projet piloté par la Commission européenne réside dans le fait que les « comptes d'utilisateur sur les réseaux sociaux » y apparaissent en toutes lettres comme une « source de données » sur les patients...
Commentaire : C'est bien ça : surtout pour les compagnies d'assurance.
Dans un document de travail on ne peut plus officiel (et disponible sur le web!), il est en effet précisé que les dossiers médicaux électroniques des patients seront alimentés par des données (« textes, images ou métadonnées ») extraites de « Twitter, Facebook, Flickr, Pinterest et Instagram »!
Commentaire : De mieux en mieux.
Faut-il en déduire que les données collectées sur nous via les réseaux sociaux fournissent des indications fiables sur notre état de santé? Les images et textes que nous publions permettraient-ils d'identifier les signes avant-coureurs de certaines pathologies physiques ou psychiques ? Ou tout simplement, pourquoi pas, le début d'une grossesse?
Et dans quel(s) contexte(s) les données ainsi obtenues ont-elles vocation à être employées ? Demandes de crédit, postulations professionnelles, souscriptions d'assurances (vie, maladie, prévoyance...) ?
Il pourrait être temps de nous en dire un peu plus... D'autant plus que la phase de « mise en œuvre » (implementation) de ce projet aussi ambitieux que discret a déjà démarré au mois d'avril 2018!
BONUS : MonDossierMedical.ch, la vitrine helvétique du projet MyHealthMyData!
Une fois n'est pas coutume, la Suisse se retrouve au cœur de la politique économique européenne - sa participation active au projet MyHealthMyData témoignant d'ailleurs de son intégration croissante aux technostructures de l'UE.
Il y a ainsi tout lieu de penser que le site suisse d'échange des données médicales des patients MonDossierMedical., qui a été lancé par le canton de Genève en 2013 déjà, sert de vitrine au projet MyHealthMyData vis-à-vis du public helvétique.
Détail intéressant, cette plateforme a été développée en partenariat avec La Poste Suisse, qui offre désormais « une solution complète de cybersanté » sous l'appellation « Post E-Health »... Le géant jaune helvétique serait-il en train d'entamer une reconversion inattendue dans le domaine du Big Data?
Le problème de fond reste le concept même de "réseaux sociaux" sur internet et sur mobile. C'est ça qui a déconnecté les gens de leurs vies, la dépendance technologique de masse est un fléau majeur, il suffit de voir la masse des gens accro à leur mobile dans les rues, dans les transports en commun, etc., et tout ça avec des appareils fabriqués dans le tiers monde parfois par des enfants, ou encore par des adultes qui se suicident. Le prix de ces trucs ne pourra qu'augmenter quand ces populations seront lassées d'être ainsi exploitées et que les ressources viendront à manquer, et alors que restera-t-il à tous ces drogués des réseaux sociaux et de la communication à distance ?
Outre ça, les réseaux sociaux permettent un niveau de contrôle social jamais vu, même en mettant de côté le problème de la collecte de données, car il suffit de surveiller votre compte (être un ami fictif quelconque par exemple) pour connaître vos opinions sur toutes sortes de sujets politiques, professionnels, personnels, philosophiques, etc. Umberto Eco en parlait déjà il y a 12 ans dans ce livre :
[Lien]
Certains sont prudents et n'indiquent que le minimum de choses sur facebook, mais d'autres ne font que passer leur vie à étaler leurs états d'âmes, leurs opinions, leurs revendications, leurs habitudes, les endroits où ils vont, sur des sites comme twitter ou instagram. Et après on se scandalise qu'il soit possible de ficher des données sur twitter ou facebook, mais c'était pourtant évident... L'un des scandales, aussi, est que facebook soit pratiquement obligatoire pour certains employés, puisque les entreprises ont tendance à s'organiser via ce truc, comme s'il était très compliqué de faire un agenda partagé pour les réunions, via un intranet ou un simple système de mailing. il y a donc un abus qui fait un peu "gilets jaunes" dans le sens que certains travailleurs sont contraints d'être sur facebook comme on peut être contraint d'utiliser et de posséder une voiture dans beaucoup de cas. Mais ce problème aurait du être identifié beaucoup plus tôt par les autorités, sauf que celles-ci se sont bien sûr faites complices de ces systèmes de fichages bien pratiques qui ne leur coûtent rien. Et maintenant on fait les tartuffes en s'insurgeant contre les GAFAM, mais on leur avait ouvert une voie royale, et pire, on collabore avec eux pour le fichage... Le monde entièrement connecté où même votre porte d'entrée peut vous surveiller et vous racketter est en train d'advenir...