Le lanceur d'alerte Julian Assange, réfugié depuis près de sept ans dans l'ambassade d'Equateur à Londres, a été arrêté ce 11 avril par la police britannique après la révocation de son asile par Quito.
Julien
© InconnuJulien Assange
L'Australie, dont est originaire Julian Assange, s'est dite convaincue qu'il bénéficiera d'un traitement judiciaire équitable au Royaume-Uni.

Jen Robinson, une des avocates de Julian Assange, a déclaré que l'arrestation de Julian Assange dans l'ambassade de l'Equateur à Londres n'était pas seulement en lien avec le non-respect par le lanceur d'alerte australien de son contrôle judiciaire, mais aussi avec la demande d'extradition de la part des Etats-Unis.


En juin 2012, Julian Assange a rompu le contrôle judiciaire imposé par la police britannique pour se réfugier à l'ambassade équatorienne de Londres dans le but d'échapper à une possible extradition vers la Suède. Malgré l'abandon des poursuites en 2017, le tribunal de Westminster a quand même maintenu le mandat d'arrêt contre le lanceur d'alerte.

En novembre 2018, le site Wikileaks, révélait que Julian Assange avait été inculpé aux Etats-Unis, ouvrant la voie à une possible extradition.

Le ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt a déclaré ce 11 avril que Julian Assange n'était « pas un héros » et qu'il n'était pas « au-dessus des lois ».

« Merci à l'Equateur et au président Lenin Moreno pour votre coopération », a ajouté le chef de la diplomatie britannique sur Twitter.

En 2016 toutefois, l'Organisation des nations unies (ONU) avait exhorté la Suède et le Royaume-Uni à accepter ses conclusions selon lesquelles Julian Assange se trouvait de facto en détention arbitraire. « Les Etats qui revendiquent être à la pointe des droits de l'Homme devraient donner le bon exemple, même s'ils ne sont pas d'accord avec les conclusions des Nations unies », avait alors déclaré un des experts du Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'ONU.

Commentant l'arrestation de Julian Assange, le lanceur d'alerte Edward Snowden a déploré sur Twitter un « moment sombre pour la liberté de la presse ».


Une accusatrice suédoise de Julian d'Assange demande la réouverture de l'enquête pour viol, selon une déclaration d'une avocate à l'AFP.

L'ex-président équatorien Rafael Correa a accusé son successeur Lenin Moreno de traîtrise.
« Le plus grand traître de l'Histoire de l'Equateur et de l'Amérique latine, Lenin Moreno, a permis que la police britannique entre dans notre ambassade de Londres pour arrêter Assange », a-t-il fulminé sur Twitter.

La Russie a accusé les autorités britanniques d'« étrangler la liberté » après l'arrestation par la police à Londres du fondateur de Wikileaks Julian Assange, réfugié depuis sept ans dans l'ambassade d'Equateur.« La main de la démocratie étrangle la liberté », a réagi sur Facebook la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

« Julian Assange, 47 ans, a été arrêté aujourd'hui, ce 11 avril, par des agents du service de la police métropolitain (MPS) à l'ambassade d'Equateur », a ainsi fait savoir Scotland Yard, expliquant que l'arrestation avait été menée en vertu d'un mandat de juin 2012 délivré par le tribunal londonien de Westminster Magistrates, pour non présentation au tribunal.

Sur des images exclusives filmées par l'agence Ruptly, le lanceur d'alerte apparaît affaibli, portant une barbe blanche fournie.

Julian Assange a été placé en garde à vue dans un commissariat londonien et sera « présenté au tribunal de Westminster dès que possible ». Le président équatorien, Lenin Moreno, s'est expliqué dans la foulée sur sa décision.


Wikileaks a également réagi en accusant le pays d'Amérique du Sud d'avoir mis fin « de manière illégale » à l'asile de son fondateur en « violation de la loi internationale ».

Le ministre d'Etat britannique pour l'Europe et les Amériques, Sir Alan Duncan, a expliqué qu'il était « tout à fait normal » que Julian Assange se soumette aux tribunaux britanniques. « C'est à la justice de décider ce qu'il va se passer désormais », a-t-il poursuivi, ajoutant : « Nous sommes très redevable envers le président équatorien pour son initiative et nous réjouissons d'une future relation bilatérale forte pour les années à venir. »

De longues années de privations

Julian Assange était réfugié depuis juin 2012 dans l'ambassade équatorienne à Londres, pour échapper à d'éventuelles poursuites des Etats-Unis. En 2010, il avait révélé de nombreux documents militaires et diplomatiques secrets américains obtenus par des lanceurs d'alerte.

Le 15 novembre 2018, WikiLeaks avait annoncé que Julian Assange avait été inculpé aux Etats-Unis. « Le département américain de la Justice révèle "accidentellement" l'existence de chefs d'accusation secrets (ou de projets de tels chefs d'accusation) contre le directeur de WikiLeaks Julian Assange, dans ce qui semble être une erreur de copier-coller dans une autre affaire également instruite dans le district est de la Virginie », avait annoncé l'organisation sur Twitter.

Si les poursuites en Suède contre Julian Assange pour viol et agression sexuelle ont été abandonnées en mai 2017, la justice britannique refuse de lever le mandat d'arrêt émis à son encontre, au motif qu'il n'a pas respecté en 2012 les conditions de sa liberté sous caution.

L'Australien de 47 ans redoute d'être extradé et jugé aux Etats-Unis pour la publication de documents secrets par WikiLeaks en 2010.