"Tout le week-end des 4 et 5 mai, une véritable escalade de la violence a été observée entre les Palestiniens et les Israéliens. "Cela va sans doute vous paraître inattendu, mais cela s'explique en partie par la tenue de l'Eurovision qui doit avoir lieu à Tel-Aviv dans huit jours. Car en menaçant le bon déroulement de l'événement, le Hamas espère peser sur les négociations entamées depuis des mois avec Israël et qui doivent aboutir à un cessez-le-feu de longue durée en échange d'un allégement du blocus sur Gaza", explique Franck Genauzeau, en direct de Jérusalem.
Le Premier ministre israélien face à un dilemme
"Le problème, c'est que dans le même temps, Benyamin Netanyahou, le Premier ministre [israélien], fraîchement réélu, essaie de composer un gouvernement et pour cela, il a besoin de son aile droite, de sa droite dure, farouchement opposée à un accord avec le Hamas", poursuit le journaliste de France 2. Et de remarquer : "Voilà donc le Premier ministre israélien face à un dilemme : frapper fort et satisfaire ses alliés ou son opinion publique, ou faire des concessions au Hamas en espérant protéger l'Eurovision, qui est aussi un enjeu d'image important pour l'État hébreu."
Certes, la tenue prochaine de l'Eurovision à Tel Aviv est un évènement qui joue un rôle important dans l'escalade actuelle mais occulter le point de départ du déclenchement des hostilités n'est pas tenable. Le vendredi 3 mai, l'armée israélienne avait tué 4 civils palestiniens et en avait blessé des dizaines d'autres alors qu'ils manifestaient près de la ligne de séparation autour de Gaza. La mort de ces civils a provoqué la première attaque à la roquette, qui a été menée par les brigades Izz ad-Din al-Qassam et ses alliés locaux dans la bande de Gaza. S'en est suivi l'escalade que l'on connait actuellement dont la perspective de l'Eurovision pourrait effectivement favoriser une exacerbation du conflit, le Hamas essayant de faire pression sur Israël pour obtenir des négociations qui lui soient plus favorables sous peine de gâcher la fête.
On n'arrive toujours pas à comprendre cette présentation sélective des informations sur l'une des chaînes d'Etat qui refuse de donner aux cerveaux disponibles la chronologie des évènements en pointant exclusivement la tenue prochaine de l'Eurovision et les négociations avec le Hamas dans le contexte de la formation du nouveau gouvernement Netanyahu. De telle sorte que le cerveau lambda pourra penser que les Palestiniens du Hamas sont les seuls responsables de l'escalade actuelle. En refusant de donner tout élément d'ordre chronologique à la crise actuelle israélo-palestinienne, cela rend la situation illisible et abouti à stigmatiser les Palestiniens et notamment le Hamas alors que la situation est plus complexe et est sous-tendue chronologiquement par la répression assassine d'Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza.
Enfin, si l'Eurovision à Tel Aviv déclenche tant de violences et de morts, il n'y a qu'à l'annuler.
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