Corse,neige,2019
© Jeannot FilippiAu nord et au sud du col, les barrières ont été fermées vers 8 heures. Il a fallu plus de deux heures pour dégager la chaussée.
Les services de Météo France avaient placé la Haute-Corse en vigilance jaune "neige et verglas" et annoncé, mardi en fin de journée, quelques chiffres prévisionnels : une limite pluie-neige à 900 mètres au plus bas, 1 à 3 cm au col de Vizzavona, et une fin d'alerte aux alentours de 10 heures. Dans les faits, cette nouvelle offensive de l'hiver a été bien plus violente que cela.

Comme prévu, elle a commencé dans la nuit et en début de journée, la plupart des villages du centre de l'île étaient sous les flocons. S'ils ne tenaient pas au sol partout, des localités comme Bustanicu ou Gavignano - respectivement posées à 800 et 700 m d'altitude - ont vu les toits des maisons et les rues se recouvrir d'une petite épaisseur.

Au col de Vergio où l'on attendait environ 5 cm de neige, il est tombé au moins le double. Dans le Niolu, à l'aube, les bergers se sont retrouvés à devoir nourrir leurs animaux, les pieds dans 40 cm de poudreuse. Autour de Corte, tous les sommets avaient repris leur couleur hivernale. Les villages du Boziu et de la Casaluna n'ont, comme toujours, pas été épargnés et du côté de Vivario, le paysage avait des airs de carte postale... de Noël. Des records de froid ont également été battus, dont certains avaient plus de 30 ans.


Deux heures de paralysie


Mais c'est bien sûr au col de Vizzavona que la pagaille a été la plus importante. Dès 8 heures du matin, les services de la Collectivité de Corse voient rouge, prennent la décision de fermer la route et baissent les barrières au giratoire de Bocognano et au Chalet de Vivario. Au passage du col, un scénario se dessine, finalement assez habituel : malgré les recommandations, certains conducteurs ont essayé de s'engager sans équipements et ont fini bloqué en travers de la chaussée, empêchant le travail des engins. On dénombre une dizaine de véhicules abandonnés sur les bas-côtés, dont quelques poids lourds que le chasse-neige devra déplacer pour poursuivre sa tâche.

Côté nord du col, une trentaine de voitures patiente face à la barrière. Déjà là, le sol tient plus de la patinoire pleine de flaques que de la route départementale. Plus haut, il faut être conducteur expérimenté pour se faufiler entre les voitures arrêtées et les grosses branches cassées qui gisent sur le bitume. La circulation est restée bloquée pendant plus de deux heures.

Et l'alerte s'en est allée comme elle était venue. À Corte en fin de matinée - même si le mercure ne dépassait pas les 8 ºC -, le ciel avait retrouvé sa teinte azur. L'épisode d'hier est-il inédit ? L'on a facilement tendance à oublier les tempêtes et les soubresauts de la météo, un événement chassant des mémoires le précédent.

Du déjà-vu oui, mais en haute montagne

Pourtant, quand on se replonge dans les archives, sur les dix dernières années il s'avère qu'effectivement, on n'avait jamais vu ça. Du moins, pas à Vizzavona. Il y a un an jour pour jour, le 15 mai 2018 dans la Restonica, plusieurs centimètres de poudreuse avaient recouvert le paysage, au grand étonnement des touristes qui commencent déjà à affluer en cette période de l'année.

Cinq ans plus tôt, en 2013, des chutes avaient été enregistrées dans la même zone, le 25 mai. De l'avis de ceux qui fréquentent assidûment les lieux, sans être totalement exceptionnel, le phénomène n'en demeure pas moins inhabituel.
En revanche, jamais Vizzavona n'avait été bloqué au-delà du mois de mars.

En 2008, et au terme d'une semaine de perturbations, la route avait été fermée et une trentaine de lycéens d'Ajaccio s'étaient retrouvés coincés avec leur car pendant une partie de la soirée. Cette année, la circulation avait déjà été interrompue une fois, c'était le 26 mars.