Le directeur du quotidien, Luc Bronner, qualifie cette convocation de « préocupante ».

Ariane chemin
La journaliste du Monde, Ariane Chemin, qui a révélé et suivi l'affaire Benalla, est convoquée le 29 mai par la Direction générale de la sécurité intérieure française (DGSI). Elle avait dévoilé l'été dernier qu'un collaborateur du président français, Alexandre Benalla, en mission d'observation avec des policiers, avait commis des violences contre des manifestants lors d'une manifestation du 1er mai.

Benalla a été limogé et inculpé mais le scandale empoisonne depuis la présidence au fil des révélations : utilisation indue de passeports diplomatiques par Benalla, liens controversés avec un homme d'affaires russe, interrogations sur le rôle des collaborateurs présidentiels...

Une convocation « préoccupante » selon « Le Monde »

L'enquête de la DGSI « vise nos articles sur les affaires d'Alexandre Benalla, notamment nos informations sur le profil d'un sous-officier de l'armée de l'air, Chokri Wakrim, compagnon de l'ex-cheffe de la sécurité de Matignon, Marie-Elodie Poitout, écrit le directeur de la rédaction du Monde, Luc Bronner. Chokri Wakrim était lié par un contrat de protection rapprochée avec un homme d'affaires russe, qui a conduit à l'ouverture d'une enquête pour "corruption". »

« Nous maintenons évidemment nos informations et exprimons notre inquiétude sur cette convocation : l'intérêt public suppose de pouvoir enquêter sur les entourages et les liens entretenus par des collaborateurs de l'Elysée ou de Matignon, quels que soient leurs parcours antérieurs, s'inquiète le directeur. Cette convocation sous le statut d'une audition libre, est d'autant plus préoccupante qu'elle suit une procédure similaire, utilisée très récemment à l'encontre d'autres journalistes. »

Une atteinte à la liberté de la presse

Mi-mai, trois journalistes ayant enquêté sur l'exportation d'armes françaises utilisées au Yémen, les deux fondateurs du nouveau média en ligne Disclose et un journaliste de Radio France, ont été convoqués par les services secrets français​, et ont dénoncé une « tentative d'intimidation ».

Un quatrième journaliste, travaillant pour Disclose, a été convoqué par la DGSI le 28 mai comme témoin dans l'enquête pour « compromission du secret de la défense nationale », a annoncé Disclose mercredi. ONG et syndicats de journalistes ont condamné ces convocations, estimant que cela constituait une atteinte à la liberté de la presse.