Traduit par Résistance 71

Image
Imaginez être un régime politique luttant contre une marée de contestataires financés par l'étranger. Le monde entier vous regarde, une nation est déjà sous le coup d'une invasion étrangère pour "avoir fait la guerre à son propre peuple", votre pays a été prévenu qu'il est le prochain sur la liste et est sur la liste d'attente des changements de régime depuis plus de 20 ans et votre opposition se rassemble pour enterrer les manifestants morts durant un récent clash avec les forces de sécurité. Que faites-vous ?

Mettriez-vous des tireurs d'élite dans de nombreux bâtiments et feriez-vous ouvrir le feu à volonté sur la foule en deuil, assurant en cela un bain de sang public et une animosité internationale contre vous, ce qui provoquera une escalade à la fois des manifestations et de la pression internationale ? Le régime de Bashar Al-Assad n'a pas dirigé la Syrie depuis tout ce temps parce qu'il est stupide et insouciant. Si des régimes pouvaient rester au pouvoir il y a quelques décennies en régnant d'une main de fer, souvent aidés en cela par une complicité tacite de leurs partenaires occidentaux, les régimes politiques aujourd'hui comprennent la valeur d'une certaine finesse et responsabilité dans le nouvel-âge de l'impérialisme à face humanitaire.

L'article d'Al Jazeera "Neuf morts dans une procession mortuaire syrienne", une fois de plus ne se base que sur des "témoins oculaires", dont la plupart désirent rester "anonymes", afin de raconter la répression brutale du gouvernement syrien. Après les mensonges et exagérations avérés d'Al Jazeera durant leur couverture des manifestations égyptiennes, qui n'eurent d'égal que la malhonnêteté intellectuelle de la BBC, ces rapports doivent être pris avec un grain de sel. Quoi qu'il en soit, tout comme avec les récents massacres au Yémen et des processions mortuaires antérieures en Syrie, les manifestants ont toujours rapporté de mystérieux tireurs embusqués, présumés être des forces gouvernementales, placés sur les toits et tirant sans distinction sur les participants en deuil rassemblés. Le gouvernement maintient "qu'un groupe d'hommes armés inconnus, juchés sur les toits, ont tiré sur les manifestants et les forces de sécurité."

Al Jazeera a aussi inclus dans l'article un rapport d'un de leurs correspondants de terrain déclarant "[des gens marchant sur une passerelle] furent touché par une grêle de balles, beaucoup de gens ont été blessés devant nous, des véhicules ont fait demi-tour et je peux vous dire que cela fut une scène très chaotique; il apparait maintenant que la plupart des gens ici dans le sud du pays soient armés. Il n'est pas clairement établi qui tirait sur qui, ceci fait partie de la confusion ambiante... mais il y a de manière évidente un incident très violent qui se déroule ici dans le sud du pays." Bien que confus, ceci semble corroborer l'assertion du gouvernement syrien qu'ils ne sont pas les seuls avec des armes.

Un rapport récent de l'agence Reuters cita un "activiste des droits de l'Homme" en Syrie disant à propos de la violence: "Aujourd'hui nous aurons les funérailles, nous sommes inquiets à l'idée que durant ces funérailles, plus de sang ne coule, ce qui provoquera plus de manifestations et plus de morts. Ceci a un effet boule de neige et devient de plus en plus important, semaine après semaine. La colère gronde, la rue bouillonne." Pendant la prochaine manifestation, les chances de plus de morts sont plus élevées, des funérailles auront lieu, de mystérieux tireurs embusqués vont apparaître et tirer sur la foule en deuil et le cycle continuera à se répéter, avec l'espoir pour certains, que la colère et le moment créent les conditions pour contraindre le régime Al-Assad à démissionner ou que le temps d'une insurrection armée arrive avec l'aide d'une intervention étrangère comme cela vient de se réaliser en Côte d'Ivoire et en Libye.

Peut-être que ceci est une analyse par trop cynique, mais cela semble être une bizarre coïncidence que deux régimes, la Syrie et le Yémen, furent mis en position difficile et que tous deux fassent le mauvais calcul de déployer des tireurs d'élite pour tirer dans la foule, les agitant plus et invitant par là même plus de pression de la part des globalistes désirant les mettre hors jeu. Les histoires rapportées par les médias semblent également indiquer que ces "massacres" font plus de mal que de bien et ne servent pas du tout les intérêts du régime Al-Assad.

Le titre de l'article du Sydney Morning Herald est on ne peut plus clair: "Le bain de sang est une nouvelle menace pour Al-Assad". Il explique que la récente répression laisse le régime déconcerté. De plus, ceci provoqua une ferme critique d'Obama qui déclara: "au lieu d'écouter son peuple, le président Al-Assad accuse une intervention extérieure et cherche l'assistance de l'Iran pour réprimer les citoyens syriens par les mêmes tactiques brutales qui ont été utilisées par ses alliés iraniens." Ironiquement, l'évaluation d'Al-Assad que les mouvements de protestation sont financés par une aide extérieure est fondée et la répression iranienne fut également contre une subversion financée par l'étranger.

Bien sûr ceci n'est pas la première fois que de mystérieux hommes armés apparaissent dans des révolutions colorées financées par l'étranger afin de forcer un régime à quitter le pouvoir ou de provoquer plus de troubles sociaux. Il y a un exemple très instructif à ce sujet, où non seulement des preuves ont été apportées, mais aussi des confessions. Que cet exemple provienne aussi d'une révolution colorée financée de l'extérieur, apporte de l'eau au moulin de la crédibilité concernant le fait que ces mystérieux tireurs embusqués en Syrie et au Yémen, soient des provocateurs suivant un schéma d'action similaire, cherchant une escalade de la violence et des troubles sociaux jusqu'à ce que le changement de régime s'opère ou une intervention étrangère soit justifiée. En étudiant cet exemple, nous pouvons ainsi avoir un meilleur discernement quant aux rapports confus et non vérifiés en provenance d'un "printemps arabe" de plus en plus violent et ainsi pourrons-nous peut-être retirer cet outil pernicieux des mains des oligarques de la finance et de l'industrie.

Les flingueurs mystérieux révélés

Après avoir essayé pendant des jours de provoquer les forces de sécurité thaïlandaise à commettre une violente répression sur les chemises rouges supportrices du globaliste Thaksin Shinawatra, les leaders de la contestation ont littéralement appelé leurs manifestants à donner du sang pour badigeonner les bâtiments gouvernementaux de la capitale Bangkok. Ce fait macabre serait un avant-goût des plans des leaders de la contestation, plans qu'ignoraient les manifestants. Le 10 Avril 2010, après que l'armée thaïlandaise eut fermé le réseau de propagande de Thaksin Shinawatra, les chefs de la protestation amenèrent environ 200 personnes aux grilles de la base de la 1ere région militaire de Bangkok et essayèrent de pénétrer en force. Les chefs de terrain de la contestation savaient que vouloir entrer de force dans un complexe militaire augmente énormément les chances de voir employer contre les manifestants une force répressive létale. L'armée thaïlandaise néanmoins dispersa les manifestants avec des canons a eau et des balles de caoutchouc.

La décision fut prise cette nuit là de disperser les manifestants massés au monument de la démocratie à Bangkok. A la nuit tombée, les forces anti-émeute et les manifestants se retrouvèrent au contact juste avant que les troupes avancent en tirant des munitions à blanc en l'air. Une opération similaire une année auparavant fut menée par le même commandant des forces de l'ordre, le colonel Romklao, et les manifestants furent dispersés sans fatalités (les deux seules morts furent deux civils abattus par des manifestants). Cette fois-ci, avec l'intention d'un bain de sang, un groupe de mystérieux hommes armés intervint dans une combinaison d'attaques au fusil lance-grenades et de tireurs d'élite, qui tua le colonel Romklao et six autres soldats. Les troupes se replièrent immédiatement, choquées, alors que les manifestants étaient partagés entre la confusion et l'adulation. Les mystérieux hommes en armes se frayèrent un chemin dans la foule des manifestants, tirant sporadiquement sur les troupes, qui retournèrent le feu. 23 personnes au total furent tuées dans cette attaque.

Les manifestants n'étaient absolument pas au courant de ce qui se tramait, alors que les agents de sécurité au sein de la manifestation semble avoir reçu des ordres compartimentalisés pour maintenir les manifestants groupés avant l'attaque. Il est très peu probable que les agents de sécurité savaient que l'attaque allait survenir dans la mesure où bon nombre d'entre eux se précipitèrent pour aider et protéger les soldats abattus par les manifestants agressifs et alors que des échanges de coups de feu continuaient par endroit. Des membres du groupe militant étaient sûrement au sein des manifestants dirigeant leur feu vers le colonel Romklao et son unité de commandement, car des marqueurs laser furent vus sur les soldats juste avant l'ouverture du feu par les tireurs d'élite.

Il était très clair qu'un troisième lot de protagonistes très bien entrainés et préparés était impliqué; contrairement à ce qui se passe en Syrie et au Yémen où peu d'étrangers circulent et où peu de caméras vidéo semble envoyer des documents filmés, là, des vidéos amatrices et professionnelles à la fois domestiques et étrangères, enregistrèrent la mêlée de ce combat de rue. Les démentis initiaux des responsables de la manifestation devinrent bientôt des confessions de premier choix tandis que les vidéos de ces "hommes en noir" commencèrent à filtrer.

Le porte-parole international des manifestants, Sean Boonpracong, déclara à Reuters que des éléments de l'armée thaïlandaise étaient avec leur mouvement et ce incluant les mystérieux hommes en noir armés qui prirent part au bain de sang du 10 Avril. Il dit alors:

"Il y a des unités secrètes dans l'armée qui ne sont pas d'accord avec ce qui se passe. Sans eux, ces hommes en noir, il y aurait eu encore plus de morts et de blessés." Le chef suspecté de ces commandos armés, le général renégat Khattiya Sawasdipol, aussi connu sous le nom de "Si Daeng" (NdT: qui veut dire "rouge" en thaï), décrédibilisa plus avant les démentis initiaux en admettant qu'il commandait 300 hommes armés, entrainés pour le combat rapproché et équipés de lance-grenades M79. Il retira ce commentaire dans ses interviews suivantes.

A partir de 10 Avril, jusqu'aux actes de vandalisme qui ont marqués la fin des manifestations le 19 Mai, des batailles rangés a l'arme à feu de jour comme de nuit, des attaques a la grenade et des tirs de tireurs embusqués coûtèrent la vie à 91 personnes. Ceci incluant 9 militaires et policiers, une femme tuée par une grenade tirée par un M79 et au moins un manifestant qui décéda suite aux inhalations de gaz alors qu'il pillait un building mis en feu par ses collègues manifestants. Les 80 décès restant incluaient des journalistes, des passants, des personnels médicaux et para-médicaux et des manifestants pris dans les tirs croisés. Alors que les manifestants tentent jusqu'à ce jour de dresser un portrait de "91 manifestants massacrés", il est clair aujourd'hui que l'armée thaïlandaise était alors en lutte contre une branche armée qui œuvrait parmi les manifestants, ceci admis par les membres du leadership de la protestation eux-mêmes.

Pour expliquer pourquoi un tel bain de sang était nécessaire, Sean Boonpracong, admettant plus tard que les mystérieux hommes armés travaillaient pour son mouvement, donna une autre confession stupéfiante le 24 Avril dans une interview (NdT: a voir dans l'article original). Lorsqu'on lui demanda pourquoi les leaders de la protestation refusèrent une offre du gouvernement d'organiser de nouvelles élections dans les 9 mois à venir, il répondit qu'après les incidents du 10 Avril, ils pensaient que les mains du premier ministre Abhisit étaient tâchées de sang et qu'il serait mieux si le parlement thaïlandais était dissous. Il continua en déclarant que les demandes de la contestation avaient changé pour une dissolution immédiate du parlement et le départ immédiat du premier ministre Abhisit hors de Thaïlande.

Si ces demandes résonnent de manière familière, c'est parce que ce sont exactement les mêmes demandes faites par chaque révolution colorée alimentée et financée par les globalistes, à commencer avec les révolutions orange et rose en Europe de l'Est (NdT: Ukraine et Géorgie respectivement), le "printemps arabe" qui se déroule actuellement et bien sûr la révolution des chemises rouges en Thaïlande. Le gouvernement thaïlandais finalement refusa ces exigences et restaura l'ordre dans le pays.

Conclusion

Très clairement, à travers cet exemple et ses admissions éhontées, nous pouvons comprendre pourquoi de "mystérieux hommes armés" tombent toujours à pic dans une révolution colorée. Leur violence sert deux buts essentiels: créer suffisamment de chaos et d'effusion de sang pour forcer un gouvernement à démissionner, ou pour justifier une colère croissant parmi les manifestants qui ne se doutent de rien. En Syrie, nous voyons ces mystérieux hommes armés remplir ce rôle à merveille. En Thaïlande, les leaders des chemises rouges avaient averti souvent que si le gouvernement refusait de se plier a leurs demandes, une guérilla pourrait bien s'ensuivre. Comme nous l'avons vu en Libye et en Côte d'Ivoire, ceci est l'étape suivante logique, avec une intervention militaire étrangère pas loin derrière.

Les révolutions colorées sont comme des micro-nations par elles-mêmes. Elles ont leur propre leadership, base de support, idéologie et finances. De la même façon qu'un état-nation et son leadership exploitent ses soldats comme des pions pour assurer des gains personnels, il en va de même pour les révolutions colorées. De la même manière que les soldats sont mis en danger, il en va de même pour les manifestants. Suspecteraient-ils leur leadership de les faire tomber dans un piège pour des gains personnels ? Se pourrait-il que ces "activistes des droits de l'Homme", qui sont documentés être financés et dirigés par des intérêts étrangers en Syrie, mènent leurs ouailles piège après piège vers une augmentation de la violence afin de faire basculer Al-Assad du pouvoir ? Cela en a tout l'air. Comme les mystérieux hommes armés de Bangkok l'ont prouvé, ceci n'est pas unique en son genre.

Bien comprendre les composants de la révolution colorée utilisée par les globalistes rend le processus plus difficile à achever dans les populations locales ainsi que de faire passer la pilule dans les médias internationaux. Du moins, en en comprenant les rouages, nous nous assurons de ne pas nous laisser berner par cette tactique malfaisante.

Les véritables solutions ne surgissent pas des urnes, de la destruction de nos villes ou des affiches de protestation. Elles sont dérivées de l'éducation, de l'auto-suffisance et de solutions techniques et pragmatiques. Les gens doivent absolument résister à l'élan de se politiser et donc d'être divisé; et au lieu de cela focaliser sur la construction de leurs communautés locales sur les bases d'indépendance politique et économique. Ultimement, en faisant cela, nous pourrons prévenir ces spectacles grotesques auxquels nous assistons de nos jours de la Tunisie à la Thaïlande.