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L'idée du siècle ! Le ministère de l'agriculture américain (USDA) vient de lancer un vaste projet d'évaluation de l'impact environnemental des OGM. Si l'intention est louable, le concept est en soldes : les compagnies biotech elles-mêmes seront chargées de mener une partie de ces études...

Monsanto OGM évaluation environnementale

En août 2010, un juge avait estimé que si les doutes des défenseurs de l'environnement étaient avérés, "le préjudice environnemental [provoqué par les OGM] serait irréparable". De fait, il interdisait aux agriculteurs de cultiver les betteraves à sucre OGM de Monsanto et mettait en demeure le ministère de réaliser une étude d'impact environnemental digne de ce nom, comme la loi US l'y oblige, d'ailleurs. Mais, deux mois après, suite aux pressions de l'industrie biotech, le ministère s'asseyait allègrement sur la décision du juge, en acceptant de nouveau que les firmes sèment à tout vent leurs chimères.

Une décision à court terme qui sera certainement à nouveau cassée par la justice. Et qui fait mauvais genre. D'où le deuxième effet Kiss cool : L'administration zunienne vient de lancer un nouveau projet d'évaluation environnementale des cultures génétiquement modifiées. Enfin ! Sauf que... ce projet consiste à laisser Monsanto et consors réaliser leurs propres études environnementales, sur leurs propres produits. On n'arrête pas le progrès.

Privatisation

En complément, l'USDA chargera une organisation (privée si possible) de rédiger quelques rapports sur la question. Et zoup, emballez c'est pesé. Les experts du ministère n'auront plus qu'à apposer leurs tampons sur les dossiers (forcément) bien ficelés. En toute "indépendance", bien entendu...

Pour faire bref, l'USDA vient tout simplement de privatiser l'évaluation environnementale des OGM : la moitié des études sera réalisée par les producteurs themselves et l'autre moitié par on-ne-sait-qui. La boucle est bouclée : de l'autorisation préalable à la surveillance sanitaire, l'industrie sera quasiment le seul fournisseur de données des autorités.

Que du bonheur... pour l'industrie, et Karen Batra en premier lieu, responsable du principal lobby des compagnies biotechnologiques, qui résume parfaitement la situation : "ce programme pilote permettra non seulement d'accélérer les autorisations de cultures [OGM] mais aussi d'apporter des éléments juridiques" permettant à l'USDA et aux semenciers de se défendre en cas de litige.

L'USDA dans le rôle du chaland qui demande au poissonnier si son poisson est frais...

Lire aussi "OGM : des scientifiques américains s'insurgent contre l'obstruction des firmes semencières"

[Sources : gpo.gov, grist.org, treehugger.com, capitalpress.com]