Phtalates, bisphénols, parabènes, éthers de glycol, composés fluorés, retardateurs de flammes... Ces polluants du quotidien sont présents dans l'organisme de tous les Français, révèle Santé publique France dans le rapport Esteban* publié le mardi 3 septembre 2019. Pour la première fois, l'agence nationale a mesuré la présence de ces six principaux polluants auprès d'un échantillon composé de 1104 enfants et 2503 adultes. Elle a transmis un questionnaire à l'ensemble des participants sur leurs habitudes de vie, leurs consommations alimentaires et leurs caractéristiques (physique, ethnique...), puis a réalisé des prélèvements biologiques (urines, sérum et cheveux).
Bisphénols
- Les bisphénols A, S et F ont été détectés dans quasiment tout le sous-échantillon (900 adultes et 500 enfants).
- Les moyennes étaient de : 2,25 µg/g (bisphénol A), 0,44 µg/g (bisphénol S) et 0,26 µg/g (bisphénol F) pour les enfants ; 2,69 µg/g (bisphénol A), 0,53 µg/g (bisphénol S) et 0,31 µg/g (bisphénol F) pour les adultes
- L'imprégnation par les bisphénols était plus importante chez les enfants que chez les adultes. Cette différence de niveaux peut s'expliquer par la consommation d'aliments pré-emballés (et notamment de poisson pré-emballé) plus fréquente chez les enfants. Cette exposition plus importante pourrait également être liée par exemple à une exposition accrue aux poussières domestiques ou à un poids corporel plus faible par rapport à leurs apport alimentaires, comparativement aux adultes.
Bisphénol S : plus toxique que le bisphénol A ?
Biberon, bouteille d'eau, vaisselle en plastique, boîte de conserve... Le bisphénol S (BPS) remplace le bisphénol A depuis 2015 dans de nombreux contenants et emballages alimentaires. Une récente étude affirme pourtant qu'il serait tout aussi dangereux. Explications de Karine Audouze, chercheuse à l'Inserm.
Phtalates
- La plupart des phtalates quantifiés ont été retrouvés dans 80 à 99% du sous-échantillon (897 adultes et 500 enfants).
- Les enfants étaient les plus imprégnés, exceptés pour le MEP, un phtalate surtout présent dans les cosmétiques et les produits d'hygiène. Cette différence de niveaux d'imprégnation pourrait s'expliquer par des contacts cutanés et de type "main bouche" plus fréquents chez les enfants pour des produits du quotidien (jouets, peintures...).
- Chez les adultes, l'exposition aux phtalates dits "à chaînes courtes" (MnBP, MiBP, MBzP, MEP) était augmentée avec la présence de revêtements en vinyle dans le logement et le fait d'être un fumeur ou un ex-fumeur.
Éthers de glycol
- L'ensemble du sous-échantillon (500 adultes et 200 enfants) était exposé à au moins un des 8 éthers de glycol recherchés.
- Le PhAA et le MAA étaient les deux métabolites les plus quantifiés et pour lesquels les concentrations moyennes étaient les plus élevées.
- Cette présence d'éthers de glycol serait potentiellement liée à l'utilisation de produits cosmétiques de consommation courante et de produits ménagers.
Parabènes
- Seul le méthyl-parabène était présent chez plus de 90% des adultes et des enfants du sous-échantillon (600 adultes et 398 enfants). Très peu des autres parabènes ont été quantifiés.
- Les taux mesurés chez les enfants sont plus élevés que ceux quantifiés chez les adultes.
- L'imprégnation par les parabènes augmentait avec l'âge, la fréquence d'utilisation de crèmes ou de soins pour le corps et avec l'utilisation de cosmétiques ou de vernis à ongles.
Composés perfluorés
- 7 composés perfluorés ont été quantifiés à plus de 40% chez les adultes et 6 chez les enfants (sous échantillon composé de 744 adultes et de 249 enfants).
- Parmi les composés perfluorés, le PFOA et le PFOS ont été quantifiés à 100 % aussi bien chez les enfants que chez les adultes.
- Des différences de niveaux d'imprégnation ont été observées selon le sexe, l'âge, l'indice de masse corporelle, la consommation de poissons et des produits de la mer, de légumes, l'autoconsommation d'œufs et de lait, l'utilisation des produits ou matériaux pendant les travaux de loisirs ou de bricolage.
Retardateurs de flammes bromés
- Les retardateurs de flammes bromés ont été peu ou pas quantifiés dans le sous-échantillon (742 adultes et 243 enfants).
- Le BDE 153, le BDE 47, le BDE 100 ou le BDE 99 sont les substances les plus retrouvées dans l'organisme.
- Le temps passé en voiture est retrouvé comme un déterminant commun aux personnes présentant les plus forts taux de retardateurs de flammes bromés.
Sources d'exposition
Les résultats de cette étude montrent que les sources d'exposition diffèrent en fonction des substances. A retenir que :
- L'alimentation apparaît comme une source d'exposition majoritaire pour les bisphénols.
- L'utilisation de produits cosmétiques et de soins augmente les niveaux d'imprégnation des parabènes et des éthers de glycol.
- La fréquence de l'aération du logement a une influence sur les niveaux d'imprégnation des perfluorés et des retardateurs de flamme bromés : plus le logement est aéré, plus les niveaux d'imprégnation sont bas.
*Source : Polluants du quotidien : données inédites chez les enfants et les adultes / Rapport ESTEBAN mené par Santé publique France entre avril 2014 et mars 2016.
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