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Adil Hadi al Jazairi Bin Hamlili aurait été impliqué dans trois attentats survenus en 2002. La CIA est convaincue qu'il agissait en qualité d'informateur auprès des services secrets britanniques et canadiens.
Un agent d'Al-Qaida, soupçonné d'avoir perpétré en 2002 des attentats contre deux lieux de culte et un hôtel cinq étoiles au Pakistan, collaborait en même temps avec le MI6, les services secrets britanniques, révèle des dossiers secrets au sujet de détenus de la prison américaine de Guantanamo. Une information relayée par The Guardian.

Adil Hadi al Jazairi Bin Hamlili, un ressortissant algérien décrit comme "facilitateur, messager, ravisseur et assassin au service d'Al-Qaida", a été arrêté au Pakistan en 2003 et envoyé plus tard à Guantanamo.

Conviction de la CIA

Mais selon le dossier d'évaluation d'Hamlili obtenu parmi 759 autres dossiers par le Guardian, les enquêteurs américains étaient convaincus qu'il agissait simultanément en qualité d'informateur pour le compte des services secrets britanniques et canadiens. Après sa capture en juin 2003, Hamlili a été transféré au centre de détention de Bagram, au nord de Kaboul, où il a subi des interrogatoires d'agents de la CIA. Ceux-ci étaient convaincus qu'il "détenait des informations importantes en provenance des services secrets britanniques et canadiens tandis qu'il constituait une menace pour les Etats-Unis et leurs alliés en Afghanistan et au Pakistan".

Recruté pour ses connections

Selon ce câble, lors de son interrogatoire à Bagram, Hamlili aurait déclaré être employé par une entreprise d'exportation de tapis. Mais les agents de la CIA qui l'ont arrêté savaient que l'Algérien avait été un informateur du MI6 (service secret britannique) et des services secrets canadiens depuis plus de trois ans. Selon les renseignements américains, les deux agences auraient recruté Hamlili en décembre 2000 "pour ses connections avec les membres des divers groupuscules terroristes d'Al-Qaida qui opéraient en Afghanistan ou au Pakistan".

Triple attentat

Ce fichier ne révèle toutefois pas les informations qu'aurait transmises Hamlili aux services secrets. Mais les rapports dont ils disposent confirment bien l'implication de l'Algérien dans le triple attentat de 2002 au Pakistan. Khalid Cheikh Mohammed, l'architecte des attaques du 11 septembre 2001, a avoué lors d'un interrogatoire qu'Hamlili avait orchestré, en mars 2002, une attaque à la grenade contre une église protestante dans l'enclave diplomatique d'Islamabad qui avait provoqué la mort de cinq personnes, dont un diplomate américain et sa fille. Hamlili serait par ailleurs responsable de la mort de trois filles dans une église rurale de Punjabi en décembre 2002 pour laquelle il avait reçu 300.000 roupies (près de 2500 euros). Un rapport des services secrets américains ajoute que l'Algérien était probablement impliqué dans l'attaque de l'hôtel Sheraton de Karachi en mai 2002 qui avait tué onze ingénieurs français et deux pakistanais.

Condamnation d'Obama

Toutefois, les renseignements à propos des implications du ressortissant algérien de 35 ans qui a été mis à la disposition des autorités algériennes en janvier dernier, doivent être pris avec une certaine réserve, comme doivent l'être la plupart des chefs d'accusations des détenus de Guantanamo. Certaines d'entre eux ont été obtenues sous la contrainte de la torture.

L'administration Obama a condamné lundi la publication de ces documents obtenus, selon elle, illégalement par Wikileaks. Les fichiers de Guantanamo font partie d'une série de données secrètes du gouvernement américain transmis par l'analyste des renseignements US Bradley Manning à Wikileaks. Cependant, le New York Times, qui partage les documents avec le Guardian et la National Public Radio américaine, a de son côté affirmé que ces informations ne provenaient pas de Wikileaks.

Le Guardian et le New York Times ont publié une série de rapports basés sur des fuites qui contiennent des informations sur les motifs futiles qui ont conduit de nombreux détenus vers Guantanamo et dépeignent un système centré sur l'obtention de renseignements auprès des prisonniers. Les rapports constitués sur ces documents révèlent d'autres informations dont la façon Oussama Ben Laden a échappé aux forces spéciales américaines et britanniques lors de la bataille de Tora Bora en 2001. (LS)