La secousse, d'une intensité rare dans la région, a été ressentie jusqu'à Saint-Etienne, Lyon, et même dans le sud de la France, à Montpellier. Un « fort » séisme de magnitude 5,4 s'est produit, lundi 11 novembre, peu avant midi, près de Montélimar, dans la Drôme, a annoncé dans un communiqué le Bureau central sismologique français (BCSF) de Strasbourg.
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Il a été ressenti principalement dans la Drôme et l'Ardèche, notamment dans les environs de Montélimar où une personne a été grièvement blessée après la chute d'un échafaudage, selon la préfecture de la Drôme.

Trois autres personnes ont été légèrement blessées en Ardèche « suite à une crise de panique », a indiqué sur Twitter le préfet de ce département qui a demandé aux habitants du Teil de « rester pour le moment à l'extérieur des habitations ». Le maire de cette ville, limitrophe de Montélimar, a ouvert trois gymnases pour ses administrés, a ajouté le préfet.


« Ça a duré cinq secondes, tout a tremblé autour de moi, les meubles, les murs, comme si un avion s'était écrasé à 800 m ou une grosse explosion », a témoigné auprès de l'Agence France-Presse Kevin Cuer, qui habite un immeuble de Montélimar. Selon lui, « tout le monde est sorti dans la rue après la secousse, les gens ont eu très peur, on s'est dit "pourvu que ça s'arrête vite" ».

Arrêt des réacteurs de la centrale de Cruas

L'épicentre du séisme se trouvait à un peu plus d'une dizaine de kilomètres de la centrale nucléaire de Cruas (Ardèche) et à une trentaine de kilomètres du site du Tricastin (Drôme), qui regroupe notamment une centrale nucléaire et des usines d'Orano (ex-Areva) de traitement du combustible nucléaire.

Dans la soirée, EDF a décidé d'arrêter les trois réacteurs en marche de la centrale de Cruas - le réacteur n° 1 étant déjà à l'arrêt pour maintenance - « pour procéder à des contrôles complémentaires et préventifs ». « Les premiers contrôles n'ont pas mis en évidence de dégât apparent. Des vibrations ont cependant été enregistrées, ce qui nécessite de procéder à des contrôles complémentaires et préventifs », a expliqué le groupe dans un communiqué.
« Le seuil sismique vibratoire a déclenché une alarme sur un seul des cinq capteurs présents sur le site. Aucun dégât sur les bâtiments n'a été constaté, et les installations fonctionnent normalement », avait plus tôt assuré le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait elle aussi expliqué que le séisme n'avait provoqué « aucun dommage apparent » aux sites nucléaires, mais avait demandé à EDF de vérifier si les valeurs enregistrées dépassaient les seuils à partir desquels un examen plus poussé des installations, nécessitant l'arrêt des réacteurs, est nécessaire.

« L'ASN examinera les conditions dans lesquelles [les] réacteurs pourront redémarrer » à Cruas, a précisé l'autorité dans la soirée. Une porte-parole a ajouté que l'arrêt des réacteurs pourrait durer « quelques jours », en fonction des résultats de l'audit.

En revanche, la centrale nucléaire du Tricastin, la plus éloignée de l'épicentre du séisme, ne devra pas être arrêtée, aucun seuil d'alerte n'y ayant été mesuré, a ajouté l'ASN. Quant à l'usine Orano du Tricastin, « des centrifugeuses ont été arrêtées, mais pas pour des raisons de sûreté. Ce sont des arrêts qui se font automatiquement pour protéger le matériel », a souligné le directeur des centrales nucléaires à l'ASN, Rémy Catteau.

« Les installations nucléaires sont dimensionnées pour résister à des niveaux plus élevés » de mouvements, a assuré le responsable, notant qu'il faut prendre en considération l'accélération du sol ressentie sur place, et pas la magnitude mesurée au niveau de l'épicentre. Et EDF de renchérir :
« Le risque sismique a été pris en compte dès leur conception pour l'ensemble de nos centrales nucléaires, en fonction de l'historique des séismes observés dans les régions d'implantation de nos installations. »
Le Dauphiné libéré rappelle cependant que le tremblement de terre de ce lundi était « plus puissant que le séisme majoré de sécurité de magnitude 5,2 qui a été retenu par l'Autorité de sûreté nucléaire », pour lequel les centrales de Tricastin et Cruas ont été construites.

Un séisme d'une magnitude rare en France

Ressentie jusqu'à Saint-Etienne, Lyon, et même dans le sud de la France, la secousse a donné lieu à de nombreux appels des pompiers. Ceux du Vaucluse ont reçu « une cinquantaine d'appels principalement de communes situées au nord du département, notamment Bollène et Valréas », a affirmé un porte-parole.

Quelque 600 séismes se produisent en France tous les ans, mais seulement dix à quinze sont ressentis par la population. L'Alsace, le Midi-Pyrénées, le littoral méditerranéen et les Alpes sont les régions les plus fréquemment touchées.

Selon les données du Bureau central sismologique français, on n'avait pas constaté de séisme aussi fort que celui survenu lundi depuis 2003 en France continentale. Une secousse également mesurée à 5,4 sur l'échelle de Richter s'était alors produite dans les Vosges. En 2011, un séisme plus fort, de magnitude 5,5, avait été enregistré mais son épicentre se situait en mer, à 100 km au large d'Ajaccio.