pénurie Covid
© Julien Muguet pour « Le Monde »Dans un supermarché Monoprix, le 15 mars.
Des pénuries alimentaires sont-elles à redouter ?

Doit-on s'inquiéter pour les stocks de denrées alimentaires dans les semaines qui viennent ? La crise économique et sanitaire liée au coronavirus fait naître des craintes du côté de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. De l'aveu de son économiste en chef Maximo Torero, « le pire qui puisse arriver est que les gouvernements limitent les flux de nourriture ».

Bien que les récoltes aient été bonnes et que les perspectives pour les cultures de base soient prometteuses, Maximo Torero redoute que la pénurie de main d'œuvre provoquée par le coronavirus et une tendance croissante au protectionnisme (comprenant notamment des tarifs douaniers en hausse) du fait de la situation actuelle n'entravent l'approvisionnement de produits alimentaires pour les populations.

L'économiste de l'ONU considère ainsi que « toutes les mesures contre le libre-échange seront contre-productives. L'heure n'est pas aux restrictions ni à la mise en place de barrières commerciales. C'est le moment de protéger la circulation des denrées alimentaires dans le monde ».

La question des exportations

Face au problème de la pénurie de travailleurs, Maximo Torero préconise la mise en place de politiques pour que ces derniers puissent continuer leurs activités. Plus facile à dire qu'à faire. D'autant plus que « les grands pays n'ont pas encore mis en œuvre ce genre de politiques pour que la nourriture puisse continuer à circuler ».

Autre point de crispation, certains pays ont commencé à protéger leurs approvisionnements alimentaires en restreignant les exportations. De quoi faire courir le risque d'une diminution globale des échanges et, par conséquent, une baisse de la production alimentaire. Par ailleurs, toujours d'après l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, « les barrières commerciales créeront une volatilité extrême » et « aggraveront la situation ».

Mais cet appel à ne pas freiner le libre-échange dans la période de tourmente que nous traversons peut-il être légitimement entendu ? Si, pour Maximo Torero, l'heure est à « protéger la circulation des denrées alimentaires dans le monde », les gouvernements sont aujourd'hui confrontés aux besoins vitaux de leurs propres populations. Et une charité bien ordonnée... peut parfois faire oublier les liens d'interdépendance entre les États que la mondialisation a conforté depuis longtemps désormais. Gageons que le bon sens des différents acteurs économiques saura se passer des conseils de l'ONU...