ICU, coronavirus
© Getty / Calmettes/BSIP/Universal ImagesJean-Jacques Kujawa a été hospitalisé le 21 mars, après des difficultés respiratoires
Agé de 53 ans, résidant dans la banlieue nantaise, Jean-Jacques Kujawa a ressenti les premiers symptômes du coronavirus il y a une quinzaine de jours. Il a ensuite pris un dérivé de chloroquine. Récit d'une descente aux enfers.

La fin d'un "enfer", avec "cette sensation d'être la tête plongée dans une marmite bouillante qu'on remue". Jean-Jacques Kujawa, 53 ans, travaillant dans l'audiovisuel, doit sortir ce mardi 31 mars de l'Hôpital privé du Confluent, à Rezé, près de Nantes, où il a été hospitalisé il y a dix jours, atteint d'une forme sévère du Covid-19.

"Une énorme claque"

La voix aujourd'hui assurée, joviale, le quinquagénaire -"pas habitué à être malade"-, se souvient des premiers symptômes ressentis il y a une quinzaine de jours. D'abord une petite fièvre, autour de 38°C. "On a un petit peu mal aux épaules, et puis des fois dans le bas du dos. Mais rien de bien méchant."

"Comme une énorme claque", le premier "épisode musclé" de fièvre survient au bout du troisième ou quatrième jour, explique le Nantais, père de deux filles. "Vous êtes comme une serpillère. Le lit, c'est une piscine. Je ne savais plus où j'habitais. Il n'y avait plus rien qui se passait dans ma tête". Les douleurs se font cauchemardesques. Mais pas de toux, ou presque.

Les poussées de fièvre se succèdent. "Mais je comptais vraiment rester chez moi et gérer le truc au maximum, à coup de paracétamol", poursuit Jean-Jacques. Sauf qu'un soir, il n'arrive plus à respirer. "C'est comme si je n'arrivais pas à happer de l'air. J'ai essayé de faire cette espèce de respiration concentrée, ventrale, mais je n'y arrivais pas.
"J'avais l'impression que mon coeur s'emballait. Je me suis dit, 'attention là, Jean-Jacques, tu vas te faire un infarctus ou quoi ?'"
Il compose donc le 15. Le médecin qui vient l'examiner au milieu de la nuit, le 21 mars, constate un manque d'oxygène. Jean-Jacques est donc transporté en ambulance à l'hôpital, où il se voit poser des lunettes à oxygène, "deux petits tuyaux dans les narines".

Un traitement à l'hydroxychloroquine

Pour la fièvre, les soignants lui administrent du paracétamol. Mais sa température continue ses inquiétants mouvements de yoyo et, à chaque fois, la perspective de sentir revenir la fièvre le terrorise. "Je me disais que jamais j'en sortirai." Le médecin lui propose alors un traitement au Plaquenil (hydroxychloroquine, un dérivé de la chloroquine). "Sur le coup, j'ai presque pris ça comme une lueur d'espoir."

Dès le premier soir après la prise du médicament, Jean-Jacques constate que l'accès de fièvre est plus court. Le lendemain, sa température plafonne à "38,5 ou 38,7°C". Faut il y voir le signe que le traitement à la chloroquine fonctionne ou bien un effet placebo, alors que son corps commençait déjà à se remettre ? Jean-Jacques se garde bien d'apporter une réponse catégorique.

"Aujourd'hui, je peux respirer comme avant"

Aujourd'hui, il va mieux, même si le sevrage en oxygène a été difficile. "J'ai de bonnes constantes, je peux respirer convenablement sans aucun problème. Comme avant". La mémoire, constate-t-il, a même commencé à gommer ces moments douloureux. Et c'est tant mieux, sans doute. Pour évoquer la maladie, le quinquagénaire a cette image :
"C'est comme un tigre, en train d'attendre, derrière de grandes feuilles. Quand vous avez un moment de répit, il se jette sur vous. Et c'est la fièvre. Comme une grosse patte qui joue avec vous. Au bout d'un moment vous n'espérez plus, vous subissez."