La bande dessinée La chute est sortie il y a quelques jours et fait déjà sensation. Il faut dire que cet ouvrage réalisé par le Bernois Jared Muralt a pour cadre une Suisse sinistrée, contaminée par un virus grippal.
BD La Chute
© Jared Muralt
Jared Muralt plonge le lecteur dans sa ville, Berne, une cité en proie à la violence et à la désorganisation. Depuis plusieurs semaines déjà, un virus a contaminé une large partie de la population qui vit en quarantaine forcée.

Les protagonistes de la BD, un père et ses deux enfants, essaient de survivre au basculement progressif de la ville dans le chaos. Après avoir perdu son travail puis sa femme, une infirmière fauchée par la fameuse grippe, le père a sombré dans la déprime et l'alcool et il s'éloigne de ses enfants recueillis par les grands-parents. Dehors, la ville est vide, chaque carrefour contrôlé par l'armée, les supermarchés ont été dévastés et la population se bat pour obtenir de la subsistance lors de rares distributions organisées par les autorités.

BD La Chute
© Jared Muralt


Un dessin très réaliste


Si le premier épisode de La chute sort actuellement chez Futuropolis, un deuxième volume a déjà été publié en allemand et aussi en anglais par l'auteur qui a créé sa propre maison d'édition, Tintenkilbi. En tout, six volumes vont paraître ces prochaines années. Et pourquoi le choix du sujet de la pandémie ? L'auteur s'en explique à la RTS :
« Pour montrer que la société dans laquelle nous vivons ne relève pas d'une évidence. On a parfois trop souvent ce sentiment. C'est une construction fragile. Et je voulais explorer ce qui pouvait se passer quand le manteau protecteur qu'est la civilisation disparaît. »
Le scénario développé dans La chute est assez effrayant, toute ressemblance avec des faits réels est fortuite. La thématique de l'apocalypse est dans l'air depuis des années. Les films dystopiques sont nombreux et les bandes dessinées aussi. Ce qui frappe dans La chute, c'est bien sûr la coïncidence entre la réalité et la fiction, même si heureusement la situation actuelle reste bien différente de celle évoquée dans cette BD remarquable sur le plan du dessin notamment. Jared Muralt explique :
« Dans ma bande dessinée, la société se dissout. Des gens meurent par milliers, beaucoup plus que dans notre cas précis. Et de ce fait, la Suisse sombre dans le chaos. Après cette apocalypse, les gens se regroupent à nouveau, créent de nouveaux liens sociaux, un peu comme à l'époque de la chute de l'Empire romain, avec l'apparition de nouveaux états. »
Propos recueillis par Michel Masserey