Comme un double coup d'arrêt à une ascension fulgurante. Zoom, l'application de visioconférence populaire du moment, s'est attiré en un mois à peine autant de nouveaux utilisateurs que de questions autour de son fonctionnement. Son utilisation a explosé en quelques semaines avec la généralisation du télétravail causée par la pandémie de Covid-19.
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© AFP/Olivier DoulieryL’application de visioconférence Zoom est dans le viseur de la justice américaine qui lui a trouvé plusieurs vulnérabilités (illustration).
En Europe, le nombre de téléchargements a par exemple quadruplé avec 6,5 millions d'utilisateurs fin mars, selon Sensor Tower, organisme qui mesure la popularité des applications. Pratique pour organiser des réunions virtuelles, Zoom est victime de son soudain succès car elle a aussi aimanté le pire d'Internet.

Des intrusions de néonazis

Sur les réseaux sociaux, via le hashtag #zoombombed, des utilisateurs américains ont témoigné avoir tout d'un coup vu des images pornographiques ou racistes et des symboles nazis envahir leur écran.

Des esprits mal intentionnés ont utilisé la fonction de partage d'écran et l'absence de protection par défaut des réunions pour diffuser des contenus illicites dans des visioconférences professionnelles ou lors de cours de lycéens prodigués en ligne.

Des intrusions dans un espace virtuel, censé être protégé, qui ont poussé la procureure générale de l'Etat de New York, Letitia James, à envoyer une sévère mise en garde à la société californienne.

« Nous avons envoyé une lettre à Zoom avec une série de questions pour nous assurer que la société prend les mesures appropriées pour garantir la vie privée et la sécurité des utilisateurs », a indiqué un porte-parole du parquet de l'État de New York.

Des données partagées avec Facebook

L'entreprise fondée en 2011, dont le cours de l'action a doublé à la Bourse de New York, a assuré « prendre la vie privée, la sécurité et la confiance de ses utilisateurs très au sérieux ».

Sur l'autre côte des Etats-Unis, une « class action » ou action de groupe a été initiée depuis lundi par un utilisateur. Il reproche à l'application Zoom, dans sa version pour iPhone, de ne pas respecter la nouvelle loi californienne sur la protection des données et le consentement à les partager avec... Facebook.

L'application transmettait jusqu'à récemment sans autorisation, la ville, le modèle de smartphone utilisé et même le réseau mobile de l'utilisateur. Des informations précieuses pour lui envoyer des publicités ciblées. Zoom a corrigé le tir en proposant une mise à jour qui effaçait ce défaut, mais elle n'est pas obligatoire pour continuer à joindre des réunions virtuelles.