Article paru dans Le Canard enchaîné du mercredi 1er avril.
Le Canard enchainé
LA DÉCISION du gouvernement de réserver l'usage de la chloroquine à la phase la plus aiguë de la maladie a suscité l'incompréhension de nombreux pontes de la médecine - qui se montrent pourtant très dubitatif à propos du médicament fétiche du professeur Raoult.

En découvrant cette mesure - qui reprenait scrupuleusement les préconisations du Haut Conseil de la santé publique - , les membres des Académies de médecine et de pharmacie sont tombés de l'armoire. Dans un avis publié le 25 mars, ces experts considéraient que la prescription de l'hydroxychloroquine « pour les malades hospitalisés en détresse respiratoire ne saurait être une réponse adaptée pour des patients dont la charge virale est, à ce stade, le plus souvent inexistante ».
Conseils d'administration

Il s'agit même de « la décision la plus bête du monde ! s'exclame le professeur Willy Rozenbaum, spécialiste du sida. À supposer que ce produit ait une activité antivirale, il faudrait l'administrer le plus tôt possible, comme tous les médicaments de cette catégorie ». Et de rappeler que pour les antiviraux utilisés contre la grippe, « le délai est de 48 heures ; après cela ne sert plus a rien ». Joint par « Le Canard », le président du Haut Conseil de la santé publique, le professeur Franck Chauvin, reconnaît qu'une option aussi tardive de chloroquine n'a aucune utilité médicale. Et il ajoute que « c'est la pression des soignants et des médecins » qui a guidé ce choix, car « il n'était pas possible de les laisser sans rien dans la phase aiguë de la maladie ». Voilà qui a le mérite d'être clair...