La baisse de remboursement des médicaments à vignette bleue entre en vigueur aujourd'hui. Une nouvelle mesure d'économie qui va peser lourd sur le budget des malades.

C'est devenu une mauvaise habitude : régulièrement, le gouvernement décide de nouveaux déremboursements. Ainsi, depuis aujourd'hui, le taux de remboursement des médicaments à vignette bleue - ceux dont l'intérêt thérapeutique est jugé « modéré » par la Haute Autorité de santé (HAS) - passe de 35 % à 30 %, en application d'une mesure annoncée il y a plusieurs mois dans le cadre du budget 2011 de la Sécurité sociale. Plus d'un millier de médicaments (1 219, pour être exact) sont concernés, comme le Spasfon (antispasmodique), le Smecta (pansement digestif) ou encore la Biseptine (antiseptique). Dans l'ensemble, ils sont principalement destinés au traitement d'affections sans gravité, mais certains sont très utilisés comme l'anti-inflammatoire Advil (ibuprofène) ou l'antihistaminique Zyrtec (cetirizine), ainsi que leurs génériques.

Une baisse du taux de remboursement des dispositifs médicaux, de 65 % à 60 %, doit également entrer en vigueur aujourd'hui. Il s'agit des instruments, appareils ou équipements qui ne sont pas des médicaments, comme les pansements, les cathéters, les attelles ou encore les valves cardiaques. En septembre dernier, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, avait estimé que ces dispositifs médicaux représentaient « un secteur de consommation qui enregistre chaque année une dynamique de dépenses très élevées ».

Faire des « économies »

Sans surprise, ces nouveaux déremboursements n'ont qu'un seul et unique objectif : faire des économies. Selon les prévisions du gouvernement, la diminution de 5 % du taux de remboursement de ces médicaments ferait économiser 95 millions d'euros à la Caisse d'assurance maladie. Et la baisse de la prise en charge des dispositifs médicaux devrait entraîner une économie de 100 millions d'euros pour la Sécu. Cette spirale de pseudo-économies ne date pas d'hier. « Pour que notre système de santé demeure solidaire, il faut prendre nos responsabilités », déclarait ainsi Nicolas Sarkozy en septembre 2008. Un discours qu'on avait déjà entendu en 2007, lorsque le principe des franchises médicales était présenté : parce que l'assurance maladie ne pouvait plus se permettre des déficits budgétaires, les Français devaient se « responsabiliser », et en particulier les malades, accusés de coûter « trop cher ».

Malgré ce plan, la branche maladie de la Sécurité sociale restera néanmoins lourdement déficitaire à - 11,6 milliards d'euros en 2011. Une rustine qui parviendra peut-être à contenir le déficit mais ne le réduira pas. D'autant que ces 1 219 médicaments représentent près du quart des volumes prescrits par les médecins, mais moins de 8 % des remboursements, car ils sont relativement bon marché par rapport aux produits mieux remboursés.

En revanche, ces nouvelles mesures d'économie vont peser lourd sur le budget des malades. Une fois de plus, les assurés vont devoir mettre la main à la poche. Selon la Mutualité française, cette décision va reporter sur les ménages et les complémentaires santé environ 110 millions d'euros. Car la prise en charge des vignettes bleues par les complémentaires va mécaniquement passer de 65 % à 70 %. Mais pour les patients qui n'ont pas de couverture complémentaire, ils devront payer plus cher ces médicaments.