Deux informations importantes ont été diffusées la semaine dernière :

1. L'estimation du nombre de patients infectés avec symptômes par le Covid19 selon le syndicat MG France, estimés à 1.67 millions de patients. 2. L'estimation du nombre de patients sujets immunisés à partir des données de l'Est de la France et de l'Oise qui selon le Professeur Delfraissy sont de l'ordre de 10 à 15% de la population. Cette information a été tronquée dans de nombreux médias à commencer par la chaîne d'Etat France 2 qui, comme l'écrit Acrimed, s'est trompée ouvertement dans la diffusion à l'antenne des statistiques.
lapix

Acrimed écrit :
"Tout d'abord, un enfant sait que si 1,5 millions de français représentent 9% de la population, c'est qu'il y a environ 15 millions de français... Les règles mathématiques basiques échappent-elles à Anne-Sophie Lapix et aux journalistes du 20h, au point de laisser passer une telle information et de l'écrire en grosses lettres ? La question mérite d'être posée. Quoi qu'il en soit, cette erreur grossière nous donne une idée du sérieux avec lequel les informations peuvent être vérifiées et recoupées dans la rédaction..."
La confusion entretenue par un certain nombre de médias a l'art de masquer involontairement une information capitale. En effet si 1.5 millions par extrapolation (1.67 exactement selon le communiqué de presse du syndicat de médecins généralistes MG France ayant réalisé cette enquête du 17.03.20 au 3.04.20) ont eu des symptômes du Covid 19, cela veut dire qu'au 3 avril le taux de mortalité du coronavirus est largement inférieur à 1% en France. En effet le recueil des décès en France au 3.04.20 à minuit, selon les autorités, était de 6507 (voir tableau ci-dessous).

données covid
© Worldometers.Données épidémiologiques au 3.04.20 à minuit.
Ce qui nous donne un taux de mortalité de 6507 décès / 1.67 millions de cas soit un taux de 0.39%. Ce taux avec ces statistiques est celui de la grippe selon Santé Publique France (il varie de 0.2% à 0.5%). Mais les choses sont en fait plus compliquées car les cas détectés par le réseau de médecin généraliste sont symptomatiques. Or, selon un article du British Medical Journal, s'appuyant sur les données chinoises, 80% des patients sont asymptomatiques au rhume du Coronavirus (rhume dont certaines formes sévères peuvent entraîner des infections pulmonaires chez les personnes fragiles). Les "patients" ou plutôt les sujets asymptomatiques, eux, n'ont donc jamais consulté de médecins puisqu'ils n'avaient aucun symptôme.

Voici l'article du BMJ : En voici notre traduction : Qu'est-ce que cela veut dire ?

Cela veut dire que si l'on s'en tient à l'estimation du syndicat MG France : 1.67 millions de personnes sont symptomatiques mais qu'ils ne représenteraient que 20% des personnes ayant contracté le virus selon les données chinoises reprises par le BMJ. Il y aurait donc à ces 20%, 80% de personnes asymptomatiques à prendre en compte. Il fait donc multiplier le chiffre de 1.67 par 5 pour obtenir le nombre de Français ayant contracté le coronavirus selon cette estimation.

A savoir : 1.67 millions X 5 = 8.35 millions (dont 1.67 symptomatiques correspondant aux 20% et 6.68 asymptomatiques correspondant aux 80%). Dans ce cas, le taux de mortalité du Covid 19 ne serait pas de 0.39% mais de 6507 cas (au 3.04.20 minuit) / 8.35 millions soit 0.07% au 3.04.20. Un taux bien inférieur à celui de la grippe.

Maintenant si nous prenons les données issues des tests effectués dans l'Est de la France et dans l'Oise. Elles ont été délivrées un jour avant les résultats de l'enquête du syndicat MG France, soit le 8 avril 2020. Jean-François Delfraissy, le Président du conseil scientifique, a annoncé que le taux d'immunité de la population française face au coronavirus est « plus faible que prévu » :
Les premières données montrent un taux d'immunité de la population française au coronavirus plus faible que prévu, peut-être autour de 10 à 15 %, a déclaré ce mercredi le président du conseil scientifique Jean-François Delfraissy.

On appelle ça l'immunité populationnelle : nous avons des éléments de début de réponse puisque nous avons commencé à tester dans l'Est, dans l'Oise, a-t-il souligné sur franceinfo. Les premières données que nous avons montrent que l'immunité populationnelle, ce pourcentage de personnes qui ont été en contact avec le virus est plus faible que nous l'avions imaginé, de l'ordre peut-être de 10 à 15 %, a-t-il ajouté."
Lire aussi dans La Voix du nord :
    • Coronavirus: seuls «10 à 15%» de Français seraient immunisés
    Selon le JDD : Si ces premiers chiffres se vérifiaient, cela signifierait qu'entre 6,7 et 10 millions de Français ont contracté le virus et sont donc à priori immunisés, y compris ceux n'ayant développé aucun smptôme". (JDD 8.04.20 Covid-19 : voici ce qu'est l'immunité de groupe et pourquoi elle est importante pour le déconfinement)
    • Interview du Professeur Delfraissy sur France info
    Cela laisse entendre, qu'appliquer à l'ensemble de la population on aurait entre 10 et 15% de Français qui auraient contracté la maladie le virus ; soit pour une population de 67 millions d'habitants un nombre de Français ayant contracté le coronavirus (asymptomatiques et symptomatiques réunis) de 6.7 millions à 10 millions de Français. Nous retrouvons ainsi une fourchette large englobant les données estimées à partir du syndicat MG France (8.35 millions en intégrant les asymptomatiques potentiels). Au 8 avril minuit, (si on estime que ces données ont été recueillies jusqu'au 8 avril) le nombre de décès en France était de 10869 selon worldometers (reprenant les données émises par les autorités françaises). worldometers© worldometersDonnées épidémiologiques pour le Covid 19 au 8.04.20 minuit (9.04.20 00h00 GMT)Soit un taux de mortalité pour la valeur haute de la la fourchette (15%) de 10869 / 10 millions = 0.1% et pour la valeur basse de la fourchette (10%) de 10869 / 6.7 millions = 0.16%. Pour des taux de mortalité inférieurs à ceux de la grippe, situés entre 0.2% et 0.5% (selon Santé Publique France), le confinement n'a aucun sens et ne fait que prolonger la phase infectieuse selon de nombreux experts. Comme évoqués par des experts immunologiste et épidémiologiste dans le British Medical Journal dans la conclusion de l'article : Il ne fait aucun doute que le covid-19 pourrait être beaucoup plus largement diffusé que certains ne le croient. Le confinement va nous mettre tous en faillite, nous et nos descendants, et il est peu probable à ce stade de ralentir ou d'arrêter la circulation du virus, car le génie est sorti de la bouteille....La situation actuelle se résume à ceci : l'effondrement économique est-il un prix à payer pour arrêter ou retarder ce qui est déjà parmi nous ? Et nous rajouterons de surcroît que ce Covid 19 semble avoir un taux de mortalité similaire voire inférieur à celui de la grippe. Le confinement ne fait donc que prolonger la phase infectieuse à notre avis. Il se pourrait que ce soit entre 6 et 10 millions de Français (voire plus) qui aient été touchés par le Covid19 (asymptomatiques et symptomatiques) soit bien plus de 9% probablement 15% de la population française (pour la valeur haute de la fourchette : 10 millions). Les chiffres ont été inversés sur l'image probablement. MAJ 17h30 : Il faudra sans doute corriger les statistiques avec les données de mortalité hors hôpitaux mais il reste peu probable que le taux s'en trouve profondément affecté compte tenu du fort pourcentage d'asymptomatiques présumés pour le Covid 19. MAJ 23h50 : Si on considère qu'il y a une marge d'erreur de 10% dans les estimations, cela ne change guère les résultats et si on considère que les chiffres réels du nombre de décès (EHPAD, hôpital, ...) sont 2 fois plus importants que ceux mesurés, cela ferait un taux de mortalité (en fait de létalité) variant entre 0.14% et 0.32% au 8 avril 2020 au lieu de 0.07 à 0.16% (voire nos estimations ci-dessus) c'est à dire encore ici similaire à la grippe. Le taux de mortalité (plus exactement de létalité : le nombre de morts par rapport à la population infectée) de la grippe étant selon Santé Publique France de 0.2 à 0.5%. On se situe ici néanmoins dans un scénario très pessimiste et relativement peu probable. Il semble de plus en plus évident que le confinement a été mis en place pour gérer la coronapanique suscité par l'emballement médiatique qui a fait affluer les patients en grand nombre dans les services hospitaliers au point d'en déborder les capacités d'accueil et de faire craquer le système en certains endroits par manque de lits d'hospitalisation en soins intensifs et en réanimation.