Mickaël et Samira Coviaux
© LP/Arnaud JournoisMickaël et Samira Coviaux ont appris par une autre mère dont la petite fille a été tuée lors de l’attentat de Nice que les organes de leur fils avaient été prélevés.
Après l'attentat de Nice, des autopsies ont été pratiquées sur les corps des victimes mais certaines dépouilles ont été restituées incomplètes aux familles. Effondrées, scandalisées, elles réclament les organes de leurs enfants. Un couple a décidé d'assigner l'Etat en justice pour faute lourde.

Depuis quelques jours, un nouveau drame secoue les proches des victimes de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice. Plusieurs parents ont découvert que le corps de leurs enfants leur avait été restitué sans les organes, selon une information de la radio France Maghreb. Des cœurs, poumons, foies, reins, et cerveaux sont toujours conservés à l'institut médico-légal du CHU Pasteur de Nice. "Ils ont profané son corps", s'indignent dans les colonnes du Parisien les parents de Yanis, 4 ans, victime de l'attaque sur la promenade des Anglais.

"On m'a rendu un corps vide"

C'est la maman d'une petite fille, morte ce même soir, qui les a prévenus après avoir consulté le dossier d'instruction. Dans ces pages, elle a appris que des prélèvements d'organes avaient été effectués sur sa fille. Elle savait qu'une autopsie avait été pratiquée "mais jamais je n'aurais imaginé qu'on m'avait rendu un corps vide", confie-t-elle au Figaro.

Après vérification, les parents de Yanis ont découvert que la dépouille de leur enfant avait subi le même sort. Quand son corps leur a été restitué, il était "recousu de partout, comme une poupée de chiffon", se souvient son père Michaël Coviaux interrogé par France Bleu Azur.
"Quand je l'ai vu j'ai failli tomber par terre. Personne ne nous a donné de réponse quand on a demandé pourquoi il était dans cet état", résume-t-il.
Déterminer les causes de la mort

Face à ces interrogations, le procureur de la République de Nice explique que des organes ont été prélevés afin de déterminer exactement les causes de la mort.

Parmi les 86 victimes de Mohamed Lahouej-Bouhlel, le décès de certaines personnes n'a pas été déclaré immédiatement sur les lieux de l'attentat mais plus tard, à l'hôpital. Pour les enfants morts, le principe retenu était de ne pas ordonner d'autopsie, "sauf quand le décès n'avait pas été constaté sur la promenade des Anglais" afin de déterminer si des soins médicaux mal prodigués pouvaient être à l'origine du décès, et non pas la seule action du camion, se défend auprès du Figaro le parquet de Nice.

L'Etat assigné pour faute lourde

A ce jour, les parents de Yanis ont déjà remporté une première bataille: leur avocat, Me Yassine Bouzrou, a demandé et obtenu la restitution des organes de l'enfant par l'hôpital de Nice. Ils doivent désormais être replacés dans sa tombe. Mais la famille reste scandalisée par cet événement qui les replonge dans la souffrance. Michaël et Samira Coviaux ont donc décidé d'assigner l'Etat en justice pour faute lourde, a fait savoir ce jeudi leur avocat.
"La décision d'autopsie elle-même était déplacée et inutile. Il n'y a aucun débat médical sur les causes de la mort de cet enfant qu'une centaine de témoins ont vu se faire écraser ce soir-là", affirme-t-il au Parisien.
Un nouvel épisode judiciaire s'ouvre pour ces parents qui avaient déjà porté plainte contre l'Etat en 2017 concernant des failles dans le dispositif de sécurité mis en place le soir du 14 juillet 2016.