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Bachar Al-Assad est pour l'instant épargné par les sanctions européennes à l'égard du régime syrien.AFP/-
"Les sanctions décidées (par l'Union européenne) sont un premier pas" : le chef de la diplomatie allemande n'exclut pas un renforcement des sanctions contre la Syrie si la répression continue. Cette déclaration intervient au lendemain de sanctions formellement adoptées par Bruxelles à l'encontre de Damas. Ces mesures qui entrent en vigueur dès mardi visent treize responsables syriens, identifiés comme étant particulièrement impliqués dans la répression violente des manifestations, et prévoient un gel de leurs avoirs et l'interdiction d'accès aux pays de l'UE. Un embargo sur les armes a également été décidé.

Le président Bachar Al-Assad échappe dans l'immédiat aux sanctions en raison de divergences au sein de l'Union, mais son entourage et les principaux acteurs de la répression figurent sur la liste des personnalités sanctionnées. En tête, le frère cadet du président, présenté comme "le principal maître d'œuvre de la répression contre les manifestants". Il précède sur la liste le chef des renseignements généraux et le nouveau ministre de l'intérieur. Les plus hauts responsables de l'appareil répressif syrien sont également en bonne place, comme les chefs de la sécurité politique, du renseignement militaire et du renseignement militaire de l'armée de l'air.

LES MANIFESTATIONS CONTINUENT

Depuis bientôt deux mois, des manifestations quasi quotidiennes sont organisées contre le régime du président Bachar Al-Assad, donnant lieu à une répression sanglante. Selon des organisations de défense des droits de l'homme, 600 à 700 personnes ont été tuées et au moins 8 000 personnes interpellées depuis le début du mouvement de contestation.

A Baniyas, des centaines de femmes sont descendues dans la rue lundi soir pour réclamer la libération de leurs proches arrêtés ces derniers jours. Bravant les agents de sécurité et l'armée, elles ont foncé sur des postes de contrôle dressés dans les quartiers sud de la ville, où samedi six personnes avaient péri. Des chars qui s'étaient déployés dimanche sur la corniche et dans les quartiers sud s'y trouvaient toujours. L'eau, l'électricité et les communications restaient coupées, selon l'Observatoire des droits de l'hommme syrien, installé à Londres.

Selon l'Observatoire, "des milliers d'hommes ont été conduits par les forces armées et de sécurité dans le stade municipal pour interrogatoire. Ils y sont frappés, alors que plus de 400 personnes sont toujours détenues par les autorités sécuritaires". Parmi eux, les chefs de file de la contestation, dont le cheikh Anas Al-Ayrout, considéré comme le leader du mouvement. Pendant ce temps, les perquisitions dans les maisons se poursuivaient lundi, selon l'Observatoire.

Dans la capitale aussi, les Syriens ont manifesté. Ils étaient environ 200 à Damas lundi soir à demander la levée du siège des villes, avant d'être dispersés par les forces de l'ordre. Plusieurs d'entre eux ont été arrêtés, dont l'écrivain et journaliste Ammar Daioub et le médecin Jalal Nofal, selon l'Observatoire des droits de l'homme syrien. A l'ouest de Damas, Mouadamiya était "encerclée par les forces armées et de sécurité", selon un militant des droits de l'homme. Il a précisé que des tirs avaient été entendus lundi matin.

A Homs, troisième ville de Syrie, située dans le centre du pays, "trois fortes explosions ont retenti vers minuit dans le quartier de Baba Amr", selon un militant. La ville est investiée par l'armée et trois personnes y ont été tuées dimanche, dont un enfant de 12 ans, d'après cette source.

MISSION HUMANITAIRE DE L'ONU BLOQUÉE

Lundi, des responsables des Nations unies ont indiqué qu'une mission humanitaire d'évaluation de l'organisation avait été empêchée de se rendre à Deraa dimanche. Trois cents personnes auraient péri sous les balles de l'armée dans cette ville, selon un les responsables de l'ONU. Lors d'une conversation téléphonique avec le secrétaire général Ban Ki-moon, la semaine dernière, le président Bachar Al-Assad avait pourtant indiqué qu'il étudierait la possibilité d'autoriser la venue d'une mission de l'ONU dans la ville. "Nous essayons de clarifier pourquoi l'accès leur a été refusé. Nous essayons d'avoir un accès à d'autres endroits en Syrie", a assuré un porte-parole de l'ONU.

Dans un entretien au New York Times, une conseillère de M. Assad, Bouthaina Chaabane, a assuré que le gros de la révolte est passé et que "le moment le plus dangereux est derrière nous". Un discours qui ne trompe pas les manifestants qui appellent à des rassemblements "tous les jours" et à un "mardi de solidarité avec les détenus de conscience dans les prisons du régime syrien criminel".