Ce phénomène, qui a pour particularité de se renforcer de manière exponentielle, rappelle, dans une moindre proportion, les terribles épisodes d'octobre 1987 ou décembre 1999.

Alex
En début d’après-midi jeudi, la dépression Alex entre en contact avec la Bretagne et est sur le point de devenir une tempête explosive. Météo France
La tempête Alex va frapper l'ouest du pays dans les prochaines heures. Comme à chaque dépression, plusieurs départements ont été mis en alerte en raison du vent, de la pluie et des inondations qu'elle pourrait générer. Mais Alex n'est pas une tempête comme les autres, insistent les météorologues, qui qualifient de « bombe météorologique » ce type de phénomène : elle est exceptionnelle et dangereuse. Explications.

Qu'est-ce qu'une « bombe météorologique » ?

Si les éléments se déchaînent dans une tempête, son moteur est lui invisible et silencieux : la chute de pression en son sein. Plus la pression est basse, plus l'air chaud et humide va s'élever et générer un système orageux puissant. Si Météo France craint tellement Alex, c'est parce qu'elle va s'accompagner d'un « creusement explosif », c'est-à-dire que la pression va dégringoler brutalement, et beaucoup, en son sein.

Alors qu'en début d'après-midi ce jeudi, en Bretagne, cette pression restait d'environ 1000 hectopascals, elle est attendue la nuit prochaine, au plus fort de la tempête, entre 965 et 970 hectopascals, soit un écart d'une trentaine d'unités. Pourquoi ? « Le centre de la dépression se trouve dans une position où l'air va remonter vite, en lien avec un courant d'altitude », explique François Jobard, prévisionniste à Météo France.

Selon lui, « cette chute de 30 hectopascals en moins de douze heures est remarquable. » Il est question de « bombe météorologique » quand la pression diminue d'au moins 24 hectopascals en 24 heures. Avec Alex, le changement va être plus important et beaucoup plus rapide, rendant cette bombe météo d'autant plus dangereuse.

Pourquoi ce phénomène est très dangereux ?

Plus la pression au coeur d'une tempête diminue rapidement, plus les vents qui l'accompagnent sont violents. Météo France attend en tout cas des rafales à au moins 100 km/h à 120 km/h dans les terres, 120 km/h à 140 km/h sur les côtés voire plus sur certains caps. La zone du golfe du Morbihan sera particulièrement exposée. Les valeurs annoncées pourraient être dépassées.

Cette animation fournie par Météociel montre comment Alex va se creuser en quelques heures à peine, s'enrouler autour de la Bretagne, mais également concerner une vaste partie du pays.


Y a-t-il des précédents ?

Outre sa violence, Alex a la particularité de se produire particulièrement tôt dans la saison. Des bombes météorologiques peuvent se former en octobre, comme en 1987. Mais cela survient généralement plus tard, comme en décembre 1999 où deux tempêtes avaient ravagé une vaste partie du nord de la France.

« Des tempêtes peuvent survenir n'importe quand », rappelle François Jobard. « Mais très peu sont répertoriées entre avril et septembre. À partir d'octobre, la fréquence augmente. Alex est précoce, mais ce n'est pas du jamais-vu. »

« Elle survient à un moment où les arbres ont encore leurs feuilles, ce qui offre une prise au vent. Ils sont donc d'autant plus susceptibles de tomber. Si Alex sera moins puissante que la tempête de mi-octobre 1987, elle n'est pas à sous-estimer à cause de ce point précis, notamment en ville », explique François Jobard.

Quels sont les principaux risques associés ?

Météo France a mis en garde contre le vent et la pluie. Des inondations sons susceptibles de se produire dans les régions les plus arrosées. Le vent pourrait causer aussi des dégâts. Les autorités préfectorales recommandent notamment de limiter les déplacements.

Keraunos, l'observatoire français des tornades et orages violents, met, lui, en garde contre un risque de tornade la nuit prochaine le long des côtes de l'Atlantique. Vendée, Charente-Maritime et nord de la Gironde sont particulièrement concernés ainsi que les zones environnantes. Dans le cas de la Vendée et de la Charente-Maritime, le pourcentage de risque de tornades est estimé entre 30 % et 45 % pour les zones côtières.

Keraunos
Attention toutefois à cette indication statistique : les tornades sont extrêmement difficiles à prévoir. Récemment, deux tornades au moins ont touché la France en septembre, à l'île d'Oléron (Charente-Maritime) et au Havre (Seine-Maritime) alors que le pourcentage était plus faible.


Pourquoi le sud de la France est également concerné ?

Si la tempête Alex s'enroule dans l'ouest du pays, elle est très vaste et va concerner d'autres zones du pays du Sud-Est à l'Est. À partir de vendredi, le Sud-Est va ainsi subir d'importantes précipitations. Météo France évoque des « pluies diluviennes en journée et en soirée ». Les Alpes-Maritimes sont particulièrement exposées et notamment le secteur du parc du Mercantour.

« Il s'agit d'un épisode méditerranéen en lien avec la tempête Alex. En 24 heures, jusqu'à 250 mm (NDLR : 250 litres par mètre carré) peuvent s'accumuler. Mais un risque d'inondations par ruissellement peut se produire avec des cumuls qui seraient déjà importants en seulement quelques heures », avertit François Jobard.