comete interstellaire
© ESO/O. Hainaut2I/Borisov ne serait jamais passée près d'une étoile.
Ils ne sont que deux à avoir été identifiés formellement comme tels et ils recèlent encore de nombreux secrets : les objets interstellaires font l'objet de nombreuses études scientifiques en raison de leur rareté et des mystères qui les entourent encore. L'un de ces deux corps interstellaire, 2I/Borisov, serait "le plus vierge jamais découvert", annonce l'Observatoire européen austral (ESO) dans un communiqué, qui reprend les résultats de deux études distinctes, publiées dans Nature Communications et Nature Astronomy.

Cette comète ne serait probablement jamais passée près d'une étoile avant de frôler le Soleil, "ce qui en fait une relique intacte du nuage de gaz et de poussière dont elle est issue", précise l'ESO. "L'arrivée de 2I/Borisov depuis l'espace interstellaire a représenté la première occasion d'étudier la composition d'une comète provenant d'un autre système planétaire et de vérifier si la matière qui en provient est d'une manière ou d'une autre différente de notre variété native", indique Ludmilla Kolokova, qui a participé à la recherche.

L'étude de la comète a révélé des similitudes avec Hale-Bopp, une comète qui a connu son moment de gloire à la fin des années 1990, car elle était visible à l'œil nu et qu'elle était — jusqu'à aujourd'hui — la comète la plus intacte repérée par les astronomes. Hale-Bopp ne serait passée qu'une seule fois devant le Soleil et n'aurait donc "à peine été affectée par le vent et le rayonnement solaires", explique l'ESO.

Seul un autre objet interstellaire avait été repéré avant 2I/Borisov

2I/Borisov s'est révélée être encore plus intacte que Hale-Bopp et l'étude des données recueillies "suggère que l'environnement dans lequel (elle) s'est formée n'est pas si différent, en termes de composition, de l'environnement des débuts du système solaire", expose Alberto Cellino, co-auteur de l'étude et membre de l'Observatoire d'astrophysique de Turin.

Borisov
© ESO/M. KormesserVoici à quoi pourrait ressembler la comète 2I/Borisov.
Découverte en 2019 par un astronome amateur, la comète 2I/Borisov (qui a été baptisée du nom de l'astronome) a été observée à l'aide du Très grand télescope (VLT — Very large telescope) de l'ESO. L'équipe scientifique a également utilisé la technique de polarimétrie, c'est-à-dire mesurer la polarisation de la lumière. C'est en étudiant les propriétés de la lumière solaire polarisée par la poussière de la comète qu'il est possible d'obtenir des informations sur la structure et la chimie des comètes.

Avant 2I/Borisov, seul un autre objet interstellaire avait été repéré : 1I/'Oumuamua en 2017. Selon une étude, jusqu'à sept objets de ce type pourraient traverser le système solaire tous les ans. Des projets sont en cours pour en prédire les trajectoires et les orbites, mais également pour s'en approcher, telle la mission Comet Interceptor de l'Agence spatiale européenne — qui doit être lancée en 2028 et dont le but est d'aller "intercepter" les objets interstellaires afin de pouvoir les étudier de plus près.