Le philosophe Michel Foucault, modèle phare de l'actuelle idéologie « woke », est devenu la dernière personnalité française de premier plan à devoir répondre d'abus sexuels sur des enfants, de façon rétrospective.
Michel Foucault
© InconnuMichel Foucault : toutes ses hautes idées ronflantes n'étaient qu'un masque pour sa déviance — son « vrai moi » fondamentalement inhumain.
Note du traducteur : Si vous vous êtes déjà demandé pourquoi les fruits du post-modernisme/néo-marxisme/idéologie de gauche sont à ce point déviants et dépourvus de véritable humanité, c'est parce que le mouvement — en réalité, un culte pseudo-religieux — est et a toujours été complètement pourri, depuis le sommet jusqu'à la base...
Un collègue intellectuel, Guy Sorman, a déclenché une tempête parmi les « intellos » parisiens en affirmant que Foucault, décédé en 1984 à l'âge de 57 ans, était un violeur pédophile qui avait des relations sexuelles avec des enfants arabes alors qu'il vivait en Tunisie à la fin des années 1960.

Sorman, 77 ans, a déclaré qu'il avait rendu visite à Foucault avec un groupe d'amis lors d'un voyage pendant les vacances de Pâques dans le village de Sidi Bou Saïd, près de Tunis, où le philosophe vivait en 1969. Dans une interview accordée au Sunday Times la semaine dernière, il se souvient que
« De jeunes enfants couraient après Foucault en disant " Et moi ? prends-moi, prends-moi. »
« Ils avaient huit, neuf, dix ans, il leur jetait de l'argent et leur disait "retrouvons-nous à 22 heures à l'endroit habituel". »
Il s'avère que cet endroit était le cimetière local :
« Il avait des rapports sexuels ici, sur les tombes, avec de jeunes garçons. La question de leur consentement n'était pas même soulevée. »
Note du traducteur : Dans la version anglaise de l'interview, il est noté « make love », faire l'amour... Pas « have sex », avoir des rapports sexuels. Convenez qu'il existe une différence entre faire l'amour et avoir des rapports sexuels, surtout quand il s'agit de mineurs non consentants (comment pourraient-ils l'être, en toute conscience ?). La traduction ci-dessus est reprise de l'article publié dans Le Point, mais cela ne veut pas dire que Guy Sorman n'a pas, lors de son interview accordée au Sunday Times, utilisé le terme « make love », faire l'amour. Il nous a juste semblé plus « approprié » d'utiliser le même terme que celui utilisé par Le Point. On peut par ailleurs se demander pourquoi Guy Sorman a parlé de « faire l'amour » dans le contexte qu'il évoque...
Guy Sorman a affirmé que « Foucault n'aurait jamais osé faire ça en France », le comparant à Paul Gauguin, l'impressionniste dont on dit qu'il avait des relations sexuelles avec les jeunes filles qu'il peignait à Tahiti, et André Gide, le romancier qui s'attaquait aux garçons en Afrique :
« Il y a une dimension coloniale dans tout cela. Un impérialisme blanc. »
Note du traducteur : Vu le contexte ambiant en France et dans les autres pays occidentaux, il est difficile de ne pas se dire que cette phrase est tout sauf anodine...
Guy Sorman dit regretter de ne pas avoir dénoncé Foucault à la police à l'époque ou de ne pas l'avoir dénoncé dans la presse, qualifiant son comportement d'« ignoble » et de « moralement hideux ».

Mais, ajoute-t-il, les médias français étaient déjà au courant du comportement de Foucault :
« Des journalistes étaient présents lors de ce voyage, il y avait de nombreux témoins, mais personne ne faisait de telles histoires à l'époque. Foucault était le roi des philosophes. Il est comme notre dieu en France. »
Note du traducteur : Peut-être un Dieu parmi les intellos parisiens, est-ce que cela suffit à le définir comme un dieu en France, au présent de l'indicatif ? Il est d'ailleurs fort possible qu'il ait plus été encensé de l'autre côté de l'Atlantique que chez nous...
Avec son col de polo caractéristique, son crâne chauve et ses lunettes, Foucault, fils de chirurgien, a été l'un des premiers intellectuels célèbres du XXe siècle dont on se souvient non seulement pour ses analyses controversées des prisons, de la folie et de la sexualité, mais aussi pour avoir signé une pétition en 1977 pour légaliser les relations sexuelles avec des enfants de 13 ans.
Note du traducteur : La fameuse pétition bien connue aujourd'hui de nos lectrices et lecteurs, parue le 26 janvier 1977 dans Le Monde puis le lendemain, dans Libération... Rédigée par Gabriel Matzneff, elle était notamment signée par Simone de Beauvoir, Louis Aragon, Roland Barthes, Jack Lang ou encore Bernard Kouchner :
Ce mouvement n'était pas marginal, poursuit Pierre Verdrager.
« Des journaux comme Libération ont publié des textes faisant l'apologie de la pédophilie, des témoignages ou encore des pétitions. »
Serge July, directeur du quotidien à l'époque, reconnaîtra d'ailleurs, avec le recul, que son journal a pu
« légitimer des pratiques parfois criminelles. »
Des écrivains aussi réputés que Gabriel Matzneff ou Tony Duvert ont publié des textes enflammés dans Le Monde ou aux éditions de Minuit. Des philosophes aussi éminents que Michel Foucault ou François Châtelet déclaraient que les enfants étaient à même de consentir au sexe. Foucault tranchait :
« On peut faire confiance à l'enfant pour dire si oui ou non il a subi une violence. »
C'est d'ailleurs dans ce contexte qu'a éclaté l'affaire Polanski.
Source : L'École en bateau : le procès d'une époque où la pédophilie était défendable ?

Toutefois, Michel Foucault n'a semble-t-il pas signé la pétition parue dans Le Monde puis dans Libération, mais il a par contre signé la « Lettre ouverte de 1977 à la Commission de révision du code pénal ». Les signataires sont là bien plus nombreux que dans les publications des deux journaux, y compris des personnalités comme Françoise Dolto. À l'inverse, certains noms présents dans la pétition publiée dans les deux journaux sont absents de cette « Lettre ouverte de 1977 à la Commission de révision du code pénal ». Ça ne change bien sûr pas le fond du problème, il s'agit seulement d'être précis.
La biographie la plus connue de Michel Foucault, The Passion of Michel Foucault (1993) de James Miller, décrit son intérêt pour les bains publics gay et sadomasochistes des États-Unis — il a été l'une des premières personnalités de la vie publique ouvertement gay et à mourir du sida — mais l'auteur ne fait aucune mention de ses frasques sexuelles en Tunisie.
Note du traducteur : Le fait d'avoir en France été une des premières « personnalités » à être mort du Sida, a certainement été à l'origine de la décision de son compagnon, Daniel Defert, de fonder en son honneur l'association AIDES.
Foucault est le savant le plus cité au monde, souvent associé à la montée des politiques identitaires aux États-Unis, où le rappeur MC Hammer est l'un de ses fans. Daniel Miller écrit dans le magazine The Critic :
« C'est presque invariablement à Foucault que les départements d'études militantes contemporaines font remonter leurs fondements intellectuels. Au niveau le plus élémentaire, Foucault le célèbre professeur français fournit une signature de sérieux pour des disciplines sans normes ou traditions académiques claires. »
Miller écrit dans sa biographie que dans les années 1980 des États-Unis, les « foucaldiens », comme on appelle les admirateurs académiques du philosophe,
« ont consacré Foucault comme une sorte de saint patron... dont ils invoquaient régulièrement l'autorité afin de légitimer, en termes proprement académiques, leur propre marque de politique progressiste. »
Guy Sorman, un auteur prolifique, a d'abord diffusé ses affirmations sur Foucault dans Mon dictionnaire du Bullshit, un livre qu'il a publié il y a quelques semaines, et a de nouveau fait référence aux méfaits sexuels du philosophe en Tunisie lors d'un débat télévisé de fin de soirée. L'animateur était stupéfait :
« Vous parlez de Foucault, selon vous un pédophile, et qu'on ne rappelle pas en général quand on parle de Foucault. »
Note du traducteur : Cette discussion a eu lieu lors d'une émission de « C ce soir » sur France 5 il y a quelques semaines :

Les affirmations de Guy Sorman ont surpris les spécialistes en Grande-Bretagne, où le dernier volume de l'histoire de la sexualité en quatre volumes de Foucault vient d'être publié pour la première fois en anglais. Phil Howell, lecteur en géographie historique à l'université de Cambridge a déclaré :
« Il est fort possible que cela ait un impact sur lui [Michel Foucault - NdT]. Foucault s'intéressait à la sexualité et a écrit à ce sujet, mais la maltraitance des enfants, c'est une autre histoire. »
Pour Guy Sorman, le comportement de Foucault était symptomatique d'un malaise nettement français remontant à Voltaire :
« Il croyait qu'il y avait deux morales, une pour l'élite, qui était immorale, et une pour le peuple, qui devait être restrictive. »
Il poursuit :
« La France n'est toujours pas une démocratie, nous avons fait la révolution, proclamé une république mais il y a toujours une aristocratie, c'est l'intelligentsia, et elle a eu un statut particulier. Tout est permis. »
Il ajoute qu'aujourd'hui, cependant,
« le monde change soudainement. »
Il est loin d'être la seule célébrité française à avoir un sens exacerbé de ce qui est admissible. Ces dernières années, plusieurs témoignages ont donné lieu à des enquêtes criminelles sur des personnalités du monde littéraire et artistique accusées d'avoir abusé sexuellement d'enfants dans la foulée de la révolte étudiante de 1968.

Le déballage a commencé en 2016, lorsque Flavie Flament, une présentatrice de radio et de télévision, a écrit un livre accusant David Hamilton, le photographe britannique, de l'avoir violée lorsqu'elle avait 13 ans. Elle m'a confié lors d'une interview peu après la parution de son livre :
« À l'époque, je suçais encore mon pouce. »
Hamilton s'est suicidé quelques jours plus tard.

Il y a un peu plus d'un an, Vanessa Springora, 48 ans, éditrice, a décrit dans un livre comment elle avait été préparée, alors qu'elle était une jeune adolescente dans les années 1980, par Gabriel Matzneff, un romancier à la mode âgé d'une cinquantaine d'années à l'époque. Il s'était vanté de sa pédophilie à la télévision et avait remporté des prix littéraires pour les livres qu'il avait inspirés.

Au moment où cette affaire a fait surface, l'élite parisienne était déjà sous le choc des révélations de Camille Kouchner, 46 ans, fille de Bernard Kouchner, ancien ministre des affaires étrangères, selon lesquelles son beau-père, Olivier Duhamel, 70 ans, intellectuel et expert politique de premier plan, avait abusé sexuellement de son frère jumeau à la fin des années 1980, alors qu'il avait 13 et 14 ans.

Ni Matzneff ni Duhamel n'ont reconnu les allégations et n'ont été condamnés pour un quelconque délit.
Note du traducteur : Il y en a beaucoup d'autres. Daniel Cohn-Bendit est un autre « leader étudiant de 68 » qui a également milité publiquement pour la légalisation de la pédophilie. Aujourd'hui, il est un membre très influent du Parlement européen et un autre des « rois philosophes intouchables » de France. Par ailleurs, Bernard Kouchner fait bien lui partie des signataires de lé pétition parue dans Le Monde puis dans Libération. Quant à Olivier Duhamel, il était notamment devenu président du cénacle Le Siècle le 1er janvier 2020. Il a depuis démissionné de ses fonctions. C'est ce que l'on appelle de l'entre-soi.
Les soixante-huitards sont sur la défensive. Luc Ferry, 70 ans, philosophe et ancien ministre de l'éducation, estime que ses contemporains ont beaucoup à se reprocher. Il écrit dans Le Figaro :
« On avait oublié que la pensée soixante-huitarde favorisait la pédophilie. Chaque adulte avait le droit voire le devoir, affirmaient-ils, de réveiller la sexualité que la bourgeoisie cachait. »
Note du traducteur : En réalité, ils s'agitaient pour réveiller la sexualité (déviante) même qu'ils cachaient, et que la « bourgeoisie » avait jusqu'alors — pour de très bonnes raisons, il s'avère — gardée sous contrôle.
Ces accusations sont à l'origine d'un nouveau projet de loi en cours d'examen au Parlement, qui criminaliserait toute relation sexuelle avec un mineur de moins de 15 ans — à l'heure actuelle, un enfant victime de viol doit prouver la contrainte.

La semaine dernière, cependant, un amendement dit « Clause Roméo et Juliette », destiné à protéger les amoureux adolescents, a été discuté. Il ne criminaliserait pas automatiquement les relations sexuelles avec une personne de moins de 15 ans si l'écart d'âge entre les deux « protagonistes » est inférieur à cinq ans.

Le président Macron s'est fait le champion de cette modification de la loi, qui a suscité des gloussements sur la façon dont Brigitte, sa femme, aurait pu se retrouver dans le pétrin lorsque sa relation avec son futur mari a débuté dans les années 1990 : il avait 15 ans et elle était son professeure, mariée et âgée de 40 ans.
Note du traducteur : En effet, le président français est la « victime », ou le « fruit », par excellence du régime qui s'est emparé de la France en 1968. Dans cette affaire au moins, il fait apparemment l'effort de se ranger du côté de ce qui reste de saines valeurs humaines.
Quant à Foucault, Guy Sormane pense qu'il ne devrait pas être « censuré » :
« J'ai une grande admiration pour son travail, je n'invite personne à brûler ses livres, simplement à comprendre la vérité à son sujet, et comment lui et certains philosophes usaient de leurs arguments pour justifier leurs passions et leurs désirs. Il pensait que cela lui permettait de faire tout ce qu'il voulait. »
Note du traducteur : Un seul d'entre eux en position d'influence cause des dommages considérables — et pas seulement aux jeunes garçons en Tunisie ; pensez aux dizaines de millions d'esprits « intellectuels » occidentaux que l'influence de Foucault a déformés. Lorsque des groupes importants de ces individus dominent les médias, le monde universitaire, le gouvernement et la science, ils peuvent littéralement détruire la civilisation.

Et pour comprendre comment, nous vous suggérons de vous reporter à notre excellent Focus : La psychopathie et les origines du totalitarisme
Source de l'article initialement publié en anglais le 28 mars 2021 : Sunday Times, UK
Traduction : Sott.net