Le style de Biden - plus précisément sa façon de communiquer avec le peuple américain - est également une page du livre de recettes de FDR. Deux mois après le début de sa présidence, il s'est montré étonnamment discipliné et économe de ses mots et de ses apparitions. Les gaffes verbales qui l'ont poursuivi tout au long de sa longue carrière à Washington n'ont plus lieu d'être. - Paul Brandus, chroniqueur d'opinion, USA Today
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© Reuters

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j'ai été ravi d'entendre Joe Biden annoncer à l'Amérique - avec une lueur lointaine dans ses vieux yeux bleus de Konstantin Tchernenko - qu'il comptait briguer un second mandat. Cette perspective doit le submerger, tant sa campagne de 2020 a été effervescente ! Comme tous les présidents, il apprend sur le tas, mais il est déjà en train de dépasser Franklin Roosevelt dans la course aux cent jours en poste, de montrer à ces méchants envoyés du PCC qui est le patron (pourquoi, ils le sont, bien sûr), et de transformer l'État suprématiste blanc dépravé du Texas en un Honduras del Norte dynamique. Comme le dirait M. Biden, de toute façon... j'ai été trop long sur ce sujet...

Pendant ce temps, en coulisses, on pouvait entendre le crissement de ses manipulateurs qui mâchaient leur Xanax, sachant que le jeu était à deux doigts du désastre. Il ne s'est éloigné du podium qu'une seule fois, et il a consciencieusement suivi le script. En fait, le script était juste là dans sa main pendant toute l'heure de cette première conférence de presse, et il a souvent semblé lire directement sur la page. Je suis sûr qu'il faisait une blague lorsqu'il a dit qu'il était arrivé au Sénat il y a 120 ans. (Vous vous souvenez de la bataille autour de la nomination de Wm. H Taft au poste de gouverneur territorial des Philippines ? Et comment, lors des auditions, le sénateur Ol' Joe B, alors nouveau, a produit trois putes de New Haven qui ont témoigné des « appétits anormaux » de Taft pendant les années du candidat à Yale).

Traditionnellement, les conférences de presse présidentielles sont l'occasion d'informer la nation de la situation actuelle et d'envoyer des signaux aux autres nations (« amis et ennemis », comme le disait JFK) sur les intentions de l'Amérique, surtout à l'ère nucléaire, où le monde est si nerveusement sur les nerfs. Qu'ont appris les Américains de l'entrée en scène de M. Biden ? Principalement qu'un vieux chien peut faire de vieux tours, suivre un scénario, jouer les politiciens, remplir un costume, parler et faire semblant - répondant ainsi à l'attente cynique des gens qui pensent qu'on leur fait un mauvais coup. Les observateurs étrangers noteront probablement que le pouvoir exécutif est dirigé par un politburo plus secret encore que le vieux gang qui dirigeait l'URSS. Personne dans ce pays ne semble le remarquer.

Le véritable travail de M. Biden est d'être une machine à signer MaxWriter© ambulante, prête à s'asseoir et à servir chaque fois que Nancy Pelosi et Chuck Schumer envoient à la Maison Blanche un nouveau paquet de lois de plus de 1000 pages, conçu pour accroître le pouvoir despotique du gouvernement sur la vie quotidienne afin de « résoudre les problèmes » de la libre entreprise, des élections libres et de la liberté d'expression avec de l'argent libre et de l'hyper-complexité.

A venir, par exemple : HR1, la « loi Pour le Peuple » [ah, ah !], conçu pour permettre au maximum la fraude électorale en enrôlant autant de corps vivants que possible pour voter sans aucune chance de vérifier leur identité, leur âge, leur lieu de résidence ou leur citoyenneté. Cette loi introduira certainement de nombreuses nouvelles couches de chaos et de retard dans l'établissement des résultats des élections. Elle privera également les États de leur devoir constitutionnel d'élaborer leurs propres règles électorales et, ce faisant, elle érodera encore davantage la légitimité du gouvernement fédéral, donnant à de nombreux États une raison supplémentaire de s'y opposer et de l'annuler, voire de s'en séparer - ce qui signifie un pas de plus vers cette guerre civile 2.0 qui se profile.

Un échange étrange lors de la conférence de presse a particulièrement retenu l'attention [selon la transcription officielle de la Maison Blanche] :
Janet Rodriguez, Univision : Merci, Monsieur le Président. Nous aussi, nous avons fait un reportage à la frontière. Et tout comme Cecilia, nous avons rencontré deux frères et sœurs qui sont arrivés lundi, qui ont été détenus par le CBP - ils avaient le numéro de téléphone de leur mère qui vit aux États-Unis. C'est le seul moyen pour eux de savoir que ses enfants sont ici, car le CBP, aujourd'hui, jeudi, n'a pas contacté cette mère. Alors, quand pouvons-nous espérer votre promesse d'améliorer les choses en matière de contact, de rapidité et de traitement ?

Le Président : Eh bien, elles s'améliorent déjà, mais elles vont devenir vraiment - elles vont s'améliorer très rapidement, ou nous allons entendre parler de personnes qui partent, d'accord ?
T'as compris ? La mère de la fratrie vit aux USA ? Comment est-elle arrivée ici et quand ? Est-elle ici légalement ? Pourquoi ces enfants vivaient-ils dans un autre pays, loin de leur mère, et pendant combien de temps ? Pourquoi la mère a-t-elle abandonné ses enfants dans le pays qu'elle a quitté ? Quelqu'un a-t-il remarqué que cette histoire ne tient pas debout ?

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d'abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu'au ciel.

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone