volcan mont redoubt
© Game McGuimsey, USGSLe Mont Redoubt, en Alaska, en éruption en 2009.
Les éruptions volcaniques ont toujours été difficilement prévisibles — malgré la présence de signes avant-coureurs tels qu'une augmentation de l'activité sismique, des modifications dans les émissions de gaz ou encore une déformation soudaine du sol. Une nouvelle méthodologie développée par le Jet Propulsion Laboratory de la NASA et l'université d'Alaska pourrait permettre de prédire les éruptions des mois, voire des années en avance.

Les résultats de cette étude ont été publiés en mars dernier dans la revue Nature Geoscience. Les relevés effectués à l'aide de données satellitaires ont permis de mettre en lumière une augmentation "subtile mais significative des émissions de chaleur sur de vastes zones d'un volcan dans les années précédant son éruption", selon Társilo Girona, auteur principal de l'article scientifique et cité par le JPL dans un communiqué.

"Les volcans sont comme une boîte de chocolats : ils peuvent sembler similaires, mais ils sont très différents les uns des autres", explique le co-auteur Paul Laudgren, du JPL. C'est une des raisons pour lesquelles il n'est pas pertinent de comparer un volcan à un autre et que les prévisions sont difficilement applicables à un schéma commun.

L'augmentation de la chaleur comme signe avant-coureur

L'équipe scientifique a exploité 16 années et demie de données issues de radiomètres d'imagerie de résolution moyenne, embarqués à bord des satellites Terra et Aqua de la NASA. Malgré les disparités constatées, un point commun a émergé : l'augmentation d'environ 1°C de la température radiante de surface sur toute une zone de volcan dans les années précédant une éruption.

Ce phénomène de réchauffement peut être expliqué par une interaction entre les réservoirs de magma et les systèmes hydrothermaux — la circulation souterraine de fluides chauds et riches en eau. Comme l'explique le JPL, "lorsque (le magma) remonte par un volcan, les gaz (qu'il contient) se diffusent à la surface et peuvent dégager de la chaleur. De même, ce dégazage peut faciliter (...) la circulation hydrothermale, qui peut augmenter la température du sol". Ce phénomène n'explique pas tout cependant, car la compréhension du comportement des volcans reste encore limitée.

On estime à environ 1 500 le nombre de volcans actifs sur la planète, très peu d'entre eux bénéficient de systèmes de surveillance. Társilo Girona indique au sujet de cette avancée dans la connaissance des volcans que la méthode pourra permettre "aux observatoires volcaniques du monde entier d'identifier les plus susceptibles d'entrer en éruption et ceux qui devraient être instrumentés pour des observations plus rapprochées".