Il y a quelques mois seulement, les astronomes doutaient encore de leur existence. Aujourd'hui, ils annoncent la découverte de l'un des plus petits trous noirs jamais « observés ».
trou noir licorne
© Université d'État de l'Ohio
« La licorne ». C'est le surnom que les astronomes ont choisi d'attribuer à un trou noir qu'ils viennent de découvrir. D'une part, parce qu'il se situe dans la constellation du même nom. Et d'autre part, parce qu'il n'est pas tout à fait comme les autres. Il est présenté comme l'un des plus petits trous noirs jamais « observés ». Sa masse ne dépasse pas trois fois celle de notre Soleil. Se trouvant à seulement 1.500 années-lumière de notre Terre -- soit toujours dans notre Voie lactée --, il est aussi l'un des plus proches que les astronomes connaissent.

[EN VIDÉO] C'est l'un des trous noirs les plus petits et les plus proches de notre Terreé Des astronomes de l'université d'État de l'Ohio (États-Unis) ont découvert, grâce aux distorsions qu'il provoque sur une étoile géante rouge, un trou noir de seulement trois masses solaires. Probablement l'un des plus proches de notre Terre jamais « observée ». Il se trouve dans la Voie lactée, à seulement 1.500 années-lumière de nous. En appliquant cette méthode de recherche, ils espèrent en trouver beaucoup d'autres à l'avenir. (en anglais) © Université d'État de l'Ohio
C'est en étudiant les données disponibles sur une étoile dite géante rouge que des astronomes de l'université d'État de l'Ohio (États-Unis) ont noté quelque chose d'anormal. Une distorsion provoquée par des forces de marée produites par quelque chose qu'ils ne pouvaient pas voir et qui semblait être en orbite autour de ladite étoile. Un trou noir ?

L'ennui, c'est que le trou noir en question aurait dû être vraiment petit. Une singularité, dans l'Usnivers. Du moins, du point de vue actuel des astronomes. Même si depuis une décennie, ils se demandaient si nos techniques et nos méthodes d'observation n'étaient tout simplement pas assez précises pour observer de tels trous noirs miniatures. Ou s'ils n'existaient tout simplement pas. Jusqu'à ce que des chercheurs -- déjà de l'université d'État de l'Ohio -- publient, fin 2019, quelques preuves solides de leur existence.


Beaucoup de petits trous noirs à découvrir ?

« Nous avons considéré les choses différemment. Tant de personnes avaient déjà étudié cette étoile. Mais au lieu de rejeter l'idée, nous nous sommes simplement demandé ce qui se passerait si c'était bien un trou noir », explique Kris Stanek, astronome, dans un communiqué de l'université d'État de l'Ohio.

Tout comme la Lune peut déformer les océans de la Terre, produisant des marées hautes et des marées basses, un trou noir peut en effet donner à une étoile la forme... d'une larme. Voilà pour la théorie. La vitesse de la géante rouge, la période de l'orbite et la façon dont les forces de marée déforment l'étoile ont ensuite indiqué aux astronomes la masse de son compagnon trou noir. Seulement trois fois celle de notre Soleil.

Les astronomes espèrent désormais pouvoir identifier et localiser d'autres trous noirs de ce type. Des trous noirs qui devraient leur fournir des données utiles à mieux comprendre comment se forment, vivent et meurent les étoiles de notre Voie lactée. « À chaque fois que nous trouvons un nouveau trou noir, cela nous donne un indice sur les étoiles qui meurent en s'effondrant sur elles-mêmes, en explosant ou d'une manière intermédiaire », conclut Todd Thompson, chercheur à l'université d'État de l'Ohio.