Photo non datée de Saïf al-Adel, parachutiste et ancien chef de la sécurité personnelle de Ben Laden. Crédits photo : HO/REUTERS
Ce proche d'Oussama Ben Laden aurait été nommé, à titre temporaire, à la tête de l'organisation terroriste.Pour ne pas donner l'impression d'un trop long vide à la tête d'al-Qaida, l'organisation terroriste aurait choisi un de ses cadres historiques, l'Égyptien Saïf al-Adel, pour assumer, à titre temporaire, la direction du mouvement, quinze jours après la liquidation d'Oussama Ben Laden. L'information a été donnée mercredi par la chaîne al-Jazeera, et un ancien djihadiste libyen, Noman Benotman, ainsi que par le journal pakistanais The News. Selon Benotman, cette nomination aurait été motivée par la fébrilité des militants d'al-Qaida face à l'absence de chef.
À la tête de la sécurité d'al-Qaida, au moins jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, Saïf al-Adel - Mohammed Ibrahim Makkawi de son vrai nom - fut l'un des plus proches lieutenants de Ben Laden. Âgé d'une cinquantaine d'années, ce parachutiste expérimenté, ancien membre des Forces spéciales égyptiennes, supervisait la sécurité personnelle du chef d'al-Qaida, au moins jusqu'en 2001. «C'est lui qui dirigeait le recrutement de ses gardes du corps», se souvient l'un d'entre eux, le Yéménite Nasser al-Bahri. Il était également en charge des archives d'al-Qaida, dont les troupes américaines parviendront à s'emparer à Kandahar à l'automne 2001.
Membre du majlis al-Shoura, l'organe de direction d'al-Qaida, al-Adel est inculpé pour sa participation aux attentats contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar es-Salam, en août 1998. Une récompense de cinq millions de dollars est offerte pour son arrestation. C'est également lui qui a enregistré les dernières volontés de Mohammed Atta, le chef du commando des pirates du 11 Septembre, et de son comparse, le Libanais Zyad Jarrah.
L'Iran voulait le livrer «Les djihadistes venus de la péninsule arabique ne l'aimaient guère, se rappelle Nasser al-Bahri. Nos relations avec lui étaient souvent tendues. Il nous menaçait régulièrement.» Selon Noman Benotman, cette désignation provisoire pourrait être une manière pour la nébuleuse de tester les réactions à l'arrivée au pouvoir d'un chef ne venant pas de la péninsule arabique, c'est-à-dire, à terme, d'un autre Égyptien, Ayman al-Zawahiri, le numéro 2 de l'organisation.
La nomination d'al-Adel soulève également la question des relations d'al-Qaida avec l'Iran. En effet, al-Adel a profité de ses liens avec les gardiens de la révolution pour fuir en Iran, fin 2001, avec d'autres cadres d'al-Qaida et des enfants de Ben Laden, où ils furent assignés à résidence. Fin 2003, Téhéran a proposé aux États-Unis de leur livrer ces terroristes en échange de la livraison par Washington des Moudjahidins du peuple, basés en Irak. «Nous y étions très favorables», nous affirme Mike Shereur, cadre de la CIA à l'époque, mais «Rumsfeld, le secrétaire à la Défense, s'y est opposé, pensant pouvoir utiliser les opposants iraniens contre Téhéran».
Deux ans plus tard, Téhéran a renouvelé son offre aux États-Unis, via la France. Mais sans plus de succès. Finalement, Saïf al-Adel aurait été «relâché» par l'Iran, il y a un an, en échange de la libération par les talibans de plusieurs diplomates iraniens détenus par les alliés d'al-Qaida. Depuis, Saïf al-Adel se trouverait entre le Pakistan et l'Afghanistan.
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