La coulée de lave descendue des flancs du volcan Nyiragongo jusque vers Goma, après l'éruption de samedi 22 mai, s'est arrêtée dans les faubourgs de la ville. Le front de lave reste cependant toujours instable et plusieurs séismes ont été ressentis depuis l'aube, ce dimanche.
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La coulée de lave a cessé sa progression dans le courant de la nuit pour s'immobiliser dans les faubourgs nord-est de la ville de Goma. Du feu et de fortes émanations se dégagent du front de lave rocheux, noirâtre et toujours instable, dans le faubourg de Buhene, qui marque la limite de la ville avec le territoire voisin de Nyiragongo, où des maisons de plusieurs petits villages ont été englouties.

L'aéroport, situé en périphérie nord-est de la ville, qui s'étend entre la frontière rwandaise et les rives du lac, a été épargné, au terme d'un nuit confuse. La veille, plusieurs avions basés à l'aéroport, appartenant à la Monusco et à des compagnies privées, ont décollé dans la soirée pour évacuer, selon une source aéroportuaire. Plusieurs séismes, une dizaine environ, ont été ressentis à Goma depuis l'aube, ce dimanche 23 mai.


Les gens se demandent si le volcan s'est arrêté, s'il va continuer, si la lave va réapparaître

Mis à jour le 23 mai 2021 à 10h42

La coulée de lave descendue des flancs du volcan Nyiragongo jusque vers Goma, après l'éruption de samedi 22 mai, s'est arrêtée dans les faubourgs de la ville. Le front de lave reste cependant toujours instable et plusieurs séismes ont été ressentis depuis l'aube, ce dimanche.

La coulée de lave a cessé sa progression dans le courant de la nuit pour s'immobiliser dans les faubourgs nord-est de la ville de Goma. Du feu et de fortes émanations se dégagent du front de lave rocheux, noirâtre et toujours instable, dans le faubourg de Buhene, qui marque la limite de la ville avec le territoire voisin de Nyiragongo, où des maisons de plusieurs petits villages ont été englouties.

L'aéroport, situé en périphérie nord-est de la ville, qui s'étend entre la frontière rwandaise et les rives du lac, a été épargné, au terme d'un nuit confuse. La veille, plusieurs avions basés à l'aéroport, appartenant à la Monusco et à des compagnies privées, ont décollé dans la soirée pour évacuer, selon une source aéroportuaire. Plusieurs séismes, une dizaine environ, ont été ressentis à Goma depuis l'aube, ce dimanche 23 mai.

À la fois curieux et méfiants, des dizaines de badauds se sont approchés du front de lave pour constater de visu la situation, et au passage faire des images avec leur téléphone portable. « Des gens commencent à regagner doucement leur domicile, la situation est plutôt calme pour le moment », a témoigné un habitant.

Comme dans leur fuite la veille, ils reviennent avec leurs effets personnels, baluchons sur la tête, les enfants se donnant tous la main derrière les parents. » Mais la population a encore peur, elle est dans l'embarras car les autorités n'ont fait aucune communication ce matin », a-t-il ajouté. « Il y a très peu de mouvement. Les gens se demandent si le volcan s'est arrêté, s'il va continuer, si la lave va réapparaître. »


La situation était relativement calme dans Goma en train de se réveiller lentement, ce dimanche 23 mai. Des habitants, dans la rue ou devant leur maison, observent le volcan et discutent entre eux. Quelques voitures sillonnent les rues, où aucun policier ou militaire n'est visible.

Sur la route sud-ouest de la ville se dirigeant vers la localité de Saké, vers la région du Masisi, où des milliers de personnes fuyant l'éruption soudaine ont trouvé refuge pendant la nuit, beaucoup préféraient attendre sur place plutôt que de rentrer sur Goma. « On n'est pas convaincu qu'en une journée, c'est la fin de l'éruption, donc on attend », explique un père de famille.


L'impressionnante coulée de lave a atteint la lisière de Goma après l'éruption soudaine samedi soir du volcan Nyiragongo surplombant la ville, provoquant la fuite en masse et dans la panique des habitants.

« Outre la coulée de lave vers le Nord-Est (Kibumba/Rwanda), une autre coulée descend aussi sur la ville », s'inquiétait dans la nuit un responsable du parc national des Virunga, où est situé le volcan. Cette seconde coulée « a maintenant atteint l'aéroport et, en toute logique, elle va descendre vers le lac » Kivu, expliquait-il samedi soir.


Samedi, l'éruption a débuté sans prévenir en début de soirée. Des lueurs rougeoyantes ont commencé à s'échapper du cratère et une odeur de soufre s'est répandue dans Goma, située sur le flanc Sud du volcan, sur les rives du lac Kivu.

Cette soudaine activité volcanique a aussitôt provoqué l'inquiétude des populations, familières des colères du volcan, même si aucune coulée de lave n'était immédiatement visible de la ville, ni tremblement de terre ressenti.

« Le ciel est devenu rouge », a raconté une habitante, témoignant « des flammes géantes sortant de la montagne ». Dans un message aux populations, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, le général constant Ndima, a alors « confirmé l'éruption du volcan ». Suivi rapidement par le gouvernement qui, après une réunion de crise à Kinshasa, a ordonné « l'évacuation » de la ville.

Le président congolais Félix Tshisekedi a par ailleurs annoncé avoir « décidé d'interrompre son séjour en Europe pour rentrer dès ce dimanche au pays afin de superviser la coordination des secours aux populations des zones menacées » par l'éruption.

L'électricité a été coupée dans une grande partie de la ville et des milliers d'habitants, souvent en famille, ont pris la direction, dans le désordre et à pied, à moto ou en voiture, de la frontière rwandaise toute proche.

Au fil des heures, et de la confirmation de la gravité de la situation, le flot des gens en fuite n'a cessé de grossir, matelas sur la tête, colis et enfants dans les bras, voitures klaxonnant.

La population prenait la direction du poste-frontière avec le Rwanda, dans la partie sud de la ville, ou la route de l'ouest vers Sake, vers la région congolaise du Masisi. Goma jouxte la frontière et la « grande barrière », le principal poste-frontière entre les deux pays, est situé dans le sud de la ville.

« Il y a beaucoup de monde sur la route, beaucoup de voitures, c'est la fuite », a raconté un habitant ayant embarqué sa famille dans sa voiture pour emprunter cette route du Masisi, vers Sake. « Ça avance à pas de tortue, sur trois ou quatre voies. Les voitures sont remplies d'effets personnels, des matelas dans les coffres ou sur les toits », a-t-il témoigné. « Il y a des enfants, des femmes, des vieux qui sont à pied et la pluie s'invite, c'est compliqué. »


Dans la nuit, des milliers de personnes avaient trouvé refuge au Rwanda, dans la ville frontière de Rubavu (anciennement Gisenyi), a constaté l'AFP côté rwandais. Les opérations étaient bien organisées, avec un accueil au stade et dans les écoles. Beaucoup de gens dormaient à même le sol aux abords de la ville. « Les frontières rwandaises sont ouvertes et l'accueil de nos voisins se déroule paisiblement », a commenté sur Twitter l'ambassadeur rwandais en RDC, Vincent Karega.

Capitale régionale du Nord-Kivu, Goma compte près de 600 000 habitants, dans une province troublée où sévissent de nombreux groupes armés. La région est une zone d'intense activité volcanique, avec six volcans, dont le Nyiragongo et le Nyamuragira qui culminent respectivement à 3 470 et 3 058 mètres.

Une des caractéristiques de ces deux volcans sont les « éruptions douces », relativement fréquentes, des flux de lave s'écoulant par les flancs. Ce fut le cas au moment de l'éruption de janvier 2002. L'éruption la plus meurtrière du Nyiragongo, en 1977, avait fait plus de 600 morts.

Lors de l'éruption de 2002, les victimes étaient pour la plupart des malades, des personnes âgées ou impotentes abandonnées à leur sort dans les quartiers nord de la ville. Des pillages avaient également eu lieu.

Dans un rapport daté du 10 mai, l'Observatoire volcanologique de Goma appelait à la « vigilance », alors que « l'activité séismo-volcanique au niveau du Nyiragongo » avait « augmenté », méritant « une attention particulière de surveillance ».