Récemment, un petit fragment de roche trouvé dans un champ du Gloucestershire, au Royaume-Uni, s'est avéré être beaucoup plus qu'un simple caillou. En effet, derrière son apparence pour le moins banale, elle contenait des informations particulièrement rares sur la formation du système solaire et les origines de la vie elle-même.

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Et pour cause, elle ne s'est pas formée ici sur la Terre, mais provient d'un endroit situé au-delà de l'orbite de Mars. Repoussé par des interactions gravitationnelles ou une collision entre astéroïdes, le morceau de roche a traversé l'immensité de l'espace pour finir par traverser notre atmosphère et atterrir sur Terre sous forme de météorite.

Désormais connue sous le nom de « météorite de Winchcombe » (en référence au nom de la commune où elle a été découverte en Angleterre) pourrait toutefois ne pas être une météorite ordinaire. Les scientifiques procèdent actuellement à des analyses très poussées pour déterminer sa composition, dans l'espoir d'en savoir plus sur sa provenance et sa formation, mais également d'en apprendre davantage sur l'univers.


« La structure interne est fragile et faiblement liée, poreuse avec des fissures et des craquelures. Elle ne semble pas avoir subi de métamorphisme thermique, ce qui signifie qu'elle est restée intacte depuis bien avant la création de toutes les planètes. On peut dire que nous avons là l'opportunité rare d'examiner un échantillon incroyable de notre passé » a confié le microscopiste Shaun Fowler de l'université de Loughborough, en Grande-Bretagne.

Le fragment, qui fait partie de la même météorite que celle qui est tombée à Winchcombe en mars, a environ 4,6 milliards d'années, soit à peu près le même âge que le système solaire. Sa construction peu agrégée signifie qu'elle n'a pas subi le compactage dû aux collisions répétées.

Il est tout à fait étonnant d'imaginer que morceau de météorite s'est formé à partir du même nuage de poussière et de gaz qui a donné naissance au Soleil et aux planètes, mais c'est pourtant la réalité. Alors que les planètes du système solaire ont toutes subi depuis d'importants événements et transformations, la météorite du Gloucestershire a flotté tranquillement dans la ceinture d'astéroïdes entre Mars et Jupiter pendant près de 5 milliards d'années.

C'est donc en toute logique que l'arrivée sur Terre de cette roche a fait sensation. Non seulement c'était la première météorite retrouvée sur le continent depuis 30 ans, mais en plus elle s'est révélée être d'un type rare, connu de la communauté scientifique sous le nom de « chondrite carbonée ».

Autrement dit, il s'agit d'une météorite rocheuse, plutôt que de fer. Elle est composée principalement de carbone et de silicium. Habituellement, ces matériaux sont moins résistants à l'entrée dans l'atmosphère que les roches riches en fer, ce qui explique pourquoi les chondrites carbonées sont très rares.

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© Crédit : TUBS / Wikipedia
Un type de météorite très rare

Le morceau de roche spatiale fait actuellement l'objet d'analyses via différentes méthodes comme la microscopie électronique, la spectroscopie vibrationnelle ou encore la diffraction des rayons X. Ces techniques permettent de connaître en détail la structure physique de la roche ainsi que sa composition précise, deux éléments indispensables pour avancer dans les recherches. Et pour notre plus grand bonheur, certaines informations ont déjà été dévoilées.

« La majeure partie de la météorite est composée de minéraux tels que l'olivine et les phyllosilicates, avec d'autres inclusions minérales appelées chondrules. Mais la composition est différente de tout ce que l'on peut trouver ici sur Terre et potentiellement différente de toutes les autres météorites que nous avons trouvées. On pourrait y trouver un élément chimique ou une structure physique inconnue jusqu'alors et jamais vue sur d'autres échantillons de météorites enregistrés » a déclaré Shaun Fowler.

Moins 5% de toutes les météorites retrouvées sur Terre sont des chondrites carbonées, mais elles sont très recherchées : elles sont riches en matières organiques et les scientifiques pensent qu'elles pourraient contenir des indices sur les origines de la matière organique ici sur Terre.

Dans le passé, plusieurs morceaux de roche spatiale de ce type ont déjà fourni des indices précieux sur les origines des éléments constitutifs de la vie, ainsi que sur l'eau. Le problème, c'est qu'il y en a si peu à étudier que les chercheurs avance doucement.

De son côté, l'astrochimiste Derek Robson de l'East Anglian Astrophysical Research Organisation (EAARO), s'est dit très excité : « les chondrites carbonées contiennent des composés organiques, notamment des acides aminés, que l'on retrouve dans tous les êtres vivants. Pouvoir identifier et confirmer la présence de tels composés dans un matériau qui existait avant la naissance de la Terre serait une étape importante pour comprendre comment la vie a commencé ».

Passionnant, n'est-ce pas ?