Note des Éditeurs : Ariane Bilheran — philosophe, psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie, spécialisée dans l'étude de la manipulation, de la paranoïa, de la perversion, du harcèlement et du totalitarisme — a commencé à écrire des articles qui relatent les Chroniques du totalitarisme. Nous supposons que ces trois premières parties réunies en un seul article auront une, voire plus sûrement, des suites. Nous surveillerons donc ces (éventuelles) suites pour donner à nos lectrices et à nos lecteurs accès aux travaux d'Ariane Bilheran — Ô Combien fondamentaux pour comprendre le monde dans lequel nous vivons, à l'instar — entre autres — de l'ouvrage de Andrew Labczewski, La ponérologie politique — Étude de la genèse du mal appliqué à des fins politiques.Un immense merci à Slobodan Despot et à l'Antipresse, pour faire vivre le contradictoire, et tracer l'étroit sentier de vérité des témoins.
Nos lectrices et à nos lecteurs pourront aussi se référer à cet autre article d'Ariane Bilheran que nous avons publié en juin dernier et qui est constitué de trois parties réunies, Psychopathologie du totalitarisme — Le délire paranoïaque, les aspects du projet totalitaire, et comment sortir de l'aliénation collective.
Un autre article, fondamental en ce qui concerne le totalitarisme, a par ailleurs été traduit par l'équipe éditoriale française de SOTT : La psychopathie et les origines du totalitarisme.
Bonne lecture !
« Nous avons poussé si loin la logique dans la libération des êtres humains des entraves de l'exploitation industrielle, que nous avons envoyé environ dix millions de personnes aux travaux forcés dans les régions arctiques et dans les forêts orientales, dans des conditions analogues à celles des galériens de l'Antiquité. Nous avons poussé si loin la logique, que pour régler une divergence d'opinions, nous ne connaissons qu'un seul argument : la mort. »1 — La mise au pas du 12 juillet 2021
Arthur Koestler, Le Zéro et l'Infini
Nous avons poussé si loin la logique dans notre politique sanitaire au nom de la santé pour tous, que nous persécutons les soignants, médecins et infirmiers, et les malades. Notre nouvelle définition de la santé est l'indifférence au consentement, le refus des soins adaptés et de la prescription par les médecins. Nous soignons les bien-portants (nous nommons malades des gens qui ne le sont pas) et délaissons les vrais malades. Le corps de chaque citoyen appartient désormais à l'État qui peut en jouir comme bon lui semble pour ses expérimentations médicales, et celui qui ne s'y soumettra pas, nous le négligerons, le maltraiterons puis le tuerons, qu'il s'agisse d'un malade qui désirait être soigné, ou d'un soignant qui désirait travailler », pourra tout aussi bien dire un haut cadre repentant du nouveau parti du totalitarisme sanitaire actuel.
Le discours d'Emmanuel Macron du 12 juillet 2021 a opéré comme un coup de semonce dans la société française. Le pouvoir s'y est exprimé de façon tyrannique, clivant la société en deux catégories : les bons citoyens obéissants, et les autres. Sur les autres, la coercition sera exercée ; le pouvoir entend « soumettre ou démettre ». Nous nageons en plein harcèlement de masse, et je rappellerai la définition que j'en avais donné en 2006 :
« Le harcèlement est un phénomène politique lié à l'histoire de l'humanité. Il "vise la destruction progressive d'un individu ou d'un groupe par un autre individu ou un groupe, au moyen de pressions réitérées destinées à obtenir de force de l'individu quelque chose contre son gré et, ce faisant, à susciter et entretenir chez l'individu un état de terreur" (Bilheran, 2006). Mode d'expression de l'abus de pouvoir, de l'autoritarisme, de la tyrannie, il s'oppose à l'autorité comme le pouvoir injuste s'oppose au pouvoir juste. Il est la méthode parfaite d'asservissement utilisée par les paranoïaques dont je dis souvent qu'il est le "chef-d'œuvre"[1]. »Bien entendu, un tel discours est traumatique et sidérant. Revendiquer le « choix de la liberté » en imposant de telles contraintes, avec une telle violence (chantage, menace etc.), sur les vies, serait un paradoxe risible, si cela n'entraînait pas des conséquences tragiques.
Que cherche le harcèlement ?[2] Conduire à l'autodestruction. Cette autodestruction débute par l'inflammation émotionnelle suscitée par les harceleurs : peur, colère, rage, impuissance, tristesse etc. Maîtrisons nos émotions. Qu'elles soient des guides, mais ne commandent pas. Car si les émotions commandent, elles nourrissent le sadisme des harceleurs. Elles font leur jouissance.
Que craignent les harceleurs ? Que nous les envisagions tels qu'ils sont : des fous, des pervers ou des paranoïaques qui font des crises de tyrannie car ils n'ont pas grandi, et demeurent psychiquement immatures, sans capacité de maîtriser leurs pulsions de transgression et de meurtre. Et que nous puissions leur opposer notre indifférence, celle du parent qui ne cèdera pas au caprice. Les peuples doivent éduquer leurs gouvernants, et non le contraire. Les ministres sont étymologiquement, les serviteurs du peuple. Un gouvernement qui prétend éduquer son peuple bascule aisément en tyrannie.
Pour cela il faut bien réfléchir : sur quels pans de nos vies les harceleurs ont-ils une prise ? Il est inutile de crier sa colère à un harceleur : il s'en délectera. Certains s'imaginent qu'en éliminant le pouvoir harceleur, avec des méthodes révolutionnaires, le problème sera solutionné ! Rien n'est moins sûr, car le venin de la paranoïa s'est immiscé dans le corps social, la méfiance de tous contre tous, le clivage et la persécution des jugés « non-essentiels », inutiles, dangereux ou mauvais. Ce n'est pas nécessairement parce que l'on élimine le gourou de la secte que la secte s'arrête. Parfois, la tête du gourou repousse. Et même, ce peut être en pire.
En revanche, ne plus donner rien de soi, ceci est un long processus qui demande un travail de distanciation interne, mais nécessaire. Nous avons l'illusion de nous connaître. Nous croyons naïvement que si l'on nous supprimait nos repères, nous ne saurions pas faire face. Le totalitarisme risque de pousser de nombreuses personnes au fond de leurs retranchements, dans ce lieu de leur être où elles toucheront l'expérience de l'amour inconditionnel, de la transcendance, de la pulsion de vie, de l'énergie spirituelle comme le nommait Bergson, ce qui en retour leur donnera la foi, la force, le courage et la détermination.
L'heure de la persécution paranoïaque a sonné. Les ennemis semblent désignés, mais ne nous y trompons pas. Il ne faut jamais croire le langage de la perversion. Elle vous assure que, si vous consentez à faire ce que vous ne souhaitez pas faire, alors vous serez tranquille et tout ira bien pour vous. Elle exige que vous renonciez à un petit bout de territoire de vous-même. Puis, la boîte de Pandore étant ouverte, il vous sera toujours demandé plus, et encore plus. C'est le fonctionnement même de l'emprise perverse, de la mise en esclavage psychique et physique.
Alors, peut-être qu'aujourd'hui certains se rassurent, en se disant que, s'ils sont des citoyens obéissants, ils seront épargnés, puisque la vindicte désigne une catégorie d'individus en particulier dans un corps social désormais considéré malade, et qu'il conviendrait d'amputer. C'est une erreur.
Dans les systèmes harceleurs, tous ceux qui se soumettent docilement et font du zèle, espérant passer entre les gouttes, finissent par être persécutés puis exécutés.
Car la paranoïa est une folie raisonnante ; il faut entendre qu'elle n'a rien de rationnel et ne s'embarrasse pas de contradictions. Au diable la logique ! La logique devient ce que l'angoisse psychotique exige : de la persécution, du sang, des morts, pour se calmer, toujours temporairement. Aussi, cela procède à l'arbitraire, et par vagues. Tous les totalitarismes ont agi ainsi.
Soljenitsyne nota bien l'incrédulité des gens ; ils pensaient être de bons citoyens bolchéviques, n'avoir rien à se reprocher et pourtant, les rafles ne les épargnaient pas ! Cette incrédulité leur donnait ainsi l'illusion que quelqu'un s'apercevrait bien de leur innocence... mais rien n'est plus faux car leur erreur était la croyance aveugle en l'existence d'une rationalité, dans ce qui n'était qu'une folie empruntant de façon frauduleuse l'apparence de la raison.
Ne pas comprendre qu'il s'agit d'une folie au sens propre, d'une psychose paranoïaque qui perfuse sa contagion délirante dans le collectif, rend vulnérable.
L'individu perd du temps à tenter de justifier une logique rationnelle et raisonnable à ce qui n'est que langage infatué d'un délire ne s'embarrassant pas du principe de non-contradiction ! Ne pas se préparer psychologiquement au déferlement de la violence est une erreur, aussi. Car la paranoïa fait régresser les individus psychologiquement fragiles, et ils sont nombreux, dans la « banalité du mal »[3], celle que la charge traumatique du discours d'Emmanuel Macron a autorisée cette semaine en France. J'ai recueilli plusieurs témoignages de refus de soins d'êtres humains dans des hôpitaux ou cliniques car ils n'étaient pas « vaccinés »., notamment celui d'un chantage aux soins pulmonaires contre obligation vaccinale à un jeune non-vacciné, ou encore le refus de soins dentaires à un retraité non-vacciné, ou encore un ultimatum donné à une personne diabétique avec blessure : elle ne serait plus reçue, même en urgence, sans test ou sans ce que le pouvoir a convenu d'appeler un « vaccin ».
Le peuple français est harcelé, et certains, pensant atténuer la violence du harcèlement sur leur personne, font du zèle pour devenir les instruments de persécution des autres. Ils n'ont vraisemblablement eux non plus pas compris comment cela fonctionne... L'arbitraire, la logique de quotas, la recherche du mouvement éternel permettant d'assurer un contrôle des masses sont les ressorts des passages à l'acte du pouvoir totalitaire. Combien de maltraitances, combien de détresse, combien de souffrances, combien de persécutions, combien de morts, ce nouveau régime laissera-t-il dans l'Histoire ? Ce qui est sûr, c'est qu'il ne s'arrêtera pas en si mauvais chemin.
La psychose paranoïaque s'engage toujours au bout du déferlement totalitaire, avant d'agoniser en un râle exsangue, dans les mares de sang qu'elle a elle-même provoquées.
Puisque, depuis plus d'un an, nous ne parlons plus que de maladies et de morts, l'heure est venue pour ce type de questionnements métaphysiques : au moment de ma mort, aurai-je été en accord avec ma conscience concernant mon passé, mes actes, mes paroles ? Car il n'y aura rien d'autre que nous emporterons avec nous, que le scrupule moral dont notre conscience est le maître, et qu'elle nous oppose dans son miroir. « L'œil était dans la tombe et regardait Caïn »[4]... est-ce cela que l'on désire pour soi-même ?
Le totalitarisme accule à un choix, le non-choix devenant un choix par défaut : soit accepter de se faire avaler dans la pieuvre géante, en renonçant à son intimité et à tout ce qui constitue son individualité (le sacrifice total exigé par la paranoïa), soit déclarer sacré l'être humain en tant que régi, non pas par les nouvelles lois de la nouvelle normalité totalitaire, mais par des lois transcendantes et immuables (ne pas tuer, ne pas transgresser).
Nous voici encore et toujours revenus à Créon et Antigone.
Où placer le sacré dans notre existence ?
« Il n'y a que deux conceptions de la morale humaine, et elles sont à des pôles opposés. L'une d'elles est chrétienne et humanitaire, elle déclare l'individu sacré, et affirme que les règles de l'arithmétique ne doivent pas s'appliquer aux unités humaines — qui, dans notre équation, représentent soit zéro, soit l'infini. L'autre conception part du principe fondamental qu'une fin collective justifie tous les moyens, et non seulement permet mais exige que l'individu soit en toute façon subordonné et sacrifié à la communauté — laquelle peut disposer de lui soit comme d'un cobaye qui sert à une expérience, soit comme de l'agneau que l'on offre en sacrifice. »[5]Seule la Littérature est capable de restituer l'expérience totalitaire, car elle invite à retourner dans l'intime, cet intime que le pouvoir paranoïaque veut dévorer, de façon cannibale, en bloquant les issues de secours à l'incorporation, l'intime des sentiments, les états d'âme, la vibration de l'être en proie à ses doutes, à ses errances, à son désespoir mais également à sa volonté, à ses aspirations, à ses décisions, à ses convictions. Dans le cadre des ateliers « Littérature et Totalitarisme », qui auront lieu à partir du 12 août 2021, je mettrai notamment au travail l'œuvre de Koestler, Le Zéro et l'Infini[6].
Un dernier mot : nous ne sommes que de passage... dans ce « theatrum mundi », où nous jouons tous des rôles, desquels nous sommes plus ou moins dupes, où les uns et les autres se jugent (de mauvais citoyens mettant en danger les autres en n'acceptant pas les contraintes imposées par le gouvernement, de mauvais citoyens contribuant à la perte des libertés etc.), je suggère de revenir en ce moment à la méthode phénoménologique de Husserl dont je perçois de plus en plus qu'elle a été conceptualisée en réaction à l'idéologie totalitaire nazie : l'épochè. Qu'est-ce que l'épochè ? C'est la suspension du jugement, un antidote salutaire face à la surinterprétation paranoïaque qui a contaminé l'espace social. Suspendre son jugement face au délire, ne pas tenter d'y rentrer ni de le comprendre à tout prix, suspendre son jugement face à la surexposition des signes et des interprétations données. Suspendre son jugement et s'en distancer, pour ne pas sombrer dans les effets projectifs en miroir (que l'on voit si souvent dans les phénomènes harceleurs), et notamment, ne surtout pas sombrer dans « la fin justifie les moyens », adage politique selon lequel, pour se libérer du tyran, et au nom d'un autre idéal tyrannique (liberté et abolition de l'oppresseur « à tout prix »), il devient permis de devenir tyran à son tour en utilisant des méthodes similaires.
Ataraxie (suspension des émotions — absence de troubles émotionnels) et épochè (suspension du jugement) sont des outils de la philosophie, qui peuvent aider au témoignage, car c'est bien le témoin qui en définitive humanisera toute cette affaire, en ce qu'il inscrira les traces et la mémoire, et fera vivre l'adage latin « Homo sum humani a me nihil alienum puto »[7].
2 — De la violence en phase totalitaire
Un pouvoir qui perd son autorité bascule dans la violence. Et à cette violence « d'en haut » répond, en mode miroir, la violence « d'en bas » laquelle sera utilisée à son tour par le « haut » pour légitimer son oppression. Telle est la phase dans laquelle certains pays vont entrer, alors que d'autres y sont déjà.
Quelle est la sortie possible de ce cercle vicieux ?
« Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité, même à ses devoirs. Il n'y a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout.Quelle curieuse citation de Rousseau, au regard de l'actualité que nous vivons, où tant de personnes consentent à renoncer à leur liberté sous couvert d'un mensonge, sans pour autant avoir le couteau sous la gorge, loin de là. Tout simplement, parce qu'elles aspirent pour beaucoup à la conservation de leur confort, et de leurs privilèges, et parce qu'elles y ont été enchaînées peu à peu. Heureux en esprit les pauvres. Beati pauperes spiritu, que j'ai toujours eu envie de traduire, non pas de façon traditionnelle ¾ celle respectant l'ordre des mots en latin ¾ en « heureux les pauvres en esprit », mais : « heureux en esprit les pauvres », tant la puissance spirituelle est précisément le cadeau divin accordé aux démunis privés de tout sur le plan matériel.
Une telle renonciation est incompatible avec la nature de l'homme. »
~ Rousseau, Le Contrat Social
Venons-en à notre sujet du jour. Face au déferlement totalitaire, la tentation d'une réponse violente est de plus en plus visible. Sur le plan de l'expérience, il m'apparaît que, dans un avenir proche pour certains pays (je songe à la France), et en cours pour d'autres (notamment la Colombie), le moment historique de la violence est inévitable, en tant que miroir comportemental de la radicalisation totalitaire. Mais nécessité fait-elle loi ? Autrement dit, la violence, qui est un passage de la dialectique historique des événements, est-elle pour autant légitime ?
La mise au pas totalitaire appelle de ses vœux son lot d'affrontements violents, notamment physiques, entre le peuple et le pouvoir.
Ce sont des événements au cours desquels les représailles sont extrêmement violentes sur le peuple. Le harcèlement va se durcir. C'est la Terreur au sens propre, lorsque le peuple, dont désormais une plus grande partie commence à comprendre que les discours n'étaient pas si honnêtes que cela, entend remettre en question le projet totalitaire. Après la capture perverse charmeuse et séductrice, le vrai visage se montre, hideux, haineux, contrôlant, surveillant toutes les issues, y compris les issues de secours. Les cartes sont abattues. Dans les violences conjugales, cela s'apparente à la scène d'étranglement lorsque la victime, qui ressent désormais un inconfort certain dans ce couple qui lui avait paru idyllique au départ, veut partir mais s'aperçoit qu'elle est désormais prise en otage. Tu ne pars plus, et si tu veux partir, je te tue. C'est bien la prochaine étape, et l'on découvre d'ailleurs çà et là combien le plan était bien ficelé : reconnaissance faciale, QR code pour accéder aux hôpitaux, aux transports, à la station d'essence, aux supermarchés... Mon Dieu, les « complotistes » avaient raison, et certains étaient bien en-deçà de la réalité.
Les peuples sont pris en otage au sens littéral !
La violence surgit lorsque le pouvoir a perdu son autorité. Il confisque alors le monopole de la violence. Tandis que la violence est instrumentale, « le pouvoir trouve en lui-même sa propre fin », nous dit Hannah Arendt[8]. C'est toujours la question politique de la fin et des moyens qui est posée. En clair, la fin justifie-t-elle les moyens ? Le pouvoir n'est pas un moyen, mais « la condition même qui peut permettre à un groupe de personnes de penser et d'agir en termes de fins et de moyens » (Ibid.). Lorsque le rapport vertical et transcendantal (transformation, sublimation et autorité dans le rapport au sacré) à la violence est perdu, la violence s'exprime dans l'horizontalité des rapports sociaux. Car nous sommes, avec le totalitarisme, dans la fameuse « crise sacrificielle » de René Girard, celle qui n'institue plus le sacré sous forme symbolique, mais a besoin de sacrifier au sens propre ses citoyens.
Avec la mise au pas totalitaire, la violence renforce son emprise : à la violence du pouvoir sans autorité qui entend se maintenir « à tout prix » au pouvoir, répond la violence du peuple qui revendique sa libération d'un pouvoir devenu tyrannique. « Le règne de la pure violence s'instaure quand le pouvoir commence à se perdre » nous dit Hannah Arendt. La décomposition du pouvoir étatique par la violence s'illustre dans des tentatives communardes, révolutionnaires, et une reprise en main de l'instrument de la contrainte par des revendications populaires. Il existe un corps-à-corps entre le corps du Prince ou du pouvoir, et le corps social du peuple. Rappelons que dans la paranoïa, le second degré n'existe pas : tout est pris au pied de la lettre, donc le corps social, pour les ambitions totalitaires, est un corps qu'il s'agit de mater. Qui bouge aura la tête tranchée, et sa vie ne vaudra pas davantage que « l'étêtage d'un chou », pour reprendre l'expression employée par Hegel au sujet de la Terreur instituée par Robespierre. La violence est donc inévitable en réponse à l'ambition totalitaire, qui désacralise l'individu, pour lui substituer la sacralisation des masses, et l'idéologie fondée sur l'idolâtrie.
La désintégration interne du pouvoir laisse le champ libre à l'explosion de la violence.
Le pouvoir se radicalise dans la violence, tandis que le peuple, se réappropriant une légitimité d'action dans de hauts faits passés (pour les Français, la Révolution française, la Commune, les Gaulois etc.), s'investit du droit à la violence comme instrument de résistance. La légitimation étant trouvée dans l'appel au passé, la justification de la violence se définira par l'objectif dans le futur. Il faut que cette violence soit non seulement légitimée dans le passé, mais aussi justifiée par une haute idée du futur, pour qu'elle devienne acceptable aux yeux des mouvements populaires.
Rappelons néanmoins que, si la violence semble un mal nécessaire dans le processus dialectique de l'Histoire, elle est en revanche incapable radicalement d'instaurer le pouvoir politique. « La violence peut détruire le pouvoir, elle est parfaitement incapable de le créer » rajoute Hannah Arendt. En ce sens, elle n'est que l'outil d'un moment de l'Histoire, comme la désintégration nécessaire survient dans les sols naturels. Il existe une loi immuable de la naissance, de la croissance, de la maturité, du déclin, de la mort et de la décomposition qui préside aux plantes comme aux Empires. De plus, la légitimation dans le passé glorieux des hauts faits d'armes du peuple qui reprend son pouvoir, ou la justification dans le futur par de nobles idéaux dont le principal revendiqué est celui de la liberté, ne prémunissent pas du caractère arbitraire de la violence.
L'idéal peut rapidement glisser en idéologie utopiste, tout aussi totalitaire que celle de l'ennemi.
Car nous avons affaire, encore une fois, à une psychose collective, la paranoïa, qui est très peu comprise, et qui contamine les psychismes, y compris ceux des résistants (dans le langage, en particulier). De ce fait, il est fréquent de voir se dresser dans la résistance des figures tout aussi effrayantes que celles qui sont prétendues être combattues, avec des procédés identiques. C'est l'œuvre de la paranoïa collective et de ses mécanismes spéculaires.
L'autorité est la fondation du pouvoir, son socle, sa garantie de durée sur un plan temporel[9]. En clair, il existe une opposition farouche entre autorité et harcèlement, comme sur les tape-culs infantiles, lorsque l'autorité décroît le harcèlement monte, et lorsque l'autorité est en haut, le harcèlement se maintient au ras des pâquerettes. Pour Hannah Arendt, la violence n'est jamais légitime, raison pour laquelle elle doit s'inventer une légitimité passée, et se trouver une justification dans sa finalité. Le pouvoir fondé sur l'autorité en revanche est toujours légitime ; il est reconnu inconditionnellement par un consensus populaire.
Mais, m'opposera-t-on, il existe la légitime défense, qui est une violence légitime ! Et comment d'ailleurs se libérer autrement de la tyrannie, que par le meurtre de César ?
Dans le contexte totalitaire, qui est encore différent de la tyrannie simple, c'est plus complexe encore, dans la mesure où les moyens pour se libérer du joug de la paranoïa collective prennent souvent une importance disproportionnée par rapport à la fin qui doit les justifier, et n'est jamais atteinte. En clair, un surcroît d'arbitraire est inséparable de la violence elle-même.
La fermeture totalitaire et l'inhibition des mouvements empêchent en effet les modes exutoires traditionnels de la violence, qui agissent comme des régulateurs, ou des bouchons de cocotte-minute, pour que l'œuvre civilisatrice, qui n'est souvent qu'un mince vernis, puisse se maintenir. Il en était ainsi de certaines fêtes dans l'Antiquité, comme le Théâtre grec (destiné à purger les passions), les Saturnales (chez les Romains, les serviteurs prenaient alors la place des maîtres et vice-versa, dans un temps limité), ou plus près de nous, le Carnaval par exemple. Cette institution sociétale, sinon politique, de la décharge pulsionnelle, permettait de médiatiser et de contrôler la violence dont chacun est porteur, afin de revenir à un ordre des choses qui soit de nouveau stabilisé. En interdisant tous ces outils régulateurs, et les fêtes en particulier, et notamment le Carnaval, le pouvoir totalitaire indique qu'il s'attribue le monopole de la violence et ne permet plus sa décharge que par la façon dont lui l'a décidé, dans l'élimination du symbolique. C'est effectivement, en ce sens, un hold-up.
Affaiblir le totalitarisme revient donc bien à le dessaisir de ce monopole de la violence.
Supposer que toute violence est moralement condamnable ne semble donc pas juste, car parfois, elle est la seule issue pour réclamer une existence libre. La première violence subie par l'humain, c'est de lui ôter sa liberté, la seconde, qu'il ne se batte pas pour la reprendre. N'oublions pas non plus que, dans les mythes, c'est aussi la violence qui fait sortir de la paranoïa dévorante : violence de la castration d'Ouranos par son fils Chronos, à la demande de sa mère. Il va bien falloir que la victime fuie ou anéantisse son mari violent ! Mais au regard des mécanismes en miroir lors des résistances au totalitarisme, avec une violence disproportionnée ou justifiée « à tout prix », il convient d'être prudent. La violence, quoique passage obligé et sans doute nécessaire dans la dialectique historique, ne peut pas être légitime en soi, du moins du côté des valeurs chrétiennes qui ont constitué le socle notre civilisation européenne, à savoir la charité, et l'amour du prochain. L'expérience démontre aussi qu'il n'existe que deux issues : soit la paranoïa s'autodétruit et s'auto-consume, soit elle continue sa logique guerrière d'expansion jusqu'à l'anéantissement. Dans tous les cas, elle est vouée à l'échec, car je rappelle que c'est un délire qui se cognera nécessairement sur le réel et finira par désenfler, à proportion de l'incroyance des masses.
Freud dans Pourquoi la guerre ? de 1932, indique à Einstein que, ce qui remet en marche une civilisation, ce sont deux piliers. Le premier est l'amour, la charité « aime ton prochain comme toi-même ». Le second est l'identification, c'est-à-dire la capacité de retrouver dans le visage de l'autre humain un autre soi-même, uni par un fil conducteur sacré, alors que le totalitarisme n'est que l'incarnation de la haine de l'autre. Dans tous les cas, la violence n'est jamais qu'un moment dans l'Histoire. Elle passera, comme le reste, et nous devons anticiper la reconstruction, à partir de nos racines, de notre culture, de ce qui précisément a traversé les siècles, œuvre que nous nous devons de poursuivre : archiver, conserver, préserver la culture des rafles totalitaires, à la manière des moines du Moyen-Âge, pour maintenir et garantir le lien de transmission à travers les âges de l'Humanité. Du moins, tant que cela sera possible, il faut et il suffit que quelques-uns s'y engagent.
3 — Le prélude pervers sur le corps
« L'objet propre de la biopolitique, c'est la « vie nue » (zôè), qui désignait chez les Grecs « le simple fait de vivre », commun à tous les êtres vivants (animaux, hommes ou dieux), distincte de la « vie qualifiée » (bios) qui indiquait « la forme ou la façon de vivre propre à un individu ou un groupe ».C'est bien cette prétention à régir cette vie nue, qui est clairement apparue depuis le premier trimestre 2020 : les restrictions des mouvements jusqu'à l'immobilisation (confinements, isolement), la distance imposée entre les corps (la « distanciation sociale »), la réduction des visages à la pulsion scopique (le seul regard), la respiration contrainte etc. Désormais, l'injection obligatoire est l'initiation incontournable du nouveau « contrat social » tracé au rythme de nuits frénétiques à l'Assemblée Nationale en France. La vie sociale, économique et politique, l'accès aux soins, à l'instruction et aux loisirs, en d'autres termes, la « civilisation », ne seront bientôt plus autorisés qu'aux seuls initiés : ceux qui auront reçu le marquage corporel exigé par le pouvoir.
~ Giorgio Agamben[10]
Pour instaurer la logique totalitaire, Hannah Arendt avait noté l'utilisation de méthodes des sociétés secrètes : quiconque n'est pas inclus par des rituels, est exclu ; les opinions divergentes sont supprimées ; la loyauté exigée est totale. Les rituels obsessionnels compulsifs ont pénétré l'espace social depuis des mois, et condamné à la répétition traumatique perpétuelle, par le rappel de la soumission : se laver les mains avant de rentrer chez les marchands du temple, par exemple. Le corps est réduit à une muselière avec une laisse : sont actuellement à l'étude un bracelet électronique qui indiquera à combien de distance vous avez le droit de bouger, et « des mesures plus intrusives » encore, notamment le collier pour chien qui bipe ![10]
Interdit aux non-vaccinés et aux chiens, peut-on lire à certains endroits, dits « culturels ».
Il s'agit d'une emprise violente sur l'individu, annihilant le corps symbolique. Le virus informatique est le modèle dominant. Un individu « infecté » est considéré comme un ordinateur « à nettoyer ». « Le Grand Reset » est une opération économique à grande échelle qui reprend une terminologie informatique.
Ce serait une erreur de réduire le phénomène totalitaire actuel au seul champ sanitaire. Car la pseudo-logique paranoïaque est un rapport global au monde fondé sur des croyances idéologiques, organisées autour de la persécution de l'être humain. Avec le discours d'Emmanuel Macron en France, du 12 juillet 2021, il est acté que le corps du citoyen est la propriété du Souverain. Le Souverain n'est plus le peuple, comme dans la très révolue démocratie rousseauiste, mais bel et bien une caste dirigeante fanatique du contrôle et du transhumanisme, qui entend non plus seulement contraindre les corps, mais les faire plier. « Mon corps m'appartient » n'est plus qu'un vague souvenir de revendications féministes d'une époque ancestrale. Le corps appartient au Suzerain, et c'est cela qui, entre autres, a fait traumatisme dans ce discours. « Liberté » crient les manifestants. Les corps s'insurgent dans la rue en réponse à l'ambition totalitaire de les contraindre et asservir. Et si l'on refuse ce marquage ? Punition, chantage, bannissement, ostracisme et persécution. « O si, o si », comme dit le dicton en espagnol, une seule réponse possible : le peuple doit obtempérer.
La déshumanisation totalitaire suppose la désacralisation du corps humain. L'instrumentalisation perverse précède l'anéantissement des corps, car la perversion est l'adjudant-chef de la psychose paranoïaque dans son projet mortifère de destruction totale. Elle lui déroule le tapis rouge pour la création de « l'homme nouveau », en procédant à l'éradication de « l'homme ancien ». Le délire paranoïaque perçoit le corps social non plus comme un ensemble d'individus, mais comme une masse faisant littéralement corps, et qui serait malade. Pour sauver le tout, il faudrait donc sacrifier des parties. Mais la persécution ressentie par le pouvoir ne cessera pas : elle s'étendra de façon arbitraire à la totalité des citoyens, vécus comme diffus dans ce grand corps. Il y a là une hypocondrie délirante d'interprétation endogène, selon l'équation :
1° = > Je ressens un malaise dans mon corps.Telle est la méthode paranoïaque appliquée aux masses.
2° = > Mon corps me persécute.
3° = > Je dois persécuter mon corps pour que ce malaise cesse.
Jusqu'ici, les corps étaient implicitement réduits à leur capacité de production. Ce qui était présent mais caché est devenu visible : dans les « motifs impérieux » à invoquer cette année, il y avait le travail.
Le travail a été considéré plus impérieux que la naissance d'un petit-fils ou d'une petite-fille, par exemple. Vous pouviez venir de l'étranger en France pour y travailler, et non pour aider un proche en difficulté, ni accueillir une naissance dans votre famille. Si le corps ne produit plus suffisamment, ou s'il est « non-essentiel » : on harcèle et on jette.
Surveillé et dressé, le corps biologique devient peu à peu instrument du politique : chaque individu est absorbé comme « membre » du corps social, dont seront contrôlés les faits et gestes. Le corps est un contenant inerte susceptible d'être touché par un virus s'il ne porte pas un masque, avec une gestion statistique de corps infectés ou non infectés : l'individu est réduit à un « cas », et le corps, à un état mécanique, et interchangeable. L'inverse de la médecine ! Si la médecine est un art, c'est parce que précisément dans le soin, il s'agit pour le médecin de savoir, à partir de son expérience, de ses connaissances, de son talent thérapeutique, quels traitements donner à ce patient en particulier, avec son histoire, à ce moment-là de son existence, et selon ses prédispositions, son anamnèse, ses habitudes, son tempérament et son terrain. Dans le phénomène totalitaire, c'est la même réponse pour tous : tous les corps se valent. Au diable les dangers de chocs anaphylactiques post-vaccinaux[11], le rituel initiatique d'intégration au nouveau corps social doit fatalement comporter un danger de mort. Il faut une véritable initiation, une qui soit signée dans le sang, sinon cela ne compte pas.
Qu'il s'agisse d'exhiber le corps nu à tout-va, ou d'enfermer les corps dans des carcans insoutenables, c'est bien le statut même du corps dans sa visibilité sociale qui est en jeu. Le corps devient la marque de l'idéologie : en jupes pour les garçons, entièrement dissimulé pour des intégrismes religieux, en hypersexualisé pour les petites filles mannequins, souillé, violé et fétichisé dans l'esthétique moderne de la « nouvelle normalité » (cf. le Christ en croix baignant dans le sang et l'urine de l'artiste[12] — à noter, les Corses n'ont guère apprécié l'exposition[13] — , « le Vagin de la Reine » à Versailles[14], le plug anal de la place Vendôme[15]).
Des médias sont allés jusqu'à indiquer qu'il serait conseillé de porter un masque dans les relations sexuelles intimes, au fond de la chambre à coucher. Pourquoi pas les fouets et les menottes, tant qu'on y est, et les caméras pour que le pouvoir totalitaire surveille si les ébats ont lieu selon les codes en vigueur ? Je rappelle que le ministère de la Santé français au travers du site onsexprime.fr, a, depuis des années, sélectionné ses sept positions sexuelles favorites à transmettre aux enfants (site sans limite d'âge, conseillé à l'école aux enfants dès 11 ans)[16]. Sept, et pas davantage. Avec les « droits sexuels », il ne s'agit pas de favoriser une sexualité épanouie, mais de traumatiser dès le plus jeune âge et de contrôler la façon de jouir des futurs adultes : pourvu que ce soit sans amour ! Les « droits sexuels » prévoient d'ailleurs l'enseignement de la prostitution (selon l'OMS, pour les 15 ans et plus, l'enseignement des « relations sexuelles de nature transactionnelle (prostitution, mais aussi sexe en échange de petits cadeaux, repas, sorties, petites sommes d'argent), la pornographie »[17] : « mon corps m'appartient », signifie désormais l'apologie de la prostitution : j'ai le droit de marchander mon corps.
Quelle bien curieuse liberté : celle de se transgresser et d'être transgressé.
Résumons la « nouvelle normalité » : le sexe sans l'amour, l'art sans la beauté, la médecine sans le soin, la politique sans le citoyen.
Certains grands industriels et financiers très présents dans l'idéologie sanitaire depuis 2020 le sont aussi dans les « droits sexuels et reproductifs » de l'OMS. Les « Standards pour l'éducation sexuelle en Europe », un torchon scientiste fondé sur des lobbies pro-pédophiles, promeut la sexualité comme une « matière » à enseigner dès « 0 an », avec l'adulte comme « partenaire », et des « compétences » à valider, sans aucune considération pour le développement psychique de l'enfant, mais aussi les « bébés sur-mesure » et autres joyeusetés. Parler de cette perversion institutionnelle expose à des représailles inimaginables (calomnies, insultes, menaces de mort etc.). Dans la population, le tabou et le déni règnent : nul n'a envie de savoir la réelle nature de ce projet transgresseur des enfants.
Ne nous y trompons pas.
La façade sanitaire a permis l'avancée d'autres facettes du totalitarisme mondial.
Dans le totalitarisme, le corps est marchandé, en pièces détachées ou en totalités. Votre consentement est présumé implicite, par exemple, pour le don d'organes. C'est un peu pareil pour la politique « vaccinale » de l'OMS, qui brandit désormais le « consentement implicite »[18]. Si vous n'avez pas manifesté un refus, vous êtes supposé consentant. Cela m'évoque un article dans la revue Sexology, dirigée notamment par John Money (pionnier du changement de sexe par la chirurgie chez les jeunes enfants, au sein de l'équipe Kinsey). Beryl H. Levy, professeur de droit y édite un article « qu'est-ce que le viol » ? où il s'agit d'étudier « l'absence de consentement » : « Il doit être démontré que la femme s'est battue comme une tigresse. Il doit être prouvé qu'elle a résisté de toute sa force et avec tous les moyens à sa disposition : poings, pieds, ongles, dents, cris etc. Certains experts sont d'avis qu'il est impossible pour un homme de violer une femme en bonne santé et de force moyenne... »[19].
Avec les pervers, c'est toujours sans violence n'est-ce pas : votre consentement est toujours présumé !
Sans rentrer dans le détail des évolutions en cours, c'est bien d'un monde à la Huxley dont il est question : bébés éprouvettes, utérus artificiels, suppression de la filiation et de la famille, manipulations génétiques, créations de chimères hommes/animaux, euthanasie, etc. Le tout agrémenté par le traditionnel abus des riches contre les pauvres, doublé de la misogynie d'un patriarcat des plus ancestraux : des femelles pauvres, aux corps exploités, pour produire des bébés aux mâles riches consommateurs[20].
Avec le projet totalitaire, le corps est contraint, immobilisé tout autant qu'exposé, objet d'expérimentation, de transgression, en particulier sexuelle ; le corps est réduit à sa capacité de production et à sa valeur marchande, en entier ou en pièces détachées. La violence perverse vient marquer les corps, les exhiber dans leur souffrance, les mécaniser, les transgresser, les égaliser, les traiter de manière interchangeable. En désanimant le corps (en lui supprimant son âme), elle fait le lit de l'ambition paranoïaque : l'annihilation pure et simple des corps, et partant, des esprits.
Notes & références [regroupées - NdE] [1] « Le harcèlement, chef-d'œuvre de la paranoïa », article paru dans Santé mentale n° 243, décembre 2019.
[2] Pour ceux qui souhaitent approfondir les mécanismes du harcèlement, je renvoie à ma somme sur le sujet : Harcèlement : Psychologie et Psychopathologie
[3] Pour reprendre l'expression d'Hannah Arendt.
[4] Poème « La Conscience » de Victor Hugo.
[5] Koestler, A. Le Zéro et l'Infini.
[6] Atelier Littérature et Totalitarisme — Penser le phénomène totalitaire
[7] Terence repris par Montaigne dans le célèbre « je suis un homme, et rien d'humain ne m'est étranger ».
[8] Hannah Arendt, Sur la violence
[9] Je renvoie à mon livre Psychopathologie de l'autorité, Paris, Dunod, 2019.
[10] Homo Sacer, le pouvoir souverain et la vie nue, Seuil, 1997 ; Ce qui reste d'Auschwitz, Bibliothèque Rivages, 1999.
[11] « Les trois sénateurs reprennent aussi l'idée de l'entreprise suédoise Essity, qui avait voulu équiper ses employés d'un boîtier connecté pour faire respecter les distanciations, en janvier 2021. Porté autour du cou, il devait émettre un son de 85 décibels, soit l'équivalent d'un réveille-matin, si deux employés étaient trop proches. » https://www.marianne.net/societe/big-brother/malades-sous-bracelets-electroniques-le-senat-imagine-des-mesures-en-cas-de-super-covid
[12] La nuit du 25 au 26 juillet 2021, un amendement a été proposé pour exempter du pass sanitaire les personnes qui risquent un choc anaphylactique. L'amendement a été rejeté.
[13] Piss Christ d'Andres Serrano.
[14] https://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2014/08/28/03015-20140828ARTFIG00064--piss-christ-a-ajaccio-les-corses-demandent-sa-deportation.php
[15] Anish Kapoor.
[16] https://www.onsexprime.fr/extension/onsexprime/tools/app-position/index.html, cf. mon livre L'imposture des droits sexuels, 4e réédition en 2020.
[17] Standards pour l'éducation sexuelle en Europe, p. 50.
[18] http://www.henrydarthenay.com/2021/07/l-oms-presente-le-concept-de-consentement-implicite-pour-la-vaccination.html
[19] What is Rape?, article tiré du magazine Sexology, de juin 1961, p. 744-748.
[20] https://www.lalibre.be/debats/opinions/2018/09/19/un-salon-pour-la-gestation-pour-autrui-gpa-commerciale-a-bruxelles-ce-week-end-non-INZLEJLN35CPHF4O3V265RITXI/ : « au salon "Men having babies", des firmes proposent sur catalogue un éventail de mères porteuses potentielles qui acceptent ¾ moyennant salaire ¾ de porter un enfant. Le prix global d'un enfant - réduit à une marchandise- se situe entre 95 000 et 160 000 dollars. »
À propos de l'auteurSources de l'article initialement publié en trois parties dans le magazine L'Antipresse — accès réservé aux abonnés — et reprises sur le site personnel d'Ariane Bilheran :
Ariane Bilheran est normalienne (Ulm), philosophe, psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie, spécialisée dans l'étude de la manipulation, de la paranoïa, de la perversion, du harcèlement et du totalitarisme.
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