Andrew Pollard, professeur en maladies infectieuses à l'Université d'Oxford a déclaré que le variant Delta, hautement contagieux, a anéanti les espoirs de parvenir à une immunité collective. "Le variant Delta a changé l'équation de l'immunité collective", a déclaré le développeur du vaccin Oxford/AstraZeneca.

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Selon le Pr Andrew Pollard, il est probable que très bientôt, les tests ne serviront à diagnostiquer le Covid que chez les personnes symptomatiques.
S'exprimant lors d'une réunion parlementaire britannique mardi 10 août, le professeur a déclaré que l'obtention d'une immunité collective n'était "plus possible" désormais, alors que le variant Delta continue de circuler. "Nous savons très clairement que le variant Delta, continue d'infecter les personnes qui ont été vaccinées et cela signifie que toute personne qui n'est pas encore vaccinée, à un moment donné, rencontrera le virus", a déclaré Andrew Pollard.

"Les personnes vaccinées transmettent toujours le virus"

Il a ajouté qu'il était peu probable que l'immunité collective soit un jour atteinte et que le prochain variant du Covid-19 sera "peut-être encore plus efficace pour se transmettre dans les populations vaccinées". Les personnes vaccinées peuvent encore contracter le variant Delta, mais en développant des symptômes plus bénins que les non-vaccinés.

Certains experts avaient espéré que l'immunité de groupe pourrait être atteinte avec le Covid-19, comme ce fut le cas avec la rougeole — qui était également très contagieuse. De nombreux pays ont atteint l'immunité collective contre la rougeole en vaccinant 95 % de leur population, comme aux États-Unis par exemple, où la transmission endémique a pris fin en 2000. En effet, une fois qu'une personne est vaccinée contre la rougeole, elle ne peut plus transmettre le virus.

Avec le Covid-19, les vaccins remplissent toujours leur rôle principal : protéger contre les maladies graves. Selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), les personnes vaccinées qui attrapent le variant Delta ont 25 fois moins de risques de développer des formes graves du virus ou de mourir. L'écrasante majorité de ceux qui l'attrapent ne présentent que des symptômes légers ou nuls.


Commentaire : Allégation contredite par les données israéliennes : Israël : « 95% des patients sévères sont vaccinés » (Dr Kobi Haviv)


Mais de plus en plus de preuves suggèrent qu'avec le variant, les personnes entièrement vaccinées peuvent encore transmettre le virus. "Nous n'avons rien qui puisse empêcher cette transmission du Covid-19 à d'autres personnes", a déclaré Andrew Pollard.

Israël en est un bon exemple : les cas de Covid-19 ont chuté dans le pays après la vaccination d'environ 80% des adultes. Ce qui a fait espérer à certains qu'ils avaient atteint une immunité collective... Mais le variant Delta a depuis provoqué une nouvelle flambée de nouveaux cas de Covid-19.

Version originale : Marianne Guenot/Business Insider


Commentaire : Dans une interview publiée le 11 août 2021 dans le Sydney Morning Herald, le Pr Pollard demande « l'arrêt des dépistages massifs, pour que la Grande-Bretagne puisse enfin commencer à vivre avec le virus ».
Les scientifiques qui se sont adressés au groupe parlementaire britannique multipartite sur le coronavirus ont déclaré qu'il était temps d'accepter qu'il n'existe aucun moyen d'empêcher la propagation du virus dans l'ensemble de la population, et que la surveillance des personnes présentant des symptômes légers n'était plus utile. (...) "Nous n'avons rien qui puisse arrêter la transmission, donc je pense que nous sommes dans une situation où l'immunité collective n'est pas envisageable, et je soupçonne que le virus va diffuser un nouveau variant encore plus performant dans sa capacité à infecter les individus vaccinés."

Une analyse effectuée par Public Health England a montré que lorsque les personnes vaccinées attrapent le virus, elles ont une charge virale similaire à celle des personnes non vaccinées, et elles peuvent être tout aussi infectieuses.

Paul Hunter, professeur à l'Université d'East Anglia et expert en maladies infectieuses, a déclaré à la commission : "Le concept d'immunité collective est irréalisable, car nous savons que l'infection se répandra au sein des populations non vaccinées, et les dernières données suggèrent que deux doses ne protègent probablement qu'à 50 % contre l'infection.

"Nous devons arrêter de déclarer les infections et, à la place, opter pour le signalement du nombre de personnes malades. Sinon, nous allons nous faire peur avec des chiffres très élevés qui ne se traduisent pas par une charge de morbidité."

Mardi, Sajid Javid, le secrétaire à la Santé, a confirmé que des rappels (troisièmes doses) seraient administrés à partir du mois prochain.

Cependant, Pollard a argué que la Grande-Bretagne pourrait être en train de vacciner continuellement la population sans aucun bénéfice réel pour la santé si les tests de masse se poursuivent.

"Je pense que si nous considérons la population adulte à l'avenir, si nous continuons à faire des tests à grande échelle et à nous inquiéter des résultats, nous allons nous retrouver dans une situation où nous sommes constamment en train de faire des rappels pour essayer de faire face à quelque chose qui n'est pas gérable", a-t-il déclaré.

"Il faut s'orienter vers des tests fondés sur les signes cliniques, où les gens sont prêts à se faire tester, traiter et être pris en charge, plutôt que de poursuivre les dépistages collectifs. Si une personne est malade, elle doit être testée, mais pour ses contacts, s'ils ne sont pas malades, il est logique qu'ils aillent à l'école et qu'ils soient éduqués."

Le Dr Ruchi Sinha, pédiatre consultant à l'Imperial College Healthcare NHS Trust, a déclaré aux députés et à ses pairs que le choix de ne pas vacciner les enfants serait peu susceptible de causer des problèmes au sein des services de santé.

"Ce qui compte, c'est la charge d'hospitalisation des patients et celle des soins critiques, et en fait, il n'y en a pas eu tant que ça avec ce variant Delta", a-t-elle déclaré. "Il s'agit généralement d'enfants présentant des comorbidités, une obésité ou des problèmes neurologiques graves, et ces enfants sont déjà pris en compte pour la vaccination. Le COVID-19 à lui seul n'est pas un problème en pédiatrie."

Traduction : SOTT