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La majorité de la presse européenne décrit Christine Lagarde comme favorite pour la succession de DSK à la tête du FMI en oubliant de mentionner son implication dans l'affaire Tapie. Les journalistes penseront-ils à ajouter les deux nouvelles accusations portées par Mediapart contre la ministre de l'Economie ? Si elles n'apparaissent pas comme de la même gravité que l'affaire Tapie, elles alourdissent pourtant son dossier. Son cabinet a été condamné en décembre pour avoir interrompu une enquête administrative défavorable à Euronext (qui gère la Bourse de Paris), et est accusé d'avoir licencié une salariée, membre du Nouveau centre et critique contre l'UMP.

La première affaire citée par Mediapart a été jugée en décembre par le tribunal administratif de Paris. Le ministère des Finances a été condamné, mais a fait appel.

"La justice a conclu que la ministre avait agi de manière illégale en interrompant brusquement, fin 2009, une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) susceptible d'incriminer la société Euronext, gestionnaire de la Bourse de Paris", explique Mediapart. La DGCCRF enquêtait sur les accusations d'un trader, assurant qu'Euronext avait "augmenté de manière occulte en 2003-2004" les frais d'entrée que les nouveaux traders devaient payer.

En novembre 2008, un procès verbal de la répression des fraudes indiquait que "l'existence d'une discrimination, absence de contrepartie, désavantage dans la concurrence, se trouvent simultanément réunies" dans cette affaire. Pourtant, fin octobre 2009, "le directeur de cabinet de Mme Lagarde, Alexandre de Juniac, indiquait par courrier au plaignant avoir mis en terme à l'enquête".

Dans ce dossier, le nom de Lagarde n'est pas cité directement, mais Mediapart affirme quelle y est mise en cause. La seconde affaire, qui devrait être jugée "prochainement" devant le même tribunal administratif, lui est en revanche directement liée, mais n'est pas de même nature. "Christine Lagarde est assignée devant le tribunal pour "détournement de pouvoir" par l'une de ses anciennes collaboratrices", indique le site d'info. Lynda Asmani, chargée de mission de communication à Bercy depuis 2002 et conseillère de Paris Nouveau Centre, a été licenciée le 30 juin 2010, officiellement pour cause de réduction d'effectifs à Bercy. Or,"elle estime avoir payé ses prises de position au sein de la majorité et juge que son licenciement est entaché d'illégalités". En 2008, assure le site, "les poids lourds parisiens de la majorité n'avaient pas apprécié de voir la jeune porte-parole du groupe se présenter pour la présidence de la fédération UMP de la capitale. A commencer par Rachida Dati et Christine Lagarde, qui avaient un temps songé à se présenter."

La jeune femme a ensuite démissionné de l'UMP, pour rejoindre le nouveau centre. Elle assure s'être plainte de son licenciement auprès des proches collaborateurs de Lagarde, puis en avoir discuté avec la ministre elle-même, mais aussi avec Claude Guéant lorsqu'il était secrétaire général de l'Elysée et avec François Fillon, ainsi qu'avec son chef de cabinet, Franck Robine. Elle regrette manifestement de ne pas avoir été dirigée vers un autre poste.