Une équipe de chercheurs de l'université de Lille étudie des échantillons d'un astéroïde rapportés par la mission japonaise Hayabusa 2 pour tenter de comprendre la formation du système solaire et déterminer comment l'eau est apparue sur la Terre.
Illustration de la surface d'un astéroïde
Illustration de la surface d'un astéroïde. — Université de Lille
  • La mission spatiale Hayabusa 2 a rapporté sur terre des échantillons prélevés sur un astéroïde carboné.
  • Plusieurs de ces échantillons, vieux de 4,5 milliards d'années, ont été confiés à une équipe de scientifiques de l'université de Lille.
  • Les analyses de ces matériaux primitifs, lancées début septembre, devraient permettre de mieux comprendre la formation du système solaire.
Depuis le début du mois de septembre, l'équipe du professeur Hugues Leroux, à l'Unité Matériaux et Transformation de l'université de Lille, a entre ses mains deux échantillons d'une matière très précieuse. Il s'agit de minuscules grains de poussière, invisibles à l'œil nu, prélevés en 2020 sur un astéroïde carboné par la mission spatiale japonaise Hayabusa 2. Si petits soient-ils, ces échantillons pourraient notamment apporter des réponses sur la formation de notre système solaire.

La mission Hayabusa 2 n'a rapporté sur Terre que 5 grammes de cette matière extraterrestre. « La petite taille de cet astéroïde à permis à la poussière de sa surface de ne pas avoir évolué depuis la formation du système solaire. Nous avons donc sous les yeux de la matière vieille de 4,5 milliards d'années. C'est une plongée dans le temps pour essayer de sonder quel était l'état de la matière à cette époque », s'enthousiasme Hugues Leroux. L'analyse de ces matériaux primitifs est ainsi pleine de promesses, notamment parce que c'est la première fois que les scientifiques disposent d'échantillons d'un astéroïde carboné.

« C'est une matière qui n'a rien d'équivalent sur Terre »

L'équipe d'Hugues Leroux a donc commencé l'étude de cette matière extraterrestre, « de l'échelle du micromètre jusqu'à l'atome » grâce au microscope électronique de haute technologie de l'université. « C'est une matière qui n'a rien d'équivalent sur Terre. On regarde notamment son agencement, sa composition chimique, la taille des grains qui la composent », précise le scientifique. Les premiers résultats ont déjà montré quelques différences avec des météorites connues : « c'est plus poreux et l'on a une microstructure différente que l'on essaie de comprendre », avance Hugues Leroux, bridé dans ses explications par des résultats très partiels et un embargo scientifique.

La suite pourrait se révéler cruciale pour comprendre comment l'eau est apparue dans le système solaire interne, soit les quatre premières planètes, dont la Terre. « On va rechercher l'eau dans ces objets. Pas sous forme liquide ou de glace, mais sous forme de silicates hydratés. Et les premières analyses des échantillons montrent qu'il y en a beaucoup », détaille le scientifique. Reste à déterminer si ces silicates ont contribué à disperser l'eau dans le système solaire, « y compris là où l'eau liquide ou sous forme de glace n'était pas possible », ajoute Hugues Leroux.

Les chercheurs lillois travaillant sur le projet, baptisé TEM-Aster, livreront un premier bilan d'étape de leurs études préliminaires début 2022. Un autre cycle d'études commencera ensuite, lequel devrait durer plusieurs années.