nord stream
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Récemment, le gaz naturel, une source d'énergie pratique, a subi de fortes hausses de prix à la suite de manipulations purement politiques. Au lieu de payer si cher, les Allemands pourraient utiliser le gaz naturel russe. Les Russes ont terminé la pose du Nord Stream 2, un gazoduc pour le gaz naturel qui mène directement à l'Allemagne. S'il est mis en service, le prix du gaz naturel baissera et les Allemands auront chaud l'hiver prochain. Mais d'abord, le NS 2 doit être autorisé ; il doit satisfaire à certaines conditions politiques qui ont été établies il y a quelque temps afin d'empêcher le NS 2 de livrer du gaz bon marché. Les politiciens exigent que le gazoduc ait plus d'un propriétaire, car il a été construit par la société russe Gazprom. En outre, ils affirment que la Pologne et l'Ukraine doivent pouvoir exprimer leurs objections avant que le gaz russe bon marché ne soit autorisé à franchir la frontière allemande. Pourtant, la Pologne et l'Ukraine sont les concurrents de Gazprom ! Si cela dépend de leur permission, aucun gaz ne passera jamais par le NS 2 ; au contraire, il continuera à être livré à un prix beaucoup plus élevé via l'Ukraine et la Pologne, fortement antirusses.

Poutine a cassé la hausse des prix du gaz en exprimant sa confiance dans le fait que le problème serait bientôt résolu. S'il avait souligné que c'est loin d'être certain, le prix serait resté très élevé, apportant encore plus de dividendes aux investisseurs de Gazprom. Poutine a-t-il agi contre ses intérêts (et ceux de la Russie) par pur altruisme ? Certes pas. Mais Poutine veut une entreprise saine et durable, apportant des bénéfices stables chaque année ; d'autre part, les négociateurs allemands et européens veulent que les prix du gaz naturel soient intolérablement élevés, pour forcer les citoyens à passer à l'électricité. La Russie pourrait faire de gros bénéfices aujourd'hui, mais il n'y aurait rien pour demain. Poutine préfère avoir des clients satisfaits de son gaz en Europe.

Les Européens pourraient bénéficier d'une énergie moins chère, tant pour se chauffer que pour se déplacer, mais leurs dirigeants ne le permettront pas. Ils ont décidé que les prix de l'énergie seront élevés, très élevés ; vous ressentirez chaque degré centigrade/Fahrenheit dans votre poche. Poutine a déclaré que les Européens ont fait un mauvais calcul lorsqu'ils ont décidé d'abandonner les combustibles traditionnels. Peut-être a-t-il dit cela par gentillesse, car il n'y a pas le moindre doute : les dirigeants européens et nord-américains savaient que les carburants « propres » sont beaucoup plus chers et beaucoup moins fiables, et c'est ce qu'ils ont quand même choisi.

Cela pourrait-il s'expliquer par leur hostilité envers la Russie ? Aucun des pays riches en gaz naturel et en pétrole (Iran, Venezuela, Russie) n'est un allié privilégié de l'UE et du Royaume-Uni. Il semble que les dirigeants européens soient déterminés à faire geler toutes les maisons qui sont chauffées au gaz naturel. Les régulateurs britanniques ont rejeté les plans de Shell pour développer le champ gazier de la mer du Nord, et Shell n'est pas une société russe ou iranienne. Mon explication : ils veulent tuer le pétrole et le gaz ; et que les citoyens se les gèlent, cela ne les dérange pas. Au Royaume-Uni, les factures de carburant vont augmenter de 400 £ ; et celui qui ne peut pas se le permettre, qu'il souffre.

Cette crise politique de l'énergie est mondiale. Une des raisons est l'achat massif par les gouvernements de technologies solaires et éoliennes peu fiables. Une autre raison : l'énergie combustible est sous-investie. Pendant plusieurs années, les entreprises du secteur de l'énergie ont cru qu'il ne valait pas la peine de dépenser de l'argent dans les combustibles traditionnels ; on leur a dit que les combustibles étaient en voie de disparition. Aujourd'hui, elles vont peut-être y repenser. Maintenant que nous réalisons que nous avons encore besoin de gaz et de pétrole, nous ferions mieux de commencer à investir en Russie, car ces produits ne se trouvent que dans les lointaines contrées sauvages de l'Arctique. Il faut du temps et de l'argent pour développer de nouveaux champs gaziers.

Le problème est que les Européens de l'Est aiment tromper les Russes. Ils savent que les Russes sont détestés par les élites américaines et européennes ; ils pensent donc obtenir de meilleurs résultats par le biais de litiges. Ils ne cessent de déplacer les poteaux de but pour assurer leur victoire. Les Russes ont commencé à construire le NS 2 il y a quelques années ; pour contrer cette évolution, la directive gaz a été appliquée au NS 2 en 2020. C'est une décision particulière : la directive n'existait pas lorsque les Russes ont commencé à construire le gazoduc. Mais les dirigeants est-européens sont extrêmement malhonnêtes. L'avocat général Michal Bobek a récemment demandé à la Cour de modifier sa décision. Le fera-t-il, oui ou non ?

Si l'UE ne permet pas aux Russes d'exploiter le gazoduc comme ils l'entendent, peut-être les Européens ne recevront-ils pas de gaz naturel du tout. Et alors, ce sera cet hiver très froid qui décidera pour les Européens. La question est de savoir s'ils préfèrent rester bien chauffés, ou s'ils préfèrent entuber les Russes, quitte à se retrouver congelés.

Les Russes acceptent également l'idée du réchauffement climatique. Ils pensent que dans le cadre du Green New Deal, ils pourront faire valoir leurs talents de mécaniciens, leurs études supérieures. C'est plus adapté pour eux que de se contenter de vendre du pétrole comme le font les Saoudiens. Cependant, il est loin d'être certain que des emplois sophistiqués apparaîtront réellement. La Russie est peut-être assez froide, mais elle a un grand avantage dans les systèmes de chauffage nationaux construits à l'époque soviétique. En hiver, il fait plus chaud dans les appartements de Moscou qu'à Jérusalem. En Israël, l'hiver est froid ; on est mieux loti à Moscou - comme je l'ai découvert il y a des années.

La Russie est assaillie par l'Ukraine et la Pologne, deux États voisins très hostiles, et pourtant Poutine veut toujours jouer le jeu avec eux. Alors que l'hiver s'installe, nous verrons très bientôt si les régulateurs persistent. Fin octobre, se tiendra la conférence de Glasgow et nous allons voir combien les Européens sont prêts à payer pour « sauver le climat ».