Note du traducteur : Cet article constitue la deuxième partie de la série sur Moderna écrite par Whitney Webb. La première partie s'attache aux quelques années tumultueuses pour Moderna, qui sont devenus synonymes de quasi faillite juste avant l'arrivée de la plandémie de Covid-19 : L'histoire de Moderna — Une entreprise en quête d'une « intervention miraculeuse de la Sainte Vierge ». La seconde partie, objet de cet article, se concentre sur l'histoire de Moderna depuis l'avènement de cette même plandémie de Covid-19. Quant à la troisième partie, comme annoncé par l'auteur en fin d'article, elle examinera comment le miracle tant attendu par Moderna qui s'est produit lors de la crise du Covid-19 n'était que le début de son sauvetage miraculeux, puisque l'entreprise a depuis non seulement étendu son partenariat avec le gouvernement des États-Unis, mais aussi avec une entreprise liée à la CIA.

Selon le contexte, le terme « vaccin » a été soit mis entre guillemets, soit changé pour produit transgénique nommé « vaccin anti-Covid-19 » ou par « produit transgénique » tout simplement. Dans le cas de citations, il est laissé tel quel. Sauf indication contraire, toutes les emphases (italique et gras) sont de notre fait.

Bonne lecture.
Le Covid-19 a fait disparaître les obstacles réglementaires et les difficultés rencontrées lors des essais thérapeutiques, ceux-là mêmes que Moderna n'avait jamais pu surmonter auparavant. Pourtant, comment Moderna a-t-elle su que le Covid-19 créerait ces conditions des mois avant qui que ce soit d'autre, et pourquoi a-t-elle affirmé plus tard que son produit transgénique nommé « vaccin anti-Covid-19 » testé dans les essais menés au sein des Instituts nationaux de la santé des États-Unis était différent de son candidat commercial ?
Moderna et le Covid-19
© Inconnu
Fin 2019, l'entreprise biopharmaceutique Moderna était confrontée à une série de défis qui menaçaient non seulement sa capacité à mettre un jour un produit sur le marché, et donc à réaliser des bénéfices, mais également sa propre existence en tant qu'entreprise. De nombreux signes avant-coureurs indiquaient que Moderna n'était dans le fond qu'une énième escroquerie semblable à celle de Theranos, et nombre de ces signes se sont multipliés et aggravés à mesure que la décennie touchait à sa fin. La première partie de cette série en trois volets a exploré les circonstances désastreuses dans lesquelles Moderna se trouvait à l'époque, le salut de la société reposant sur l'espoir d'un miracle divin, une sorte d'« intervention miraculeuse de la Sainte Vierge », selon les termes mêmes d'un ancien employé de Moderna.

Si la crise du Covid-19 qui a éclaté au début de l'année 2020 peut difficilement être décrite comme le fruit d'une intervention divine bienveillante pour la plupart des gens, elle peut certainement être considérée comme telle du point de vue de Moderna. Les principaux problèmes de l'entreprise, notamment les obstacles réglementaires apparemment insurmontables et son incapacité à dépasser les essais sur les animaux pour ses produits les plus prometteurs — et les plus rentables — ont été comme par hasard balayés, et juste au moment le plus opportun. Depuis janvier 2020, la valeur de l'action de Moderna — qui avait entamé une baisse constante depuis son introduction en bourse — est passée de 18,89 dollars par action à sa valeur actuelle de 339,57 dollars par action, grâce au succès de son produit transgénique nommé « vaccin anti-Covid-19 ».

Pourtant, comment ce miracle pour Moderna a-t-il pu se produire, et quels ont été les facteurs et les événements qui lui ont permis de passer le cap de la procédure d'autorisation d'utilisation d'urgence de la FDA ? En examinant cette question, il devient rapidement évident que le cheminement de Moderna vers une grâce salvatrice ne s'est pas limité à rogner sur les essais animaux et humains et sur les réglementations fédérales. En effet, si l'on en croit les dirigeants de Moderna, il s'agissait de fournir des formulations pour certains essais qui n'étaient pas les mêmes que celles de leur candidat commercial anti-Covid-19, alors que les données résultant des premiers étaient utilisées pour vendre le produit transgénique nommé « vaccin anti-Covid-19 » de Moderna au public et aux autorités sanitaires fédérales. Ces données ont également été publiées de manière sélective à certains moments pour s'aligner sur des transactions boursières planifiées à l'avance par les dirigeants de Moderna, faisant de nombreux employés de haut rang de Moderna des millionnaires, voire des milliardaires, alors que la crise du Covid-19 était synonyme de calamité économique pour la plupart des citoyens des États-Unis [et ailleurs - NdT].

En outre — comme le montrera la deuxième partie de cette série de trois articles — Moderna et une poignée de ses collaborateurs des Instituts nationaux de la santé des États-Unis semblaient savoir que le miracle de Moderna était en train de se produire — bien avant que quiconque ne le sache ou ne puisse le savoir. Ce qui a conduit Moderna et les Instituts nationaux de la santé à planifier le développement d'un produit transgénique quelques jours avant la publication de la séquence virale et des mois avant qu'un « vaccin » ne soit considéré comme nécessaire pour une maladie encore inconnue, était-il vraiment le résultat d'un mélange fortuit de « prévoyance » et de « hasard heureux » ? Si c'est le cas, pourquoi Moderna, une entreprise clairement sur la corde raide, a-t-elle tout misé sur un projet de « vaccin » dont la nécessité n'était pas à l'époque démontrée ?

Les origines du hasard heureux du produit transgénique de Moderna nommé « vaccin anti-Covid-19 »

Lorsque, début janvier 2020, la presse a annoncé qu'une nouvelle épidémie de coronavirus avait éclaté à Wuhan, en Chine, Stéphane Bancel, Pdg de Moderna, a immédiatement envoyé un courriel à Barney Graham, directeur adjoint du Centre de recherches sur les Vaccins des Instituts nationaux de la santé des États-Unis, pour demander qu'on lui envoie la séquence génétique de ce qui allait devenir le Sras-CoV-2, prétendument parce que les reportages des médias sur l'épidémie le « troublaient ». La date de cet e-mail varie selon les médias, mais la plupart d'entre eux estiment qu'il a été envoyé le 6 ou le 7 janvier.

Quelques semaines avant le mail de Stéphane Bancel à Barney Graham, alors que l'« intervention miraculeuse de la Sainte Vierge » dont Moderna avait désespérément besoin ne s'était toujours pas concrétisée, l'entreprise approchait à grands pas du naufrage. Stephen Hoge se souviendra plus tard de la situation de Moderna à la fin de l'année 2019 : « Nous étions paniqués par le manque d'argent ». Non seulement les dirigeants « réduisaient la recherche et les autres dépenses » comme jamais auparavant, mais — et comme STAT News le rapporterait plus tard
« l'argent des investisseurs avait cessé d'affluer et les partenariats avec certains fabricants de médicaments avaient été interrompus. Lors des réunions chez Moderna, Stéphane Bancel insistait sur la nécessité de maximiser chaque dollar et les employés étaient priés de réduire leurs déplacements et autres dépenses, une frugalité annoncée comme devant durer plusieurs années. »
À la toute fin de l'année 2019, Barney Graham était d'une humeur très différente de celle de Stéphane Bancel : il avait envoyé un mail au chef de l'équipe chargée des coronavirus dans son laboratoire des Instituts nationaux de la santé pour lui dire « Préparez-vous pour 2020 », considérant apparemment les nouvelles en provenance de Wuhan fin 2019 comme un signe avant-coureur qui annonçait quelque chose d'important. Quelques jours avant d'être contacté par Stéphane Bancel, il a continué à « ressasser un sujet qui tournait dans son esprit depuis des années » et a téléphoné à son collègue de longue date Jason McLellan, « pour parler de stratégie » afin de prendre de l'avance sur la production d'un « vaccin » dont le monde ignorait encore qu'il serait nécessaire. Peu après, lorsque Stéphane Bancel a contacté Barney Graham pour lui poser des questions sur ce nouveau virus, ce dernier lui a répondu qu'il ne le savait pas encore mais qu'« ils étaient prêts s'il s'agissait d'un coronavirus ». Le Washington Post a affirmé que la prescience apparente de Barney Graham sur la nécessité d'un « vaccin » contre un coronavirus avant que quiconque ne sache officiellement quel type de maladie circulait à Wuhan était un mélange propice de « hasard heureux et de prévoyance ».
Le Dr Barney Graham et le Dr Kizzmekia Corbett et les sénateurs Chris Van Hollen, Benjamin Cardin et Jamie Raskin, le 6 mars 2020
© NIH — https://nihrecord.nih.gov/2020/03/20/congressional-delegation-gets-coronavirus-updateLe Dr Barney Graham et le Dr Kizzmekia Corbett, responsable au Centre de recherches sur les Vaccins du vaccin contre les coronavirus, discutent de la recherche sur le Covid-19 avec les sénateurs Chris Van Hollen, Benjamin Cardin et Jamie Raskin, le 6 mars 2020
Un article du magazine Boston offre un compte-rendu légèrement différent de celui rapporté par le Washington Post. Selon l'article de ce dernier, Barney Graham avait déclaré à Stéphane Bancel : « Si [le virus] est un coronavirus, nous savons quoi faire et nous avons prouvé que l'ARNm est efficace. » Selon celui du magazine Boston, cette affirmation d'efficacité de Barney Graham faisait référence aux données publiées en septembre 2019 par Moderna concernant ses premiers essais sur l'être humain avec son candidat « vaccin » contre le chikungunya — financé par la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) — ainsi que son candidat « vaccin » contre le cytomégalovirus.

Comme nous l'avons mentionné dans la première partie de cette série, les données de l'étude sur le « vaccin » contre le chikungunya publiées à l'époque comprenaient la participation de seulement quatre sujets, dont trois ont développé des effets secondaires importants qui ont amené Moderna à déclarer qu'elle modifierait la composition du « vaccin » en question et mettrait en pause les essais le concernant. Dans le cas du candidat « vaccin » contre le cytomégalovirus, les données étaient pour la plupart positives, mais il a été largement souligné qu'il devait encore passer par des essais cliniques plus vastes et plus longs avant que son efficacité ne soit réellement « prouvée », comme le prétendra plus tard Barney Graham. En outre, ce dernier a laissé entendre que cet essai précoce du candidat « vaccin » contre le cytomégalovirus de Moderna était en quelque sorte la preuve qu'un « vaccin » à ARNm serait efficace contre les coronavirus, ce qui n'a aucun sens puisque le cytomégalovirus n'est pas un coronavirus mais appartient à la famille des virus qui comprend la varicelle, l'herpès et le zona.

Barney Graham et son équipe des Instituts nationaux de la santé travaillaient en partenariat direct avec Moderna sur les vaccins depuis 2017, et peu après la décision de l'entreprise de repousser à la fois son programme de thérapie contre le syndrome de Crigler-Najjar et ses autres produits thérapeutiques connexes en faveur des vaccins, Stéphane Bancel avait apparemment tendu la main à Barney Graham. Selon le magazine Boston, Moderna avait travaillé en étroite collaboration avec Barney Graham et de manière spécifique « sur la quête [de Moderna] pour mettre sur le marché une toute nouvelle classe de vaccins », ce qui avait conduit Barney Graham à personnellement visiter les installations de Moderna en novembre 2019. Dans les années qui ont précédé la crise du Covid-19 mais également pendant celle-ci, le Dr Anthony Fauci, directeur de la division des maladies infectieuses des Instituts nationaux de la santé — le NIAID — a qualifié la collaboration de son Centre de recherches avec Moderna comme étant « tout à fait extraordinaire ».

L'année 2017, en plus d'être celle où Moderna a réorienté ses recherches vers les vaccins (en raison de son incapacité à produire des thérapies multidoses sans danger, voir la première partie), fut également une grande année pour Barney Graham. Cette année-là, lui et son laboratoire avaient déposé un brevet pour la technique de « mutation 2P » par laquelle les protéines Spike recombinantes du coronavirus peuvent être stabilisées dans un état de préfusion et utilisées comme immunogènes plus efficaces. Si un « vaccin » contre le coronavirus était produit à l'aide de ce brevet, l'équipe de Barney Graham en tirerait un bénéfice financier — bien que la loi fédérale plafonne leurs redevances annuelles. Néanmoins, la somme serait tout de même considérable pour les scientifiques impliqués, dont Barney Graham.

Toutefois, et en raison des difficultés notoires liées au développement d'un « vaccin » contre les coronavirus — notamment le risque de facilitation de l'infection par des anticorps — l'utilisation commerciale du brevet de Barney Graham semble avoir été une utopie. Pourtant, aujourd'hui, le brevet sur la mutation 2P, également connu sous le nom de brevet '070, n'est pas seulement utilisé dans le produit transgénique de Moderna, mais aussi dans ceux produits par Johnson & Johnson, Novavax, Pfizer/BioNTech et CureVac. Des experts de la faculté de droit de l'université de New York ont noté que le brevet sur la mutation 2P déposé pour la première fois en 2016 « semble remarquablement prémonitoire » à la lumière de la [soi-disant - NdT] crise du Covid-19 qui a émergé quelques années plus tard, tandis que des publications ultérieures des Instituts nationaux de la santé — toujours avant le Covid-19 — ont révélé que l'opinion de ces mêmes Instituts sur « l'ampleur et l'importance du brevet '070 » ainsi que sur ses potentielles applications commerciales était également très prémonitoires, compte tenu du fait qu'avoir une telle opinion à l'époque n'était pas vraiment justifié.

Le 10 janvier, trois jours après la première conversation entre Barney Graham et Stéphane Bancel sur l'épidémie d'un nouveau coronavirus à Wuhan, en Chine, Barney Graham rencontrait Hamilton Bennett, le responsable du programme des vaccins de Moderna. Barney Graham a demandé à Hamilton Bennett
« si Moderna était intéressé par l'utilisation du nouveau [coronavirus] pour tester ses capacités de fabrication accélérée de vaccins. »
Selon l'article de Boston, Graham a ensuite pensé :
« De cette manière [...] si un jour un nouveau virus émergeait et menaçait la santé publique mondiale, Moderna et les Instituts nationaux de la santé pourraient savoir combien de temps il leur faudrait pour réagir. »
Si l'on considère les déclarations qu'il a faites précédemment à d'autres personnes, comme « Préparez-vous pour 2020 » et le fait que son équipe, en collaboration avec Moderna, serait « prête si [le virus qui circulait alors à Wuhan, en Chine] s'avérait être un coronavirus », les « pensées » de Barney Graham à Hamilton Bennett sont intrigantes. S'agit-il simplement de « hasard heureux » et de « prévoyance », comme le suggère le Washington Post, ou s'agit-il d'autre chose ? Il convient de noter que les récits mentionnés ci-dessus sont ceux qui ont été communiqués par Stéphane Bancel et Barney Graham eux-mêmes, le contenu réel de ces mails cruciaux de janvier 2020 n'ayant pas été rendu public.

Lorsque la séquence génétique du Sras-CoV-2 a été publiée le 11 janvier [2020], les scientifiques des Instituts nationaux de la santé et ceux de Moderna se sont mis au travail pour déterminer quelle séquence génétique ciblée serait utilisée dans leur candidat « vaccin ». Des rapports ultérieurs ont toutefois affirmé que ce travail initial de recherche d'un produit transgénique n'était qu'un « projet de démonstration ».

D'autres aspects étranges de l'histoire du développement du produit transgénique nommé « vaccin anti-Covid-19 » par Moderna et les Instituts nationaux de la santé des États-Unis sont apparus avec le récit de Stéphane Bancel, notamment sur le rôle joué par le Forum économique mondial dans l'élaboration en janvier 2020 de sa « vision » du développement d'un produit transgénique. Lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, Stéphane Bancel aurait commencé à entendre parler le 21 janvier 2020 d'une « version bien plus sombre de l'avenir ». Il a aussi passé du temps avec « deux éminents experts en maladies infectieuses d'Europe [anonymes] » lesquels ont partagé avec lui des données provenant de « leurs contacts sur le terrain en Chine, notamment à Wuhan ». Ces données, selon Stéphane Bancel, faisaient état d'une situation catastrophique qui l'a « abasourdi » et l'a amené à conclure, le jour même, que « ce ne sera pas le Sras. Ce sera la pandémie de grippe de 1918 ».
Stéphane Bancel, Forum économique mondial, le 24 janvier 2020.
© Forum économique mondial — https://www.flickr.com/photos/worldeconomicforum/49433402091/Stéphane Bancel s'exprime lors de la session « Les progrès dans le traitement du cancer » à la réunion annuelle du Forum économique mondial, le 24 janvier 2020.
C'est cette prise de conscience qui aurait conduit Stéphane Bancel à contacter Noubar Afeyan, cofondateur et président de Moderna, ainsi qu'un pionnier de la technologie du Forum économique mondial. Stéphane Bancel aurait interrompu la célébration de l'anniversaire de la fille de Noubar Afeyan pour lui faire part de « ce qu'il avait appris sur le virus » et lui suggérer que « Moderna commence à fabriquer le vaccin — pour de bon ». Le lendemain, Moderna a tenu une réunion de direction, à laquelle Stéphane Bancel assistait à distance, et un débat interne très animé a eu lieu sur la nécessité d'un « vaccin » contre le nouveau coronavirus. Pour Stéphane Bancel, le « simple fait de débattre » de la recherche d'un « vaccin » contre le virus était « absurde », étant donné qu'après une seule journée à Davos il était désormais convaincu que
« une pandémie mondiale était sur le point de s'abattre comme un fléau biblique, et que les désaccords — quels qu'ils soient — causés par le vaccin au sein de Moderna étaient sans importance. »
Stéphane Bancel a passé le reste de son temps à la réunion annuelle de Davos à « établir des partenariats, susciter l'enthousiasme et obtenir des financements », ce qui a conduit à l'accord de collaboration de Moderna avec la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies — un projet largement financé par Bill Gates. (L'étroite relation de Stéphane Bancel et Moderna avec le Forum économique mondial, qui remonte à 2013, a été abordée dans la première partie, de même que les efforts du Forum — entrepris bien avant le Covid-19 — pour promouvoir les thérapies basées sur l'ARNm comme étant essentielles à la refonte du secteur des soins de santé à l'Ère de la « quatrième révolution industrielle »). Lors de la réunion annuelle de 2020 à laquelle Stéphane Bancel et d'autres personnes ont assisté, il a été noté qu'un obstacle majeur à l'adoption généralisée de ces technologies et d'autres technologies de « soins de santé » connexes était la « méfiance du public ». Le débat dans lequel cette question a été discutée de manière spécifique s'intitulait « Quand l'être humain l'emporte sur l'évolution ».

Comme nous l'avons également indiqué dans la première partie de cette série, quelques mois plus tôt, en octobre 2019, les principaux acteurs de ce qui allait devenir le produit transgénique de Moderna nommé « vaccin anti-Covid-19 » — en particulier Rick Bright et Anthony Fauci — avaient discuté, lors d'une table ronde sur les vaccins menée par le Milken Institute, de la manière dont un événement « perturbateur » serait nécessaire pour pousser le public à accepter des vaccins « non traditionnels » que sont les dispositifs à ARNm, pour le convaincre aussi du caractère [soi-disant - NdT] bien plus effrayant des maladies de type grippal que ce qui est généralement admis, et pour supprimer en outre les actuels garde-fous bureaucratiques liés aux processus de développement et d'approbation des vaccins.

Cette table ronde a eu lieu moins de deux semaines après la simulation « Event 201 », organisée conjointement par le Forum économique mondial, la Fondation Bill & Melinda Gates et le Johns Hopkins Center for Health Security. L'« Event 201 » simulait
« une épidémie d'un nouveau coronavirus zoonotique [qui était] largement modélisé d'après le Sras mais [...] plus transmissible au sein des populations par des personnes présentant des symptômes légers. »
Les recommandations issues de cette simulation étaient d'augmenter de manière considérable les investissements dans les nouvelles technologies vaccinales et les approches industrielles qui favoriseraient le développement et la fabrication de « vaccins » à un rythme accéléré. Comme nous l'avons mentionné dans la première partie, le Johns Hopkins Center for Health Security a également réalisé en juin 2001 la simulation « Dark Winter » qui a précédé de peu et prédit les principaux aspects des attaques à l'anthrax qui se sont produites en 2001 ; à noter que certains de ses participants étaient manifestement informés de ces attaques. D'autres participants à la simulation « Dark Winter » se sont ensuite employés à saboter l'enquête du FBI sur ces attaques à partir du moment où il est apparu que leur origine provenait d'une source militaire des États-Unis.

Il est difficile d'imaginer que Stéphane Bancel, dont l'entreprise était depuis longtemps étroitement associée au Forum économique mondial et à la Fondation Gates, n'ait pas été au courant de la simulation et ait été surpris par l'événement [« réel » - NdT] très similaire qui s'est produit dans les trois mois qui ont suivi. Au vu des témoignages de Stéphane Bancel, Barney Graham et d'autres personnes, il est probable que l'histoire concernant les origines de l'effort précoce et « fortuit » de Moderna pour développer un produit transgénique nommé « vaccin anti-Covid-19 » ne s'arrête pas là. En outre, étant donné que Moderna était à l'époque dans une situation financière difficile, il semble étrange que l'entreprise ait tout misé sur un projet de « vaccin » auquel s'opposaient les quelques investisseurs qui étaient encore prêts à financer Moderna en janvier/février 2020. Pourquoi l'entreprise aurait-elle consacré ses maigres ressources à un projet né uniquement des « réflexions » de Barney Graham, selon lesquelles Moderna pourrait essayer de tester ses capacités à développer rapidement des « vaccins », et de la vision apocalyptique de Stéphane Bancel, selon laquelle une « peste biblique » était imminente, en particulier lorsque ses investisseurs étaient alors opposés à cette idée ?

Moderna réussit à court-circuiter ses sempiternels problèmes de recherche et de développement

Moderna a produit le premier lot de son candidat « vaccin anti-Covid-19 » le 7 février [2020], soit un mois après la conversation initiale entre Stéphane Bancel et Barney Graham. Après un test de stérilité et d'autres tests obligatoires, le premier lot de son candidat « vaccin », appelé mRNA-1273, a été expédié aux Instituts nationaux de la santé le 24 février. C'est alors que pour la première fois depuis longtemps, le cours de l'action Moderna a bondi. Les chercheurs des Instituts nationaux de la santé ont administré la première dose de ce produit candidat à un volontaire humain moins d'un mois plus tard, le 16 mars.

Pour pouvoir commencer le 16 mars son essai sur l'être humain, Moderna a été autorisée par les organismes de réglementation à contourner des aspects majeurs inhérents aux essais traditionnels sur les animaux, ce qui, selon de nombreux experts et commentateurs, était très inhabituel, mais, et bien qu'elle soit controversée, cette autorisation avait alors été jugée nécessaire en raison de l'urgence de la crise. Au lieu de développer son produit transgénique en plusieurs étapes séquentielles distinctes, comme c'est la coutume, Moderna a « décidé de réaliser toutes les étapes [relatives aux essais sur les animaux] de manière simultanée. En d'autres termes, cela revenait à confirmer l'efficacité du produit candidat avant la fabrication d'un vaccin de qualité animale, avant la réalisation des essais sur les animaux, avant l'analyse des données des essais sur les animaux, avant la fabrication d'un produit destiné aux essais sur l'être humain et avant le début de ces derniers. Par conséquent, la conception des essais sur l'être humain pour le produit candidat de Moderna ne reposait pas sur les données des essais sur l'animal [comme c'est habituellement le cas - NdT].
Lieutenant Javier Lopez Coronado et l'hospitalier Francisco Velasco
© Wikimedia — https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Moderna_COVID-19_vaccine_(2020)_B.jpgLe lieutenant Javier Lopez Coronado et l'hospitalier Francisco Velasco inspectent une boîte de flacons des produits transgéniques nommés « vaccins anti-Covid-19 » à la Naval Health Clinic de Corpus Christi aux Texas, décembre 2020.
Étant donné les problématiques persistantes de Moderna à obtenir que ses produits aillent plus loin que les essais sur les animaux, ce qui précède aurait dû faire retentir toutes les sirènes d'alarme. Jusqu'à la [soi-disant - NdT] crise du Covid-19, comme indiqué dans la première partie, la plupart des expérimentations et des produits de Moderna n'avaient été testés que sur des animaux, et seuls quelques-uns avaient pu être testés sur des êtres humains. Dans le cas de la thérapie contre le syndrome de Crigler-Najjar que Moderna a été contraint de retarder indéfiniment, des problèmes de toxicité liés au système d'administration d'ARNm utilisé étaient apparus lors des essais sur les animaux, ceux-là mêmes que Moderna était désormais autorisée à ignorer, dans une large mesure. Étant donné qu'en raison des mauvais résultats des essais sur les animaux Moderna a ensuite été contraint d'abandonner tous les produits multidoses, le fait d'être autorisé à sauter cet obstacle autrefois insurmontable a probablement été considéré comme une aubaine par certains membres de l'entreprise. Le fait que la décision réglementaire de l'autoriser à ignorer ces mêmes essais n'ait pas fait l'objet d'un examen plus approfondi est stupéfiant, compte tenu des antécédents de Moderna en matière d'essais sur les animaux.

Les études animales menées sur le produit transgénique de Moderna ont identifié des problèmes qui auraient dû être pris en compte dans les essais sur l'être humain, mais en raison de la décision réglementaire [nouvellement adoptée - NdT] cela ne s'est pas produit. Par exemple, les études animales de toxicité quant à la reproduction menées sur ce produit, qui sont citées par l'Agence européenne des médicaments, ont révélé une baisse de la fertilité chez les rats ayant reçu le produit — par exemple, indice de gestation global de 84,1 % chez les rats injectés contre 93,2 % chez les rats non injectés — ainsi qu'une proportion accrue d'un aberrant développement osseux dans leurs fœtus. Cette étude a été critiquée parce qu'elle ne rendait pas compte de l'accumulation du produit dans le placenta et qu'elle n'a pas étudié l'effet des doses « vaccinales » administrées pendant les étapes clés de la gestation, comme l'organogenèse embryonnaire. En outre, le nombre d'animaux testés n'est pas indiqué, ce qui ne permet pas de connaître la valeur statistique de l'étude. À tout le moins, la baisse de 9 % de l'indice de fertilité chez les rats injectés aurait dû inciter à élargir les essais sur les animaux afin d'étudier les problèmes de toxicité pour la reproduction avant de procéder à des essais sur les êtres humains.

Pourtant, Moderna a refusé d'étudier plus avant la toxicité pour le système reproducteur dans les essais sur les animaux et a entièrement exclu de les étudier dans ses essais simultanés sur les êtres humains, puisque les femmes enceintes étaient exclues de la participation aux essais cliniques de son produit transgénique. En dépit de cela, les femmes enceintes ont été désignées comme un groupe prioritaire pour recevoir l'injection après l'octroi d'une autorisation d'utilisation d'urgence pour les produits transgéniques de Moderna et de Pfizer/BioNTech. Selon le New England Journal of Medicine, cela signifie que
« les femmes enceintes et leurs médecins ont dû mettre en balance les risques documentés d'infection par le Covid-19 et les risques inconnus de la vaccination pour décider de recevoir ou non le vaccin. »
Ce n'est qu'à la mi-juillet 2021 que Moderna a commencé à recruter [des volontaires - NdT] pour une « étude d'observation des conséquences sur la grossesse » de son produit transgénique nommé « vaccin anti-Covid-19 » chez l'être humain, et cette étude devrait se terminer début 2024. Néanmoins, les Centres de contrôle des Maladies (CDC) recommandent l'utilisation du produit transgénique de Moderna nommé « vaccin anti-Covid-19 » chez
« les personnes [sic !] qui sont enceintes, qui allaitent, qui essaient de tomber enceinte maintenant ou qui pourraient tomber enceinte à l'avenir. »
Cette recommandation repose en grande partie sur des données préliminaires, publiés par les mêmes CDC en juin 2021, concernant l'innocuité du produit transgénique à ARNm nommé « vaccin anti-Covid-19 » chez les femmes enceintes, des données basés sur les systèmes de déclaration passive utilisés aux États-Unis — c'est-à-dire VAERS et v-safe.

Même dans le cadre limité de cette étude, 115 des 827 femmes dont la grossesse s'est achevée pendant l'étude ont perdu leur bébé, dont 104 étaient des avortements spontanés avant 20 semaines de gestation. Sur ces 827 femmes enceintes, seules 127 avaient reçu avant le troisième trimestre un produit transgénique à ARNm nommé « vaccin anti-Covid-19 ». Cela semble suggérer un risque accru chez les femmes injectées avant le troisième trimestre, mais la nature sélective des données rend difficile de tirer des conclusions définitives. Bien que le New England Journal of Medicine ait affirmé que les données de l'étude étaient « rassurantes », les auteurs de l'étude ont finalement déclaré que leur étude, qui portait principalement sur les femmes ayant commencé à se faire injecter au troisième trimestre, était incapable de tirer
« des conclusions sur les avortements spontanés, les anomalies congénitales et autres potentiels résultats néonatals rares. »
Il ne s'agit là que d'un exemple parmi d'autres des problèmes qui émergent lorsque les essais sur les animaux et les êtres humains du produit transgénique de Moderna nommé « vaccin anti-Covid-19 » menés par l'entreprise et par les Instituts nationaux de la santé, « brûlent les étapes ».

Pendant ce temps, tout au long des mois de février, mars et avril, Stéphane Bancel « mendiait de l'argent », car Moderna n'aurait pas « assez d'argent pour acheter les ingrédients essentiels aux injections » et aurait « besoin de centaines de millions de dollars, peut-être même de plus d'un milliard de dollars » pour fabriquer son produit transgénique dont les essais venaient de commencer. Stéphane Bancel, dont la carrière chez Moderna avait longtemps été marquée par sa capacité à charmer les investisseurs, est resté les mains vides.

Puis, à la mi-avril 2020, la coopération de longue date de Moderna avec le gouvernement des États-Unis a de nouveau porté ses fruits lorsque la Health and Human Services Biomedical Advanced Research and Development Authority (BARDA) a accordé à l'entreprise 483 millions de dollars pour « accélérer le développement de son candidat vaccin contre le nouveau coronavirus ». Un an plus tard, le montant investi par le gouvernement des États-Unis dans le produit transgénique de Moderna nommé « vaccin anti-Covid-19 » s'élevait à environ 6 milliards de dollars, soit à peine 1,5 milliard de dollars de moins que la valeur totale de l'entreprise au moment de son introduction en bourse avant le début de la [soi-disant - NdT] crise du Covid-19.
Note du traducteur : Voir la 8e Note du traducteur de la première partie pour en savoir plus sur la BARDA.
Tout au long de l'année 2020, la BARDA a été directement supervisé par le Bureau du Secrétaire adjoint à la Préparation et la Réponse (ASPR) du Département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis, dirigé par le très corrompu Robert Kadlec, lequel avait consacré à peu près les deux dernières décennies à concevoir la BARDA et à contribuer à l'élaboration de la législation qui concentrait au sein du bureau de l'ASPR un grand nombre de pouvoirs spéciaux dans un contexte d'urgence décrétée par le Département de la Santé. Comme par hasard, Robert Kadlec a occupé le rôle puissant de Secrétaire adjoint à la Préparation et la Réponse qu'il avait passé des années à façonner au moment exact où la pandémie, qu'il avait simulée l'année précédente via « Crimson Contagion », a eu lieu. Comme mentionné dans la première partie, il a également été en juin 2001 un participant clé de l'exercice « Dark Winter ». En 2020, et en sa qualité de Secrétaire adjoint à la Préparation et la Réponse, Robert Kadlec a supervisé presque tous les aspects majeurs de la réponse au Covid-19 du Département de la Santé et a joué pendant cette période un rôle clé dans les décisions de financement de la BARDA ainsi que dans les affaires des Instituts nationaux de la santé et de la Food and Drug Administration (FDA) en ce qui concerne les réponses thérapeutiques contre le Covid-19, y compris les « vaccins ».

Le 1er mai 2020, Moderna annonçait un accord de fabrication de dix ans avec le groupe Lonza, une société multinationale de chimie et de biotechnologie basée en Suisse. Selon l'accord, Lonza construirait des sites de production de vaccins pour le produit transgénique de Moderna nommé « vaccin anti-Covid-19 », d'abord aux États-Unis et en Suisse, avant de s'étendre aux installations de Lonza dans d'autres pays. L'échelle de production discutée dans l'accord était de produire chaque année 1 milliard de doses du produit transgénique de Moderna. Selon les déclarations, l'accord de dix ans porterait également sur d'autres produits, même s'il était alors notoire que d'autres produits Moderna étaient « loin d'être prêts à être commercialisés ». Les dirigeants de Moderna ont déclaré par la suite qu'au moment de la signature de l'accord avec Lonza Group ils avaient encore du mal à trouver les fonds nécessaires à la fabrication des doses.
Note du traducteur : Les actions du Groupe Lonza sont — sans surprise — en partie détenues par Vanguard et Blackrock. Le groupe figure parmi les leaders mondiaux du développement, de la fabrication et de la commercialisation de produits chimiques. Par ailleurs, l'entreprise Lonza est directement impliquée dans une pollution au mercure qui fut révélée en 2014 : l'entreprise a en a déversé plusieurs tonnes sur des parcelles le long du Grossgrundkanal à Viège, siège de l'entreprise, entre 1930 et le milieu des années 1970.
La décision de forger un partenariat pour produire annuellement cette quantité de doses laisse supposer une sacrée clairvoyance de la part de Moderna et de Lonza quant au fait que les injections anti-Covid-19 deviendraient annuelles ou semestrielles, étant donné que les allégations actuelles de baisse de l'immunité ne pouvaient pas être connues à l'époque puisque les premiers essais du produit transgénique de Moderna nommé « vaccin anti-Covid-19 » avaient commencé moins de deux mois auparavant et qu'aucune données sur son efficacité ou son innocuité n'étaient encore publiées. Toutefois, comme nous le verrons dans la troisième partie de cette série, Moderna a besoin de vendre sur une base annuelle des quantités de « niveau pandémique » de son produit transgénique anti-Covid-19 afin d'éviter un retour des crises existentielles auxquelles elle a été confrontée avant le Covid-19 (pour en savoir plus sur ces crises, voir la première partie). Les implications de cette situation, à savoir l'incapacité antérieure de Moderna à produire un dispositif à doses multiples qui soit sans danger et l'absence de preuve que les problèmes passés ont été pris en compte dans le développement de son produit transgénique nommé « vaccin anti-Covid-19 », seront également abordées dans la troisième partie de cette série.

Il convient également de noter que, comme Moderna, Lonza Group, en tant que société, et ses dirigeants sont étroitement affiliés au Forum économique mondial. En outre, au moment où l'accord a été conclu en mai 2020, Moncef Slaoui, l'ancien dirigeant de GlaxoSmithKline, siégeait aux conseils d'administration de Moderna et de Lonza Group. Deux semaines après la conclusion de l'accord précité, Moncef Slaoui s'est retiré des conseils d'administration des deux entreprises pour prendre la tête de l'opération de développement de vaccins « Warp Speed » menée par les États-Unis. Moderna a salué la nomination de Moncef Slaoui à la tête du projet de « vaccination ».

À la mi-mai, le cours de l'action Moderna — dont la baisse constante avant le Covid-19 a été décrite en détail dans la première partie — avait triplé depuis fin février 2020, tout cela grâce aux grands espoirs suscités par un « vaccin anti-Covid-19 ». Depuis que l'action de Moderna a commencé à monter en flèche en février, des médias ont noté que
« presque chaque mise à jour des progrès [et donc la hausse de la valeur de l'action - NdT] — ou apparition dans les médias de Stéphane Bancel, Pdg de Moderna — a été engloutie par les investisseurs, qui semblent avoir un appétit insatiable pour les actions. »
Bien que Moderna ait vacillé avant le Covid-19, la méthode éprouvée de Stéphane Bancel, qui consiste à maintenir l'entreprise à flot en faisant purement et simplement du buzz médiatique, a de nouveau porté ses fruits grâce à la crise mondiale et à la panique qui en a résulté.

Certaines critiques ont toutefois émergé, qualifiant d'« insensée » la valorisation de Moderna qui était alors de 23 milliards de dollars, surtout si l'on considère que l'entreprise avait affiché une perte nette de 514 millions de dollars l'année précédente, et que depuis sa fondation une décennie plus tôt, elle n'avait encore produit aucune thérapie qui soit sans danger ou efficace. En janvier 2020, Moderna ne valait plus que 5 milliards de dollars, soit 2 milliards de moins que sa valorisation lors de son introduction en bourse en décembre 2018. Sans le début de la crise du Covid-19 et une nouvelle injection de buzz médiatique, il est probable que la valorisation de Moderna aurait continué à fondre. Pourtant, les investisseurs valorisaient le produit transgénique de Moderna avant même la publication de toute donnée clinique, ce qui tombait à pic pour l'entreprise. À l'époque, les analystes du marché prévoyaient que les recettes de Moderna en 2022 s'élèveraient à environ 1 milliard de dollars, un chiffre basé presque entièrement sur les ventes de produits transgéniques contre le coronavirus, puisque tous les autres produits de Moderna ne pourraient pas être commercialisés avant des années. Pourtant, même avec ces prévisions de recettes, la valeur de l'action Moderna à la mi-mai 2020 s'échangeait à vingt-trois fois ses ventes prévues, un phénomène unique pour l'entreprise parmi les valeurs boursières biotechnologiques de l'époque. À titre de comparaison, les autres multiples les plus élevés dans le secteur de la biotechnologie à l'époque étaient ceux de Vertex Pharmaceutical et de Seattle Genetics, qui se négociaient alors respectivement à neuf et douze fois leurs recettes prévues. Aujourd'hui, avec la mise en œuvre des politiques de rappel d'injection dans le monde entier, les prévisions de recettes de Moderna indiquent qu'en 2022, l'entreprise réalisera des profits faramineux à hauteur de 35 milliards de dollars sur les ventes de son produit transgénique anti-Covid-19.

L'envolée du cours de l'action de Moderna s'est emballée lorsque, le 18 mai 2020, la société a publié des données intermédiaires « positives » pour un essai de phase 1 de son produit transgénique anti-Covid-19. Les résultats ont donné lieu à une couverture médiatique exceptionnelle, provoqué l'enthousiasme du public et entraîné une hausse de 20 % du cours de son action boursière. Quelques heures seulement après le communiqué de presse, Moderna annonçait un nouvel effort pour lever 1,3 milliard de dollars en vendant davantage d'actions. Il a depuis été révélé que pour gérer cette vente d'actions, Moderna avait le 15 mai engagé Morgan Stanley.

Cependant, ni la presse ni Moderna n'ont mentionné le fait que l'étude soi-disant « scientifique » a fourni des données sur le développement d'anticorps neutralisants qui provenaient de seulement 8 des 45 volontaires — 4 volontaires dans chacun des deux groupes de doses à 15 et 100 microgrammes. L'âge de ces 8 volontaires mystérieusement sélectionnés n'ayant pas non plus été publié, et d'autres données clés étant manquantes, il était donc
« impossible de savoir si le mRNA-1273 [le produit transgénique de Moderna nommé « vaccin anti-Covid-19 »] était inefficace [chez les 37 autres volontaires dont les données sur les anticorps n'ont pas été divulguées], ou si les résultats n'étaient pas à ce stade disponibles. »
Pendant ce temps-là, dans le groupe de volontaires qui ont reçu le dosage le plus élevé avec 250 microgrammes, 21 % ont présenté un événement indésirable de grade 3, défini par la FDA comme étant « une entrave à l'activité quotidienne et qui nécessite une intervention médicale. »

Le lendemain, STAT News a publié un article sceptique sur le communiqué de presse de Moderna, qui semblait indiquer que la publication des données avait pour but d'augmenter la valorisation de l'action boursière de l'entreprise, qui après l'annonce de la nouvelle a atteint 29 milliards de dollars. La journaliste de STAT News, Helen Branswell, a qualifié ce bond dans la valorisation « d'exploit étonnant pour une entreprise qui ne vend actuellement aucun produit ». Helen Branswell a noté plusieurs choses dans son article, notamment cette remarque de plusieurs experts en vaccins :
« sur la base des informations mises à disposition [par Moderna], il n'y a vraiment aucun moyen de savoir si le vaccin est épatant — ou pas. »
Moderna a expliqué plus tard les raisons pour lesquelles l'entreprise n'avait pas divulgué certaines données clés dans le communiqué de presse, en affirmant avoir agi ainsi dans le but de respecter « les lois fédérales sur les valeurs mobilières et les règles des revues scientifiques » et d'éviter une fuite potentielle des données de la part d'initiés des Instituts nationaux de la santé. Les dirigeants de Moderna ont plus récemment affirmé que la publication « opportune » de ces données sélectives était à l'époque liée à leurs efforts « désespérés » pour lever des fonds, et leur avait finalement permis de ne pas « perdre » la course au « vaccin anti-Covid-19 ».

L'article de STAT News note également que le NIAID qui menait l'essai auquel Moderna se référait dans le communiqué de presse, est resté totalement silencieux sur la question, et a, le jour de l'annonce de Moderna, refusé de la commenter ou de publier un communiqué de presse la concernant. Cette attitude a été décrite comme inhabituelle pour le NIAID, surtout si l'on considère qu'il s'agit de la partie de l'Institut de Santé qui co-développe avec Moderna le produit transgénique nommé « vaccin anti-Covid-19 » et qui dirige l'essai. L'article de STAT News précise aussi qu'en temps normal « le NIAID ne fait pas mystère de ses découvertes. L'institut annonce généralement ses résultats. » Pourtant, cette fois-là, il s'en est abstenu. Il s'est avéré au début du mois de juin 2020 que le Dr Anthony Fauci, responsable du NIAID, avait été mécontent de la décision de Moderna de publier des données incomplètes sur l'essai, déclarant à STAT News qu'il aurait préféré
« attendre d'avoir les données de toute la phase 1 [...] et de les publier dans une revue réputée en présentant toutes les données. »
Tal Zaks, responsable scientifique en chef de Moderna
© The Forward — https://forward.com/news/458670/who-is-tal-zaks-developer-of-modernas-covid-19-vaccine/Tal Zaks, responsable scientifique en chef de Moderna
Il est apparu par la suite que les principaux dirigeants de Moderna, notamment le directeur financier Lorence Kim et le directeur scientifique Tal Zaks, avaient profité de leur accès privilégié aux informations contenues dans le communiqué de presse à paraître pour négocier des actions de l'entreprise, ce qui — suite à l'envolée du cours de l'action Moderna résultant du buzz médiatique gratifiant le même communiqué de presse — leur a rapporté à chacun plusieurs millions. Un peu plus d'une semaine après la publication dudit communiqué de presse, un article de STAT News indiquait que depuis le début de l'envolée du cours de l'action au début de l'année, les cinq principaux dirigeants de Moderna avaient encaissé 89 millions de dollars au titre des actions. Selon ce même article, le montant des transactions effectuées entre janvier et mai 2020 par ces cinq seuls cadres représentait « près de trois fois plus de transactions boursières que pour toute l'année 2019 ». En septembre 2020, le montant des actions cédées par les cadres de Moderna s'élevait à 236 millions de dollars. La décision de Moderna, moins d'un mois plus tard, de créer un paradis fiscal au sein de l'Europe pour ses ventes européennes de produits transgéniques anti-Covid-19 fut moins critiquée voire pas mentionnée du tout par la presse.

Bien que les transactions aient été jugées douteuses mais légales, les articles des médias grand public ont essentiellement confirmé que la publication anticipée des données provisoires était conçue pour « faire monter le prix des actions de Moderna afin que ses dirigeants puissent en tirer profit pendant la période d'euphorie » qui a suivi. Certains groupes de surveillance ont demandé à l'Organisme fédéral de réglementation et de contrôle des marchés financiers d'enquêter sur les dirigeants de Moderna pour manipulation du marché boursier. Les rapports critiques sur les transactions boursières des cadres et la publication par Moderna de données incomplètes ont entraîné une tendance temporaire à la baisse du cours de l'action de l'entreprise pendant le reste du mois de mai. Comme indiqué précédemment, Moderna a tenté à plusieurs reprises d'expliquer le timing particulier de ce communiqué de presse, offrant de nouvelles explications pas plus tard que cette semaine [fin octobre - NdT].

L'affirmation choquante de Moderna sur son « vaccin » candidat

À la mi-juin 2020, des scientifiques des Instituts de la Santé et de Moderna ont publié en préprint une étude manuscrite des données précliniques pour le produit transgénique de Moderna nommé « vaccin anti-Covid-19 ». Ce préprint décrivait l'emploi dans le produit transgénique d'un système d'administration couvert par un brevet détenu par la société Arbutus Biopharma et présentait les résultats de ce produit lors de tests sur des souris. Comme nous l'avons vu dans la première partie, Moderna est depuis longtemps engagée dans un âpre conflit juridique avec Arbutus, qui menace sa capacité à réaliser des bénéfices sur tout produit reposant sur la technologie brevetée par Arbutus, pour ce qui concerne les systèmes d'administration de nanoparticules lipidiques pour ses produits à ARNm. Moderna a prétendu pendant des années qu'elle n'utilisait plus le système dérivé d'Arbutus dont elle dépendait entièrement, Bancel allant même jusqu'à le qualifier publiquement de « pas très bon ». Cependant, Moderna n'a fourni aucune preuve réelle indiquant qu'elle ne s'appuie plus sur la technologie couverte par les brevets d'Arbutus. Le préprint manuscrit de juin 2020 des Instituts de la Santé et de Moderna a fourni [au contraire - NdT] des preuves indiquant que la même technologie dérivée d'Arbutus — celle-là même à l'origine des problèmes de toxicité majeurs dans les produits multidoses que Moderna avait précédemment tenté de développer — était également utilisée dans le candidat vaccin transgénique anti-Covid-19 de Moderna.

Pourtant, lorsque Forbes a sur ce point précis interrogé le responsable des affaires commerciales de Moderna, Ray Jordan, ce dernier a affirmé que les données du préprint avaient été générées à l'aide d'une formulation du produit transgénique anti-Covid-19 qui est différente du « vaccin » lui-même :
« Bien que les auteurs du préprint aient utilisé le terme 'mRNA-1273' pour la commodité du lecteur, le préprint ne décrit pas le processus cGMP par lequel nous fabriquons notre ARN messager et notre nanoparticule lipidique, ou la composition du produit pharmaceutique final dans notre candidat commercial (mRNA-1273). »
Lorsque Forbes a demandé à Ray Jordan s'il pouvait fournir des détails — notamment le rapport molaire des nanoparticules lipidiques de leur nouvelle technologie à nanoparticules lipidiques — pour prouver que les nanoparticules lipidiques utilisés dans leur produit transgénique étaient en fait différents de ceux couverts par le brevet Arbutus, Jordan a refusé de manière catégorique.
Le bureau d'Arbutus Biopharma à Warminster, en Pennsylvanie
© Philadelphia Business Journal — https://www.bizjournals.com/philadelphia/news/2019/10/10/arbutus-biopharma-halts-study-hepatitis-b-cure.htmlLe bureau d'Arbutus Biopharma à Warminster, en Pennsylvanie aux États-Unis
En dépit des affirmations de Ray Jordan, une étude préclinique du produit transgénique anti-Covid-19 de Moderna a été publiée un mois plus tard, et cette étude de juillet indiquait que le produit de Moderna utilisait des nanoparticules lipidiques comme décrit dans un document de 2019, lequel révèle à son tour que les nanoparticules lipidiques en question étaient les mêmes que celles utilisées dans l'étude de juin. Ce document incluait les résultats de l'étude initialement vantée par Moderna en mai, celui-là même qui a conduit à un bond du cours de l'action Moderna. Désormais publiée dans son intégralité, l'étude a suscité un grand nombre de réactions positives dans la presse, notamment une déclaration de Anthony Fauci, du NIAID, selon laquelle « quelle que soit la façon dont on l'analyse, c'est une bonne nouvelle ». Le financement du gouvernement des États-Unis pour le produit transgénique anti-Covid-19 de Moderna a également fait un bond peu après la publication de l'étude. À l'époque, CBS News a fait remarquer que le cours de l'action de Moderna — en baisse depuis son introduction en bourse fin 2018 — avait essentiellement été sauvé par la crise du Covid-19, puisque
« les actions de Moderna — qui n'a jamais commercialisé de produit au cours de ses dix années d'existence — sont montées en flèche jusqu'à 380 % depuis le début de l'année, lorsque des annonces sur son potentiel prometteur de production d'un vaccin ont émergé [en janvier]. Le cours de l'action [de Moderna] était inférieur à 20 dollars début janvier et avoisinait les 95 dollars le vendredi [17 juillet 2020]. »
En comparaison, le cours des actions de Moderna dépasse aujourd'hui régulièrement les 300 dollars.

Pourtant, si l'on prend en considération les paroles de Ray Jordan en ce qui concerne le préprint publié en juin, Moderna semble avoir eu un comportement plutôt glauque. Si Jordan a dit la vérité, il apparaît que cette étude de juillet [2020], qui semble utiliser le candidat « vaccin » contenant les mêmes nanoparticules lipidiques que celles décrites dans le préprint de juin 2020, a également utilisé une formulation non conforme au candidat « vaccin » commercial de l'entreprise. Si tel est le cas, étant donné que l'étude de juillet était la même que celle référencée dans le controversé communiqué de presse diffusé en mai par Moderna et qui a permis des opérations boursières d'initiés, Moderna semble avoir utilisé des données « favorables » générées par un candidat « vaccin » différent de son candidat « vaccin » commercial, juste pour faire grimper le cours des actions et améliorer la situation financière de l'entreprise tout en générant des millions de dollars pour ses dirigeants. Bien entendu, cela ne répond en rien au problème distinct mais d'une importance cruciale de savoir si le candidat « vaccin » utilisé dans ces études, y compris l'étude des Instituts de la Santé, était ou pas le même que le candidat commercial utilisé dans les essais cliniques.

La seule raison qui pousserait Moderna à faire une déclaration aussi scandaleuse à Forbes semble avoir été de démarquer son produit transgénique anti-Covid-19 de ses controverses passées, lesquelles sont en grande partie imputables aux dysfonctionnements des nanoparticules lipidiques que Moderna prétendait avoir déjà résolus. Que le motif d'une telle démarche soit principalement lié au litige avec Arbutus ou aux problèmes d'innocuité rencontrés par Moderna avec les thérapies multidoses n'est pas clair.

Pour ajouter à la confusion concernant les nanoparticules lipidiques utilisées dans les produits de Moderna, quelques jours plus tôt, en juillet, cette dernière avait publié des résultats sur un autre candidat « vaccin » — contre le VIH — qui semblait utiliser exactement la même technologie de nanoparticules lipidiques que celle couverte par le brevet Arbutus. Les nanoparticules lipidiques décrites dans cette étude comprenaient les mêmes composants que ceux décrits dans le brevet Arbutus et le même rapport molaire. Moderna semblait faire référence à cette question dans sa déclaration enregistrée le 6 août 2020 auprès de l'Organisme fédéral de réglementation et de contrôle des marchés financiers, laquelle indique :
« Il existe de nombreux brevets tiers délivrés et en instance de l'être qui revendiquent des aspects des technologies d'administration d'oligonucléotides dont nous pourrions avoir besoin pour nos candidats thérapeutiques et vaccins à ARNm ou nos produits commercialisés, y compris l'ARNm-1273, s'il est approuvé. »
Fin 2020, Moderna a affirmé dans une déclaration enregistrée en décembre toujours auprès de l'Organisme fédéral de réglementation et de contrôle des marchés financiers que, bien qu'elle ait « initialement utilisé des formulations de nanoparticules lipidiques basées sur des systèmes lipidiques connus » — c'est-à-dire les nanoparticules lipidiques d'Arbutus — elle avait
« massivement investi dans la recherche scientifique pour développer ses propres systèmes d'administration [du produit] et avait développé des technologies de nanoparticules lipidiques ainsi que des approches nanoparticulaires alternatives. »
Cependant, en dépit des affirmations contenues dans cette déclaration, il est difficile d'établir si le produit transgénique anti-Covid-19 de l'entreprise utilisait la technologie d'Arbutus ou la technologie qu'elle prétendait avoir développée elle-même sans enfreindre la propriété intellectuelle d'Arbutus.

Les affirmations de Moderna selon lesquelles elle utilise désormais un système de nanoparticules lipidiques différent de celui qui a causé les [précédents] dysfonctionnements majeurs sont basées sur le développement et la mise en œuvre par l'entreprise d'une structure lipidique désormais connue sous le nom de « SM-102 ». Cette structure lipidique nommée « Lipid H » a été pour la première fois révélée par Moderna dans une publication de 2019, et Moderna y affirme — tout comme elle le fait depuis lors — que son système de nanoparticules lipidiques qui utilise le SM-102 est désormais supérieur à celui utilisé auparavant, à savoir les nanoparticules lipidiques originales d'Arbutus. Cependant, il est essentiel de noter que l'utilisation du SM-102 par Moderna ne signifie pas nécessairement que l'entreprise ne viole pas les brevets d'Arbutus, lesquels couvrent l'utilisation des nanoparticules lipidiques qui combinent des lipides cationiques et PEGylés dans des proportions spécifiques.

En dépit des affirmations de Moderna selon lesquelles le SM-102 a résolu les problèmes liés au brevet et à la toxicité de son système de nanoparticules lipidiques (comme indiqué dans la première partie), Moderna a refusé de divulguer la structure exacte du SM-102 ou de dire s'il porte une charge positive nette à un pH physiologique, ce qui pourrait conduire à la preuve que le brevet Arbutus continue d'être violé. De plus, il n'existe aucune étude sur la distribution, la dégradation et/ou l'élimination du SM-102 par l'organisme, ce qui signifie que l'accumulation des lipides ou leur capacité à endommager les organes n'est pas documentée. Le manque évident d'étude sur les propriétés et les effets du SM-102 sur le corps humain a été largement contourné par les autorités de santé publique au cours du processus d'approbation d'urgence qui utilise les mêmes critères pour le candidat « vaccin » de Moderna que ceux utilisés pour les vaccins traditionnels qui n'utilisent pas, eux, la nouvelle approche à ARNm. Ces critères « traditionnels » ne comportent donc aucune exigence en matière de données sur la sécurité des nanoparticules lipidiques.

Globalement, les preuves semblent indiquer que les affirmations de Moderna selon lesquelles son produit transgénique anti-Covid-19 n'utilise pas de nanoparticules lipidiques dérivées de l'Arbutus sont fausses. L'autre possibilité est que Moderna ait tenté de modifier le système de nanoparticules lipidiques, mais seulement légèrement, de sorte que les identificateurs potentiels, tels que le rapport molaire, restent les mêmes. Dans ce cas, Arbutus pourrait toujours prétendre que les nanoparticules lipidiques actuellement utilisées par Moderna et dans son produit transgénique anti-Covid-19 portent atteinte à son brevet. Si les modifications potentielles sont effectivement mineures, il est donc également probable que les problèmes d'innocuité propres à ce système de nanoparticules lipidiques et reconnus par Moderna ne soient en rien corrigés. Pourtant, si l'un ou l'autre de ces scénarios est correct, la question qui se pose est la suivante : pourquoi Arbutus ne contesterait-il pas Moderna une fois de plus pour obtenir le paiement des redevances de licence du brevet qui résultent de son produit transgénique anti-Covid-19 ?

Il semble que la réponse à cette question repose essentiellement sur des considérations qui relèvent de la perception publique. Comme STAT News l'a mentionné en juillet dernier, si Arbutus poursuivait Moderna pour violation de brevet en plein milieu de la crise du Covid-19,
« cela signifierait prendre le risque substantiel d'être perçu comme une société qui retarderait un médicament désespérément nécessaire par seul souci de ses résultats financiers. »
Ce point semble également être une partie de la motivation derrière la promesse altruiste de Moderna de ne pas faire valoir ses propres brevets liés au Covid-19 jusqu'à ce que la pandémie soit déclarée terminée. Les observateurs ont noté que cette démarche de Moderna n'était pas seulement une aubaine en termes de relations publiques pour l'entreprise, mais qu'elle a également
« instauré un signal général de sincérité qui pourrait servir à dissuader d'autres acteurs de ce secteur [par exemple, Arbutus] d'agir de manière trop défensive ou agressive [en grande partie par] peur du contrecoup potentiel en termes de relations publiques. »
Bien que le mois de juillet 2020 fut synonyme pour Moderna de hausse de sa valorisation et d'une presse favorable à son candidat « vaccin » anti-Covid-19, il incluait également un jugement qui lui était défavorable dans son litige de longue date avec Arbutus, lequel ouvrait la porte à ce dernier pour déposer une injonction contre le produit transgénique anti-Covid-19 de Moderna, et lui permettait éventuellement de la contraindre à négocier une licence. Cette nouvelle a entraîné une chute de 10 % du cours de l'action de Moderna dont la valeur a perdu 3 milliards de dollars. Toutefois — et très probablement pour les raisons évoquées ci-dessus — Arbutus a finalement renoncé au choix de bloquer la progression du produit transgénique anti-Covid-19 de Moderna qui lui aurait permis d'obtenir des redevances de licence du brevet. Cependant, elle se réserve la possibilité de le faire, si et quand l'urgence perçue de la crise du Covid-19 s'estompe.
Ray Jordan, responsable des affaires générales chez Moderna
© PRSA — https://www.prsa.org/person/jordan-rayRay Jordan, responsable des affaires générales chez Moderna
Moderna a affirmé que cette décision n'affecterait pas son produit transgénique anti-Covid-19 car l'entreprise n'avait
« pas connaissance d'obstacles significatifs en matière de propriété intellectuelle pour les produits que nous avons l'intention de commercialiser. »
Ainsi, les affirmations de Ray Jordan et l'absence de preuves « claires et convaincantes » que le produit transgénique anti-Covid-19 de Moderna repose sur une technologie brevetée par Arbutus semblent avoir été suffisantes pour que Moderna fasse cette déclaration. En outre, le fait que les médias grand public ou les agences/régulateurs fédéraux n'aient pas cherché à exiger des preuves concrètes que le système à nanoparticules lipidiques de Moderna utilisé dans son produit transgénique anti-Covid-19 ne repose pas sur une technologie brevetée par Arbutus, y a vraisemblablement contribué.

En dépit des problèmes soulevés ci-dessus quant aux données de l'étude sur le candidat « vaccin » publiées en juin et juillet, l'intérêt favorable de la presse — en particulier après la publication de juillet — s'est traduit un mois plus tard par la conclusion d'un important accord d'approvisionnement signé le 11 août 2020 entre le gouvernement des États-Unis et Moderna. Selon cet accord, le gouvernement paierait 1,525 milliard de dollars pour 100 millions de doses avec l'option d'acheter plus tard 400 millions de doses supplémentaires, lesquelles ont depuis toutes été achetées. Selon le communiqué de presse de Moderna, l'accord signifiait que le gouvernement des États-Unis avait, à ce moment-là, payé 2,48 milliards de dollars pour bénéficier d'un « accès précoce » au produit transgénique anti-Covid-19 de Moderna.

Pourtant, le gouvernement des États-Unis avait payé bien plus que cela, comme révélé environ un mois plus tard. Le 10 septembre 2020, la BARDA a rejoint le bailleur de fonds — qui soutient Moderna depuis longtemps — et son « allié stratégique», la DARPA, et en raison de l'incapacité de Moderna à divulguer le rôle que le soutien du gouvernement avait joué dans ses nombreuses demandes de brevets, elle a examiné de près les contrats qui avaient été attribués à l'entreprise. L'annonce a été faite après que Knowledge Ecology International, qui milite pour la protection des investissements des contribuables dans les brevets, a constaté qu'aucun des brevets ou des demandes attribués à Moderna dans toute l'histoire de l'entreprise n'avait divulgué le financement considérable du gouvernement des États-Unis qu'elle avait reçu au moment où ces brevets avaient été déposés, ce qui est requis par la loi Bayh-Doyle de 1980 et par les règlements de l'Office des brevets et des marques. Selon Knowledge Ecology International, cela signifie que le gouvernement des États-Unis possède certains droits sur les brevets et que les contribuables étatsuniens pourraient donc détenir une participation dans les produits transgéniques fabriqués et vendus par Moderna.

En dépit des preuves évidentes de l'omission de Moderna à mentionner dans ses demandes de brevet le montant considérable des financements du gouvernement des États-Unis avant et pendant la crise du Covid-19, Moderna a répondu à la Knowledge Ecology International et à l'« examen minutieux » des agences BARDA et DARPA en déclarant
« Nous en sommes conscients et nous consultons les collaborateurs de ces agences au sujet de nos obligations contractuelles dans le cadre de chacun de ces accords, y compris celles relatives à la PI [propriété intellectuelle], et nous pensons que nous respectons ces obligations. »
Au moment de la rédaction de cet article, la BARDA et la DARPA n'ont pris aucune mesure à l'encontre de Moderna pour avoir omis de manière illégale de mentionner dans ses demandes et dépôts de brevets qu'elle avait reçu un financement gouvernemental substantiel. En réalité, un mois après que la DARPA ait prétendu être en train « d'examiner minutieusement » les demandes de brevet de Moderna, elle lui a accordé pas moins de 56 millions de dollars pour développer des procédés de fabrication de ses produits qui soient à petite échelle et mobiles — à savoir, son produit transgénique anti-Covid-19 et son « vaccin » sur mesure contre le cancer.

Moderna : « Faites-nous juste confiance »

Ce que l'on comprend assez vite concernant le candidat « vaccin » anti-Covid-19 de Moderna, c'est que tout au long de son développement accéléré en 2020, les agences fédérales comme les Instituts de la Santé, la DARPA et les autres, ainsi que la presse grand public, étaient tous disposés à prendre pour argent comptant les affirmations de Moderna concernant les aspects critiques de son produit — même lorsque les preuves semblaient les contredire.

L'évidence de ce qui précède est encore plus marquée lorsque les affirmations de Moderna selon lesquelles elle aurait résolu ses problèmes liés aux nanoparticules lipidiques, tant en termes de toxicité que de violation de brevet, sont prises pour argent comptant — en dépit du refus de l'entreprise de publier des preuves claires à l'appui. Ceci est d'autant plus frappant si l'on considère les multiples facteurs auxquels Moderna était confrontée avant le Covid-19 — sans même mentionner le risque d'une faillite imminente si son produit transgénique anti-Covid-19 n'avait pas rencontré le succès escompté — parce que cela signifie que Moderna subissait une pression considérable pour que ce même produit soit une réussite.

Si la conduite controversée d'essais simultanés sur l'animal et sur l'être humain a été publiquement justifiée au nom de l'urgence de la crise du Covid-19, les autres aspects explorés dans cet article peuvent-ils être justifiés de la même manière, au nom d'une urgence ? Plusieurs d'entre eux semblent au contraire avoir été motivés par des conflits d'intérêts et la corruption.

Pour ajouter au ridicule, Moderna s'en est tiré en affirmant que les Instituts de la Santé effectuaient des tests d'innocuité sur un produit transgénique nommé « vaccin anti-Covid-19 » qui était différent de son candidat commercial, sans que cela ne provoque de réaction majeure dans les médias grand public ou de la part des Instituts de la Santé eux-mêmes. Ceci est d'autant plus révélateur que le communiqué de presse de mai 2020 et les transactions boursières des dirigeants et des initiés de Moderna, dont le timing est à tout le moins suspicieux, avaient bien provoqué des réactions négatives dans la presse.

En revanche, lorsque Moderna a par la suite révélé que son communiqué de presse était basé sur l'étude d'un candidat « vaccin » qui n'était pas « nécessairement le même » que leur candidat « vaccin » commercial anti-Covid-19, l'information n'a quasiment pas été reprise par les médias. Pourtant, cette déclaration implique la troublante possibilité que Moderna ait pu utiliser un autre produit pour avant tout truquer les données préliminaires afin qu'elles soient positives, à la fois pour faire avancer leur produit sur le marché et dans le même temps gagner des millions grâce à des ventes d'actions d'initiés.

Comment peut-on se fier aux affirmations d'une telle entreprise sans vérification indépendante ? En outre, comment peut-on se fier aux études des Instituts de la Santé menées sur Moderna alors que cette dernière a affirmé que certaines des études — qui ont finalement été des facteurs d'approbation de l'autorisation d'utilisation d'urgence du « vaccin » par la FDA — utilisaient un produit différent de celui que Moderna a ensuite commercialisé avec succès ?

Quoiqu'il en soit, en novembre 2020, les affirmations de Moderna et des Instituts de la Santé selon lesquelles leur candidat « vaccin » anti-Covid-19 était efficace à 94,5 % ont été prises pour argent comptant. À ce moment-là, les principaux promoteurs de cette affirmation était Stéphane Bancel de Moderna et Anthony Fauci du NIAID. Cette déclaration a été faite peu de temps après la diffusion du communiqué de presse de Pfizer qui alléguait que son candidat « vaccin » anti-Covid-19 était efficace à 90 %. Deux jours seulement après le communiqué de presse de Moderna diffusé en novembre, et pour ne pas être surpassé par cette dernière, Pfizer a révisé l'efficacité précédemment annoncé de son produit en alléguant qu'il était en fait efficace à 95 %, contre 94,5 % pour celui de Moderna. Ces allégations sont révélatrices de la pratique désormais établie mais troublante d'une « science par communiqués de presse interposés » dès lors qu'il s'agit de vanter les mérites de certains des produits transgéniques nommés « vaccins anti-Covid-19 » actuellement sur le marché. Depuis lors, ces allégations d'efficacité utilisées pour obtenir l'autorisation d'utilisation en urgence — demandée fin novembre 2020 par Moderna et reçue quelques semaines plus tard, à la mi-décembre de la même année — ont volé en éclats avec les données réelles recueillies dans le monde entier.

Comme nous l'explorerons dans la troisième partie de cette série, en traitant l'ensemble du dispositif de Moderna comme un vaccin « traditionnel », l'autorisation d'utilisation en urgence accordée à Moderna pour son produit transgénique lui a permis de contourner tous les problèmes soulevés dans cet article. En effet, les vaccins « traditionnels » n'utilisent pas d'ARNm pour induire l'immunité, et leur innocuité et leur efficacité dépendent de plusieurs critères qui sont entièrement différents de ceux de l'ARNm, qui sont eux d'une conception toute nouvelle.

C'est ainsi que le perpétuel et épineux problème des nanoparticules lipidiques auquel Moderna faisait face — qu'elle s'est efforcée de contourner avant le début de la crise du Covid-19 — a été largement éludée lorsqu'il s'est agi, non seulement de la recherche et du développement, mais aussi de l'obtention de l'autorisation d'utilisation en urgence. Il semble que ce tour de passe-passe effectué par les régulateurs fédéraux ait été nécessaire pour que Moderna, après dix ans, puisse enfin commercialiser son tout premier produit. Comme indiqué dans la première partie, sans la crise du Covid-19 et son timing fortuit, Moderna n'aurait peut-être pas survécu aux graves difficultés qui ont menacé son existence même en tant qu'entreprise.

La troisième partie examinera également comment, en pleine crise du Covid-19, « l'intervention miraculeuse de la Sainte Vierge » tant espérée par Moderna ne constituait que les prémisses de son sauvetage miraculeux d'un destin semblable à celui de Theranos, puisque l'entreprise a non seulement étendu son partenariat avec le gouvernement des États-Unis, mais aussi avec une entreprise liée à la CIA. Ce qui démontre que Moderna et les principaux acteurs clés au pouvoir de Big Pharma et de la Sécurité nationale des États-Unis envisagent de vendre en quantités massives et pendant plusieurs années le produit transgénique de Moderna nommé « vaccin anti-Covid-19 ».

Comme nous l'avons déjà indiqué, sans la vente annuelle ou semestrielle de doses de rappel, Moderna ne pourra pas éviter le retour de la crise existentielle qui était la sienne avant le Covid-19. La pression en faveur de l'approbation des doses de rappel de Moderna a progressé en dépit à la fois des données réelles qui n'appuient pas les affirmations antérieures de Moderna sur l'innocuité et l'efficacité de son produit transgénique anti-Covid-19, de la récente décision de plusieurs gouvernements européens d'en stopper l'utilisation, et des querelles internes de la FDA tout comme des récents aveux de cette dernière selon lesquels le produit transgénique de Moderna nommé « vaccin anti-Covid-19 » est l'un des plus dangereux actuellement utilisés, notamment en termes d'effets indésirables sur le système cardiovasculaire. La question évidente qui se pose ici est donc la suivante : quel sera le coût final de « l'intervention miraculeuse de la Sainte Vierge » dont a bénéficié Moderna, non seulement en termes des 6 milliards de dollars déjà dépensés par les contribuables des États-Unis, mais aussi en termes de santé publique ?
Note du traducteur : Toutes ces magouilles au plus haut niveau dénoncées par l'auteur reflètent à la perfection le système et ce qu'il y a de plus pourri en son sein : la corruption et la ponérisation généralisées de la société. Deux éléments sans lesquels ce système n'existerait pas et par lesquels il périra. « Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark », comme dirait William Shakespeare... et un grand « nettoyage » s'impose !
Source de l'article initialement publié en anglais le 28 octobre 2021 : Unlimited Hangout
Traduction : Sott.net