djokovic
On frôle l'incident diplomatique, mais le jeu en vaut la chandelle. Pas uniquement le jeu, le set et le match aussi, et, avant même d'avoir tapé une seule fois dans la balle, le roi Djoko mérite déjà un trophée.

La saison de tennis commence avec le premier tournoi du Grand Chelem. Novak Djokovic, à dix jours du coup d'envoi de l'Open d'Australie, le numéro un mondial et vingt titres à l'actif, y est persona non grata. « Les ressortissants étrangers qui ne disposent pas d'un visa valide ou dont le visa a été annulé seront placés en détention et expulsés d'Australie », ont déclaré les douanes australiennes. Résultat des courses, après lui avoir initialement été accordé suite à une « exemption à la vaccination »; le visa du Serbe lui a été ensuite retiré faute de documents nécessaires pour obtenir une « dérogation médicale à l'obligation vaccinale ». Et ainsi, le triple champion à Melbourne croupit depuis plusieurs nuits, en compagnie des asticots et des moisissures, dans un centre de rétention pour personnes en situation irrégulière.

Les conséquences diplomatiques de ce traitement dégradant ne se sont pas faites attendre; le président serbe dénonce une « chasse politique » et le ministère des affaires étrangères a exprimé sa « protestation orale » à l'ambassadeur d'Australie à Belgrade, précisant que son ressortissant n'était « ni un criminel, ni un terroriste ni un migrant illégal, alors qu'il est traité de la sorte par les autorités australiennes, provoquant l'indignation de ses supporteurs et des citoyens de la Serbie ». Dans le jargon républicain, il ne fait aucun doute, l'Australie a très envie d'emmerder Novak Djokovic. Et, tout à leur honneur, ni les responsables australiens ni serbes ne semblent verser à ce stade dans le champ lexical scatologique de notre président à nous tout seuls, que l'Europe et le cosmos nous envient, Emmanuel Macron.

macron
Vendredi 7 janvier, jour de Noël orthodoxe, des manifestations de soutien ont même été organisées en terre slave ; Djokovic père, n'hésite pas à dénoncer une « chasse aux sorcières politique » et un « corona-fascisme », appelant à la libération de son fils. Sur place une audience est prévue devant un juge de Melbourne, et Djokovic, dont le statut vaccinal est inconnu, risque d'être expulsé en début de semaine. Dans une lettre postée sur les réseaux sociaux, son père enrage :
« Mon fils est otage en Australie ce soir mais il n'a jamais été plus libre (...). Il a montré que même un petit pays héroïque comme la Serbie peut avoir le meilleur athlète et joueur de tennis de tous les temps et que la vérité ne peut plus être occultée (...). D'un côté, il y aura les membres avides et arrogants de l'oligarchie mondiale et de l'autre, un monde fier et libre qui croit toujours en la justice, la vérité, le fair-play et les rêves de ses enfants. » CQFD.
Novak Djokovic, de plus en plus considéré comme l'un des meilleurs joueurs de tennis de tous les temps, nous a toujours vendu du rêve, et pas uniquement sur les courts. Enfance en Serbie à l'époque où son pays était déchiré par une guerre civile multiculturelle, patriote et fier de l'être, à l'instar de la grande majorité des Serbes, n'hésite pas à entonner avec ses coéquipiers des chants patriotiques suscitant parfois l'ire du Kosovo, comme par exemple l'hymne « Vidovdan » qui célèbre la résistance morale, linguistique et religieuse après l'indépendance acquise vis-à-vis des Ottomans. De notre côté, on se consolera avec nos propres héros sportifs : Noah, sa Saga Africa, Benzema, la Marseillaise, son crachat.

On nous avait dit que le virus n'avait pas de passeport, on commence à réaliser de plus en plus que le totalitarisme sanitaire n'a pas de frontières.