CONSPIRATIONNISME et COMPLOTISME des mots à la mode bien commodes à manipuler avec beaucoup de précautions.
conspirationuisme complotisme
Qu'est-ce au juste que le conspirationnisme ou le complotisme ?

Il s'agit essentiellement d'une accusation lancée à l'endroit de toute personne qui remet en question le récit officiel sur un sujet donné et qui tente d'aider les autres à comprendre le sens réel des évènements. Ce procédé est utilisé par les véritables conspirateurs et leurs porte-voix afin de décrédibiliser ceux qui dénoncent leurs plans et de les faire passer pour des menteurs et des déséquilibrés menaçant l'ordre social.(1)

Parce qu'elle présente l'avantage de n'avoir à reposer sur aucun élément logique ni sur aucun fait réel, l'accusation de complotisme tient de plus en plus souvent lieu d'argument à ceux qui n'ont pas d'argument (2) : il suffit de la prononcer pour balayer d'un revers de main les faits avérés et les preuves tangibles sur lesquels s'appuie la parole contestataire. Très prisée par les responsables politiques et les représentants des médias, qui ont les uns comme les autres bien appris leur leçon, cette stratégie d'intimidation vise à faire taire les contradicteurs, à dissuader le plus grand nombre possible de gens de prêter attention à leur propos, de peur de se voir accoler la même étiquette infamante.(3)

Utiliser à son tour l'étiquette du conspirationnisme afin de repousser d'emblée tout échange ou toute confrontation avec des points de vue divergents donne à ceux qui procèdent de la sorte la conviction d'appartenir à la majorité bien-pensante, d'être dans les clous. De tels propos ne rassurent toutefois qu'en apparence celui qui les tient, puisqu'ils l'obligent à poser d'abord le postulat que la vérité sortirait de la bouche des médias grand public, des représentants du gouvernement et de pouvoirs non élus tels l'Organisation Mondiale de la Santé, la Commission Européenne ou encore le Forum Economique Mondial, et que s'y fier reviendrait à suivre le bon sens élémentaire.

Difficile en effet de prendre cela pour argent comptant, d'accepter ce postulat, dès que l'on songe à ce qu'il y a dans la vitrine de ces détenteurs de vérités suprêmes, quand on songe, par exemple, au renflouement des banques à la suite de la crise financière de 2008 ou encore à l'épisode de la grippe H1N1 de 2009, ou à l'océan des vérités cachées et des mensonges colportés tout au long des développements de la crise économico-politico-sanitaire liée à l'apparition du covid-19 : des épisodes qui autorisent à douter sérieusement de la capacité et de la motivation de ce type d'institutions à servir l'intérêt général.

La mode actuelle des accusations de complotisme soulève par conséquent la question l'appropriation de la parole publique : Qui décide de ce que nous sommes autorisés à dire ? Sur quelles bases ces décisions se fondent-elles ? Les pouvoirs desquels émanent ces opinions communément admises sont-ils représentatifs et légitimes ? Est-il normal qu'ils continuent à dicter la teneur des propos martelés à l'envi par les médias et les gouvernants aux ordres, parce que tenus en laisse (par l'oligarchie) ?

Le citoyen qui reprend à son compte la logique du discours officiel sur le complotisme a-t-il vraiment consenti à la dépossession de son pouvoir politique que ce discours implique ? A-t-il même véritablement conscience de cette dépossession ? Peut-être n'est-il pas inutile d'y réfléchir...

Empêcher la population de penser, de réfléchir, de discuter et de débattre calmement et rationnellement, en analysant les faits de façon objective (4), n'est-ce pas là le but premier des étiquettes de conspirationnisme et de complotisme : conjurer tout risque d'une remise en question des pouvoirs en place ?
Sources :

1 Peter Koenig, "La théorie de la conspiration : qu'est-ce que c'est ?" mondialisation.ca - 21 août 2020.

2 Jean-Yves Jézéquel, L'esprit critique est devenu criminel, mondialisation.ca - 19 décembre 2021.

3 Peter Koenig, op. cit. 4 Jean-Yves Jézéquel, op. cit.

4 Jean-Yves Jézéquel, op.cit