Commentaire : Le journal Le Devoir est un journal de type « média de masse » et il est très encourageant et/ou surprenant de lire un tel article publié par un de leurs chroniqueurs.
Le gouvernement Legault lançait cette semaine sa toute dernière offensive : convaincre les récalcitrants de se faire vacciner. Reprenant les paroles de Bill Gates — un des premiers à avoir appelé à une campagne de vaccination massive en avril 2020 —, le ministre chargé de mener cette initiative, Lionel Carmant, a répété qu'il s'agissait de « la clé pour enrayer la pandémie ».
Malheureusement pour la croisade du Dr Carmant, ce qui semblait couler de source il y a deux ans est passablement plus complexe aujourd'hui. La méfiance non seulement envers les gouvernements, mais envers les vaccins eux-mêmes est à son zénith.
« Tout le travail que nous avons fait au cours des dernières décennies pour inspirer confiance dans les vaccins est en train de disparaître à force d'imposer des obligations vaccinales qui, souvent, n'ont aucun sens d'un point de vue scientifique ou de la santé publique », estime le Dr Martin Kulldorff, tel que le rapporte le Dr Norman Doidge, dans un texte important paru dans le Globe and Mail.Norman Doidge n'est pas un complotiste, rassurez-vous. Psychiatre et directeur d'un think tank sur la santé, il croit aux vaccins et à la Santé publique. Seulement, il ose dresser un bilan exhaustif des erreurs des deux dernières années — dont le manque de débat, justement, entourant les questions sanitaires. D'emblée, il mentionne la fluvoxamine, un médicament autorisé par l'Ontario du bout des lèvres un peu avant Noël. Il s'agit d'un « médicament réaffecté », conçu initialement comme un antidépresseur, mais qui s'avère efficace pour traiter le coronavirus chez les gens vulnérables.
Qui en a entendu parler ? L'arrivée de la fluvoxamine coïncidait avec l'approbation au Canada du Paxlovid de Pfizer, un autre traitement anti-COVID qui, lui, a quand même défrayé la chronique malgré des inconvénients majeurs. Le Paxlovid coûte 30 fois plus cher (500 $) que la forme générique du fluvoxamine (15 $) et ne bénéficie pas d'antécédents bien établis comme les médicaments réaffectés. Ce nouveau médicament a reçu un traitement de faveur à cause de Pfizer, c'est clair. De façon générale, par contre, les traitements proposés en cours de pandémie (pensons aux anticorps monoclonaux mentionnés dans cette chronique) sont passés inaperçus. La raison est simple : les vaccins, « la seule chose qui nous permettra de respirer, de retrouver la normalité », disait d'emblée Bill Gates — sa fondation est fortement impliquée dans la production et la distribution de vaccins —, ont pris toute la place.
Une fois établis comme la voie du salut, on n'avait d'yeux que pour eux. La production et la distribution extrêmement rapides des vaccins ont ajouté à leur odeur de sainteté. Et puis, le discours militaire — nous devions mener une « guerre » sans merci contre le virus — a fait le reste, dit Norman Doidge. À partir de ce moment, il devenait inapproprié de critiquer les vaccins (ou leurs maisons mères) de peur de décourager la mobilisation. « Dans une guerre, tu te la fermes et tu suis les ordres », écrit-il.
À partir de ce moment, il fallait se retrouver du bon côté des tranchées, celui des mesures sanitaires, peu importe l'absence de justification ou les conséquences pénibles sur la vie des gens. La « science », nous disait-on, le dictait. Or, l'esprit scientifique, dit le Dr Doidge, est à l'opposé de ce type de purisme. « La science moderne a émergé en réaction aux dogmes et aux orthodoxies qu'on ne pouvait à l'époque remettre en question. C'est pourquoi la Royal Society, la première institution scientifique, avait comme devise : Nullias in verba (Ne croire personne sur parole). »
Avec les meilleures intentions du monde, pour sauver des vies, inciter à la cohésion sociale et contrer la désinformation, les autorités ont tenu à parler d'une même voix pour mieux promouvoir les mesures sanitaires. Curieusement, un autre type de désinformation s'est ensuivi. Une espèce de censure involontaire. Qui sait, par exemple, que Pfizer n'a jamais rendu publics ses essais cliniques ? La compagnie pharmaceutique demandait un délai de 75 ans (!) avant de déposer toutes les données utilisées pour produire son vaccin. Un jugement obtenu le 7 janvier l'obligera heureusement à tout dévoiler d'ici 8 mois.
Même après l'arrivée d'Omicron, qui a sérieusement écorché la réputation des vaccins à ARN messager, le discours des autorités n'a pas beaucoup changé. L'efficacité des vaccins Pfizer et Moderna — qui au départ faisait rêver, autour de 95 % — a baissé à 39-42 % après seulement 6 mois d'utilisation et, avec l'arrivée de chaque nouveau variant, celle-ci est appelée à baisser davantage. On a découvert aussi que la nature de ces vaccins — qui ne cible qu'une petite partie du virus, la protéine de spicule — encourage la prolifération de variants en étant plus facile à contourner. Pourtant, on continue tête baissée comme si toutes ces données ne changeaient rien au plan initial et en prônant toujours plus de doses de rappel.
Autre ombre au tableau soulignée dans l'essai du Dr Doidge : une étude israélienne démontre que les gens non vaccinés qui ont eu la COVID sont 27 fois moins à risque d'être réinfectés que les gens vaccinés, et sont neuf fois moins à risque d'être hospitalisés. Le genre d'information que les autorités sanitaires ne veulent surtout pas publiciser. Mais faudrait-il le taire pour autant ? Plutôt qu'aider à passer le message des mesures sanitaires, taire les informations qui dérangent, tout en imposant des mesures coercitives, est une recette qui incite au désabusement et à la désobéissance civile. C'est d'ailleurs déjà commencé.
À quand une nouvelle stratégie, plus ouverte, plus franche, moins coercitive et mieux adaptée à la pandémie d'aujourd'hui ?
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