Situation en Ukraine : Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 25 février 2022

Maria Zakharova
Sur le début de l'opération militaire spéciale

[...] Vous le savez, le Président de la Fédération de Russie, chef des armées de notre pays, en vertu du paragraphe 7 de l'article 51 de la Charte de l'Onu, sur autorisation du Conseil de la Fédération et en application des traités d'amitié, de coopération et d'entraide avec la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk, ratifiés par l'Assemblée fédérale le 22 février 2022, a décidé de mener une opération militaire spéciale.

Son but consiste à défendre les gens qui ont subi pendant huit ans les exactions et le génocide perpétrés par le régime de Kiev venu au pouvoir en 2014 suite à un coup d'État anticonstitutionnel. Un autre objectif de l'opération est de traduire les « dirigeants » actuels, le régime fantoche en justice pour les crimes commis durant ces années contre les civils, notamment des citoyens de la Fédération de Russie, ainsi que procéder à une démilitarisation et une dénazification de l'Ukraine.

Pendant huit ans, nous faisions tout pour inciter les autorités de Kiev à cesser l'opération punitive contre leur propre peuple, à régler le conflit dans le Donbass par des moyens pacifiques, politiques et diplomatiques, à établir un dialogue direct avec Donetsk et Lougansk, comme le prévoit le paragraphe 4 des Accords de Minsk, selon lequel les autorités ukrainiennes devaient entamer le dialogue sur les modalités d'organisation des élections locales et le futur régime de ces régions conformément à la législation ukrainienne.

Malheureusement, nous étions simplement ignorés. Soutenu par l'Occident, Kiev esquivait par tous les moyens la mise en œuvre de ses engagements dans le cadre des Accords de Minsk, cherchant à rejeter la responsabilité pour ses propres actes sur notre pays. Les autorités ukrainiennes transgressaient sans gêne leur propre Constitution et législation, adoptaient des lois discriminatoires sur la langue, l'éducation et les peuples autochtones.

J'espère qu'aujourd'hui, quand nous en parlons, cela ne sera pas un scoop pour ceux qui assistaient aux conférences de presse, suivaient le site du Ministère des Affaires étrangères, connaissent les discours des autorités russes et du Ministère des Affaires étrangères dans des déclarations publiques et des annonces de la position russe sur des plateformes internationales. Nous en parlions en détail (dans la mesure du possible) pratiquement tous les jours.

De leur côté, les États-Unis et certains pays occidentaux ont lancé une vaste campagne de désinformation antirusse. Sous son couvert, ils alimentaient activement l'Ukraine en armes, envoyaient leurs instructeurs militaires, organisaient des manœuvres d'envergure. Au fond, ils procédaient à un aménagement militaire du territoire du pays à des fins. Sachant que les préoccupations exprimées par la Russie à plusieurs reprises à ce sujet n'étaient prises en compte par personne, que ce soit le régime de Kiev ou ses superviseurs mondiaux.

Je voudrais souligner en particulier qu'au cours de l'opération militaire spéciale menée en Ukraine les forces armées russes n'effectuent pas de frappes de missiles, d'aviation ou d'artillerie sur des villes du pays, elles neutralisent l'infrastructure militaire, les sites de défense antiaérienne, les aérodromes militaires et l'aviation militaire ukrainienne. Personne ne crée exprès une menace pour la population civile. Le seul objectif est celui annoncé par le Président de notre pays et dont le Ministère russe des Affaires étrangères vous informe tous les jours.

Les militaires russes feront tout pour assurer la sécurité des collaborateurs des missions de l'Onu et de l'OSCE en Ukraine. Nous savons où ils se trouvent. Je voudrais également souligner que le danger pour les collaborateurs des organisations internationales n'émane pas des forces armées russes, mais des bataillons nationalistes ukrainiens, qui ont rejoint les forces armées de ce pays mais professent une logique complètement barbare. En principe, personne ne les contrôle à l'heure actuelle.

En ce qui concerne les citoyens russes qui restent en Ukraine, après l'évacuation des représentants diplomatiques russes, qui risquaient d'être exécutés par les nationalistes, ils peuvent (comme nous l'avons déjà indiqué en répondant aux questions), si besoin, s'adresser aux établissements compétents sur le territoire de la Fédération de Russie ou aux consulats de notre pays dans les pays voisins pour recevoir des services consulaires.

Nous avons reçu hier une note du Ministère des Affaires étrangères de l'Ukraine notifiant de la rupture des relations diplomatiques avec notre pays. Ce n'est pas notre choix. La rupture des relations diplomatiques est le résultat logique de la politique russophobe ciblée des autorités de Kiev depuis le coup d'État sanglant de 2014 (même si auparavant certaines forces politiques œuvraient déjà en ce sens), la rupture du Traité d'amitié, de coopération et de partenariat entre l'Ukraine et la Fédération de Russie en 2018 et l'adoption d'un ensemble de lois visant à discriminer les droits et les libertés de la population russophone de l'Ukraine. Nous vous avions également informés en détail de la sortie des accords et différents traités dans le cadre de la CEI.

Malheureusement, tout cela confirme notre ancienne conclusion que le pouvoir actuel, le régime de Kiev, les gens marionnettes, qui se sont proclamés dirigeants de cette terre, portant atteinte à la dignité des gens et les tyrannisant, sont privés de souveraineté et d'orientation dans l'intérêt de tout le peuple ukrainien. La seule chose que le régime de Kiev puisse faire, c'est de se plier aux directives données par les États-Unis, mais il le fait souvent sans succès et clairement à l'encontre des intérêts du peuple ukrainien.

Nous espérons sincèrement que le peuple ukrainien sera libéré du joug du gouvernement nationaliste qui exploite le pays dans l'intérêt des acteurs étrangers et qu'il commencera à vivre une véritable vie souveraine en respectant les droits, les libertés et les intérêts de tous ses citoyens sans distinction nationale, linguistique ou religieuse.

Il y a littéralement une heure, Vladimir Zelenski a tenu une nouvelle allocution où il a exprimé ses émotions concernant la possibilité de négociations. Suivi immédiatement par une réaction de Moscou. Le porte-parole du Président russe Dmitri Peskov a déclaré que nous étions prêts à envoyer une délégation interministérielle du Ministère des Affaires étrangères, de la Défense et d'autres institutions à Minsk pour de tels contacts.

Sur la rupture par l'Ukraine des relations diplomatiques avec la Fédération de Russie

Nous avons reçu une notre du Ministère des Affaires étrangères de l'Ukraine notifiant de la rupture des relations diplomatiques. Je rappelle qu'elles ont été établies il y a 30 ans, le 14 février 1992.

De cette manière, le régime nationaliste, venu au pouvoir après un coup d'État armé en février 2014, a mis un point dans la destruction de nos relations. Nous savons qu'il est plus difficile de construire que de casser. Ils pensent manifestement que c'est facile à faire, sans penser aux conséquences. À l'initiative du gouvernement ukrainien, le Traité d'amitié, de coopération et de partenariat du 31 mai 1997 a cessé d'exister le 1er avril 2019, et en tout, depuis 2014, l'Ukraine a dénoncé plus de 33 accords interétatiques et intergouvernementaux, sans compter les dizaines d'accords interministériels et plus de 60 accords dans le cadre de la CEI. Je rappelle que l'ambassadeur d'Ukraine n'est pas présent à Moscou depuis 2014 non pas parce qu'il y était menacé, on refusait d'aller au contact avec lui ou parce qu'il était impossible d'exercer ses fonctions diplomatiques. Pas du tout. Jusqu'à présent les diplomates ukrainiens bénéficiaient de tous les privilèges d'immunité diplomatique, tout était à leur disposition pour un travail à part entière et leur vie et santé n'étaient pas du tout menacées, ce qui n'est pas le cas des diplomates russes et des établissements diplomatiques consulaires en Ukraine, qui vivaient constamment dans un état de siège des nationalistes qui lançaient des cocktails Molotov, prenaient d'assaut nos représentations, portaient atteinte non seulement les bâtiments, mais aussi aux gens (c'est pourquoi il a fallu prendre des mesures urgentes allant jusqu'à fermer la représentation de Rossotroudnitchestvo). Nos diplomates et leurs familles recevaient constamment des menaces, il était impossible de fonctionner ni de travailler normalement. Vous voyiez tout cela. Nous en avons parlé plusieurs fois. Notre Ambassadeur n'est pas présent à Kiev depuis 2016. Sachant que des nationalistes radicaux ukrainiens ont commis plusieurs provocations contre notre ambassade à Kiev et les consulats généraux de Russie à Lvov, Odessa et Kharkov. Cette haine « barbare » envers la Russie et tout le russe, y compris la langue, la culture et notre histoire commune avec l'Ukraine, est devenue une carte de visite de la politique nationale et étrangère du régime de Kiev.

Nous regrettons profondément que le régime de Kiev ait choisi la voie de la rupture avec la Russie de toutes les relations, avec tous ceux qui ont un rapport avec quelque chose de russe.

Nous espérons que l'histoire remettra bientôt tout à sa place. Nous croyons à la sagesse séculaire des peuples ukrainien et russe qui peuplaient depuis des siècles le territoire de l'Ukraine contemporaine et vivaient en harmonie et dans le respect mutuel. Nous sommes convaincus que nos liens familiaux et spirituels sont plus forts que la politique de haine agressive du gouvernement fantoche actuel de Kiev.

Sur les attaques de plusieurs États occidentaux contre les médias russes

Nous constatons de nombreuses tentatives de plusieurs États de l'Occident collectif de profiter de l'hystérie russe qu'ils ont eux-mêmes attisée pour se défaire une bonne fois pour toute des médias russes et bloquer définitivement les sources d'information alternatives au mainstream. Ils craignent que leur public apprenne ce qui n'a pas été convenu avec la Maison Blanche et Downing Street. À cela servent différents slogans sur une prétendue nécessité de lutter contre la propagande et la désinformation russes. Nous avons déjà entendu tout cela. Les victimes de cette approche sont devenus les citoyens, notamment européens, qui ne prêtaient pas attention et ne voyaient pas ce qui se passe dans le Donbass pendant huit ans. Pourquoi? Parce que vos médias occidentaux n'en disaient rien. Tous ceux qui tentaient de le faire étaient stigmatisés, sanctionnés et tyrannisés. En Ukraine, ceux qui tentaient, y compris les Occidentaux, de rapporter la vérité sur les sévices commis dans le Donbass, étaient inscrits sur le site Mirotvorets, qui était ignoré par l'OSCE, l'Unesco et d'autres organisations journalistiques internationales compétentes. De quoi s'agit-il? Ce site est une véritable liste « d'exécution » de personnes qui ont été visées par des actes agressifs monstrueux des nationalistes. Beaucoup de mes collègues ont fait les frais d'une telle approche: menaces, persécutions et ainsi de suite. Plusieurs journalistes occidentaux ont écrit sur le refus d'accorder un accès pour traverser la frontière ukrainienne contrôlée par le régime ukrainien à ceux qui tentaient de couvrir la situation dans le Donbass. C'était une punition pour ceux qui tentaient de rapporter ne serait-ce qu'un mot d'objectivité. Ce complot médiatique collectif a affecté les citoyens européens qui ne savaient rien et n'avaient rien entendu en huit ans sur ce qui se passe dans le Donbass et pour qui la réalité d'aujourd'hui était inattendue.

Les autorités lettonnes ont interdit la diffusion de trois chaînes russes (Rossiya 24, Rossiya RTR et TV Centre). Cela aurait encore pu s'expliquer logiquement si c'était lié à la situation en Ukraine. Le fait est que la tentative de se défaire des médias russes était une politique à long terme, qui ne date pas d'un an, de deux ou de cinq ans. Nos journalistes et médias ont subi tellement de choses. Les expulsions, le refus d'accès, l'inscription sur des listes noires, les fermetures, les amendes, la stigmatisation, le collage d'étiquettes, les invectives, la culture d'annulation (ou plutôt de persécution) déployée contre eux. Tout cela était présenté comme une menace à la sécurité nationale. Sachant que rien qu'en deux ans Riga avait déjà restreint la diffusion de 41 médias russes. En Estonie, la Ministre de la Justice Maris Lauri menace de poursuites pénales ceux qui oseraient diffuser des chaînes russes. Au Royaume-Uni, Boris Johnson a annoncé les projets de revoir la décision de délivrance de licence à la holding médiatique RT, après quoi, en suivant l'ordre de Downing Street, un débat a été organisé à ce sujet au parlement britannique. Et après cela on nous raconte que dans les pays civilisé le pouvoir et le régulateur médiatique ne se connaissent pas. Bien sûr que non, ils se donnent simplement des ordres, mais peuvent ne pas se connaître. Des appels de différentes personnalités publiques et politiques d'interdire la diffusion de RT se font de plus en plus entendre en France où le régulateur national mène une « enquête » sur le média russe sous un prétexte complètement aberrant, alors que les journalistes, vous le savez, ne sont pas autorisés à assister aux activités officielles à l'Élysée. Alors qu'ils envoient à tous des invitations et une accréditation. Ceci et bien d'autres exemples de « modération » de l'espace médiatique ne sont rien d'autre qu'une censure ordinaire, en appelant les choses par leur nom.

Dans ces circonstances, nous jugeons inutile et continuer d'appeler aux mécanismes supranationaux de protection en exigeant de remplir de bonne foi leurs fonctions pour garantir la liberté d'expression et le pluralisme d'opinion. Nous le faisions pendant plusieurs années. Nous avons pu voir que l'Occident promeut sans gêne ses doubles standards en ce qui concerne la liberté d'expression et les droits de l'homme. Ils ont détruit ces standards, il n'y en a pas. Ils agissent comme ils l'entendent aujourd'hui, de manière conjoncturelle et cynique. Malheureusement, plusieurs organisations internationales ont simplement commencé à les « servir » dans le pire sens de ce terme. De cette manière, les élites dirigeantes des pays euro-atlantiques tentent d'appliquer leur propre agenda clairement basé sur l'aspiration à la domination globale dans tous les secteurs. Nous pensons qu'il est temps d'envoyer aux pays qui attaquent sans appel les médias et les journalistes russes un message très clair que de telles attaques ne resteront pas sans réaction objective. Nous nous réservons le droit de prendre contremesures envers leurs médias représentés dans le champ médiatique russe si les droits des correspondants, des médias et des diffuseurs continuaient d'être enfreints.

Nous trouvons également nécessaire de souligner que le besoin de nos sociétés de se faire une image objective et complète des événements dans le monde, ce qui est particulièrement important en situation de crise, est directement lié à la tenue par tous les membres de la communauté internationale de leurs engagements en termes de protection de la liberté des médias.

Sur le déroulement en Bulgarie d'une marche néonazie

Le 12 février, malgré l'interdiction de la mairie de Sofia, les actions du Ministère de l'Intérieur et du Parquet bulgare, des néonazis bulgares ont organisé une nouvelle marche appelée Lukov, en hommage au général Hristo Lukov de la Seconde Guerre mondiale, connu pour ses opinions fascistes et antisémites.

Nous notons la position du Ministère bulgare des Affaires étrangères concernant l'inadmissibilité des manifestations d'antisémitisme, de racisme, d'intolérance, de discrimination et de haine.

La Russie appelle systématiquement à unir les efforts de la communauté internationale dans la lutte contre la glorification du nazisme, le néonazisme et le nationalisme agressif. Vous le savez, nous sommes l'initiateur de l'adoption annuelle par l'Assemblée générale des Nations unies d'une résolution en la matière.

Il est de notre devoir envers ceux qui sont tombés dans la lutte contre la peste nazie d'empêcher la falsification de la vérité historique, la glorification des fascistes et de leurs adeptes, la propagande du chauvinisme, de la guerre et de la xénophobie. Nous espérons que les autorités bulgares lutteront systématiquement et efficacement contre ces phénomènes odieux sur leur territoire.

Nous avons noté et soutenons entièrement la position des autorités bulgares concernant l'inadmissibilité d'organiser de telles activités nazies et fascistes et la réaction à la profanation d'un mémorial. Il ne peut y avoir de double lecture. Nous l'avons vu et l'apprécions. Nous pensons que c'est une réaction digne. Il est important qu'elle s'applique également dans la pratique. [...]

Réponses aux questions:

Question: Le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de l'Allemagne Christopher Burger a déclaré que dans les accords avec la Russie il n'y avait pas de promesse que l'Otan ne s'élargirait pas vers l'est. Que pouvez-vous dire sur la déclaration de votre collègue allemand?

Réponse: D'abord, les représentants des pays de l'Otan niaient le fait en soi des promesses de l'Occident concernant le non-élargissement de l'Alliance vers l'est. Puis ont commencé à paraître les mémoires de ceux qui ont pris part aux événements à l'époque et aux négociations, de représentants officiels. Ils ont alors cessé de s'obstiner et d'affirmer que rien de tel n'a eu lieu. Ils ont commencé à dire que des affirmations orales avaient peut-être été faites, mais qu'il n'y avait pas de documents officiels écrits. Une « amnésie collective » étonnante. Après la publication du Spiegel (un média allemand, je souligne), il s'est avéré que c'était faux.

Selon les documents d'archives déclassifiés, à l'issue des pourparlers à Washington le 2 février 1990, le Ministre des Affaires étrangères et vice-Chancelier allemand Hans-Dietrich Genscher et le secrétaire d'État américain James Baker ont déclaré: « Nous sommes convenus qu'il n'y avait pas d'intention d'élargir la zone de défense de l'Otan vers l'est. Cela concerne non seulement la RDA, que nous ne voulons pas y intégrer, mais également dans l'ensemble ». Pendant les négociations au format « 2+4 » (avec la participation de la RDA, de la RFA, de la France, de l'URSS, du Royaume-Uni et des États-Unis), le représentant de la RFA Jürgen Hrobog a déclaré: « Nous avons clairement laissé entendre que nous n'élargirons pas l'Otan au-delà de l'Elbe. C'est pourquoi nous ne pouvons pas proposer à la Pologne et à d'autres pays d'adhérer à l'Otan. » Je rappelle que la rencontre s'est déroulée à Bonn le 6 mars 1991. Depuis, 14 États ont adhéré à l'Otan.

Pour qu'à terme personne ne doute que des représentants occidentaux ont promis aux dirigeants de l'URSS (nous avons trouvé des extraits, nous en parlions publiquement) que l'Otan ne s'élargirait pas vers l'est au début des années 1990, nous suggérons de se familiariser avec les extraits des entretiens en question préparés par le Ministère russe des Affaires étrangères à partir de documents d'archives.

À noter que les membres et les représentants de l'Alliance se réfutent les uns les autres sur les questions fondamentales et continuent de faire des déclarations qui ne correspondent pas à la politique menée. À présent, il est nécessaire de trouver de nouvelles justifications, l'accent est mis sur le fait que les promesses n'ont pas été documentées. C'est la ruse qu'ils utilisent.

Par exemple, la réponse à la lettre écrite par le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à ses homologues européens ne venait pas de chaque pays à titre national, mais il s'agissait de lettres collectives (réponses bureaucratiques) de deux structures - Otan et UE. Même s'il y avait également une dissonance. Quand c'est nécessaire, ils disent ne pas avoir de position nationale, car la plupart a plaidé pour une réponse collective. Comment cela se fait-il? La majorité possède également un aspect national. Elle le possède même sous la forme d'une majorité dans une organisation. Où est passée la minorité? Il s'avère que quand c'est bénéfique pour eux, ils disent répondre collectivement (soi-disant, c'est la majorité qui a décidé ainsi). Et quand cela ne l'est pas, ils disent « demandez à chacun à titre national »; « cela ne concerne pas notre structure »; « nous n'étions pas présents à l'époque », etc. Ils se cachent derrière ces formulations et phrases, s'emmêlent et le font régulièrement.

Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dit plusieurs fois qu'on ne pouvait pas croire l'Occident sur parole. Nous avons pu nous en assurer maintenant. Nous avons bien appris une autre leçon de huit ans. On nous disait: « Il faut littéralement s'entendre que le Donbass n'adoptera pas la position active de 2015, ne reconquerra pas ses propres territoires en cherchant à se protéger des convictions de régimes fantoches imposées par la « force des chars »; asseyons-nous à la table des négociations pour tout régler », « nous coexisterons en paix dans une Europe sûre ». Nous nous sommes assis, passé un accord, fait le maximum. Nous avons fait des efforts pour assurer aux gens qu'avec l'apparition des Accords de Minsk leur vie dans le Donbass se normaliserait. Ils ont dit avoir un plan par étapes et la volonté des partenaires occidentaux de faire pression, de coordonner les efforts avec le régime de Kiev pour que tout soit mis en œuvre. Pendant huit ans, le régime de Kiev se rejetait les engagements et les obligations accusant le pouvoir précédent d'erreurs et le pouvoir actuel d'incapacité de tenir ses engagements. Ils ont tout fait pour ne pas bouger d'un pas de la position adoptée en 2015 (dans tous les sens du terme). Il y avait seulement des retours en arrière sur plusieurs axes. C'est un classique: on dit une chose, mais on fait une autre. On nous trompe.

C'est pourquoi la Russie a envoyé aux États-Unis et aux pays de l'Otan des propositions sur les garanties de sécurité. Elle l'a fait par écrit, a publié les documents pour que tout le monde voie nos tentatives d'inviter à la discussion d'une chose cruciale pour nous, d'attirer l'attention de la communauté internationale et d'exclure la falsification de documents. Les discussions sur la sécurité ne suffisent pas pour la Russie. Nous avons besoins de garanties juridiques à long terme des États-Unis et de leurs alliés de l'Otan. Surtout maintenant, compte tenu de ce que nous avons vu et entendu rien qu'au cours des derniers mois.

Question: Que pouvez-vous dire sur l'annulation par la France de la visite du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Paris?

Réponse: Nous l'avons déjà commenté hier. Je rappelle encore une fois la chronologie des faits. Il y a eu une série de contacts entre les présidents de la Russie et de la France, Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, à l'initiative de ce dernier. La Russie répondait pratiquement à chaque appel. Il a été convenu d'organiser à Paris des pourparlers entre les chefs de diplomatie, Sergueï Lavrov et Jean-Yves Le Drian, sur la construction d'une nouvelle architecture de sécurité européenne et mondiale tenant compte des intérêts réciproques et du principe de son indivisibilité. La rencontre était prévue pour le 24-25 février. Cependant, dans la soirée du 22 février, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE, le ministre français a annoncé l'annulation de la visite. En même temps, l'Ambassade de Russie en France a été officiellement informée que « dans le contexte actuel » Jean-Yves Le Drian avait décidé d'annuler la rencontre prévue.

De cette manière, toute la responsabilité pour la rupture des négociations repose sur la France. Il convient de noter que le refus démonstratif des Français de dialoguer avec nous a eu lieu sur fond de nouvelle hystérie attisée par l'Occident collectif autour de la Russie, démontrant sa réticence flagrante à mener une discussion objective dans le respect mutuel, notamment sur les sujets les plus sensibles de l'agenda international dont dépend la stabilité en Europe et dans le monde.

Pendant cette même conférence de presse, le chef de la diplomatie française a déclaré que tous les efforts diplomatiques entrepris par les partenaires au cours des dernières semaines « se sont heurtés à un mur », faisant clairement allusion à la Russie. Nous trouvons nécessaire de donner des explications concernant ces déclarations du ministre.

Des négociations très intensives étaient menées ces dernières semaines à haut niveau et au sommet dans le seul but d'avancer dans le règlement du conflit dans le sud-est de l'Ukraine. Nous sommes d'accord avec l'affirmation que ces efforts se sont heurtés à un mur d'incompréhension et de réticence à s'entendre. Cependant, ce n'est pas la Russie qui a érigé ce mur, mais l'Ukraine avec tous ceux qui « appuyaient » ce mur du côté de l'Occident. Nos partenaires le savent parfaitement, car c'est eux qui, au lieu de pousser Kiev à remplir les Accords de Minsk, complaisaient à ses aspirations agressives, qui ont finalement mis une croix sur les Accords de Minsk. Désormais, comme ce fut déjà le cas auparavant, ils cherchent à rejeter sur nous la responsabilité pour les conséquences. Cela n'a rien de nouveau. Nous y sommes habitués. Nous ne pouvons que conseiller une nouvelle fois à nos amis occidentaux d'être honnêtes au moins avec eux-mêmes.

Nous restons ouverts à un dialogue honnête et équitable sur le plus large éventail de questions à condition de respecter les intérêts des parties. Je voudrais le prouver avec l'exemple d'aujourd'hui. Le Président ukrainien Vladimir Zelenski a enregistré une nouvelle allocution vidéo concernant l'organisation des pourparlers. En dépit de l'avis sur son « activité » et de tout ce que le régime y avait fait sous sa direction, la décision concernant la possibilité de contacts et la formation d'une délégation a été prise rapidement et annoncée publiquement. C'est en ce qui concerne la question de savoir qui érige des « murs » et sapent les négociations. Nous n'avons jamais sapé des négociations. Nous savons séparer les émotions du professionnalisme.

Question: La Russie a-t-elle l'intention de prendre des mesures pour défendre ses établissements diplomatiques à l'étranger?

Réponse: Les actions pour la protection des représentations à l'étranger sont régulées par les Conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires de 1961 et de 1963. Nous partons du principe que chaque pays qui accueille une ambassade de Russie doit les remplir dûment.

Malgré les engagements des autorités compétentes étrangères, nous accordons constamment une attention particulière à la garantie de la sécurité des établissements à l'étranger conformément aux termes de notre législation.

Les nouvelles réalités exigent des mesures appropriées. Compte tenu des circonstances, nous élaborons des mesures supplémentaires pour renforcer la protection physique et d'ingénierie des représentants diplomatiques et consulaires russes.

Suite des échanges à venir [...]