Cela fait plus de 10 ans que j'établis un lien organique, profond, entre d'un côté la crise économique et financière et de l'autre l'aggravation des tensions géopolitiques. Je relie l'une à l'autre par le biais d'une idée simple qui est celle de la crise de reproduction. Le système dans lequel nous vivions n'arrive plus à se reproduire à l'identique.
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En 2011, Bernanke a proclamé, de concert avec les autres banquiers centraux, "we saved the world ". Il avait sauvé non pas le monde, mais l'ordre du monde auquel il était attaché : l'ordre du monde du capitalisme financiarisé. Ce n'était qu'une vantardise, car Bernanke n'avait rien sauvé du tout, il avait simplement bluffé, menti et retardé les échéances grâce à la planche à billets, aux dettes et à la communication.

Le système a toujours autant de mal à se reproduire et même il a de plus en plus de difficultés à le faire. Le fait de faire porter la charge de l'endettement et du surendettement sur les épaules des peuples pour sauver les capitalistes et les créanciers par l'intermédiaire des déficits budgétaires et de l'inflation de monnaie produit une cassure sociale que l'on appelle le populisme pour la discréditer et dévaloriser ses porte-paroles.

Ce populisme, cette dissidence cherchent à s'exprimer et à faire comprendre aux masses ce qui se passe réellement. Comment elles sont spoliées ; en sens opposé, les autorités, elles cherchent à faire en sorte que les voix populistes ne portent pas et quand elles portent, elles font en sorte qu'elles soient discréditées. Elles ont des outils pour cela, à savoir les médias traditionnels du business, mais surtout maintenant elles ont le contrôle des réseaux sociaux, des données, des datas et des techniques modernes de communication.

Le lien entre la crise, sa pseudo solution et les tensions géopolitiques est organique ; cela signifie que ce n'est pas de la simple rhétorique. Le lien ne vient pas des tentatives des leaders politiques mal élus et illégitimes de se faire une popularité à bon compte par les gesticulations de politique étrangères, non, le lien tient au fait que lorsque le monde s'appauvrit ou prévoit de s'appauvrir, alors la lutte pour le partage devient féroce, déterminante, cela devient un objectif obsessionnel.

La marche vers la guerre, c'est la marche vers la guerre d'hégémon. L'hégémon étant le droit du plus fort de prélever plus de richesses que ses voisins sur le patrimoine et la production mondiale.

La guerre des occidentaux contre la Russie par l'intermédiaire de l'Ukraine s'inscrit dans ce cadre : une tentative d'affaiblissement de la Russie riche en ressources, une volonté d'encercler la Chine et une action latérale de mise au pas des Alliés un peu récalcitrants que sont les pays Européens.

La guerre permet l'état de guerre, le mensonge, la propagande, l'illibéralisme, l'impression de fausse monnaie, la censure, les lois scélérates.

La guerre, dont vous noterez au passage qu'elle est unilatérale, sans consultation des peuples, sert à les faire taire.