Golan
L'armée israélienne a ouvert le feu dimanche sur des manifestants syriens qui tentaient de franchir la ligne de cessez-le-feu sur le plateau du Golan. AFP / Jack Guez
Des centaines de manifestants ont tenté, dimanche, de franchir en force la ligne de cessez-le-feu israélienne sur le plateau du Golan, région syrienne occupée par Israël. Ils voulaient commémorer la «Naksa», la défaite arabe face à Israël lors de la Guerre des Six jours. L'armée a ouvert le feu : 23 d'entre eux ont été tués, et environ 350 autres blessés, selon Damas. La télévision syrienne a affirmé qu'un enfant figurait parmi les victimes.

Un médecin se trouvant dans la ville de Kuneitra, Ali Kanaane, a affirmé que les victimes avaient été «touchées par des balles dans la tête et la poitrine». Un porte-parole de l'armée israélienne a contesté cette version. «En dépit de nombreux avertissements, à la fois verbaux puis avec des coups de semonce, des dizaines de Syriens ont continué à s'approcher de la frontière et les forces armées israéliennes n'ont eu d'autre choix que d'ouvrir le feu vers les pieds des manifestants afin de les dissuader».

Jets de pierres et slogans anti-israéliens

Les jeunes Syriens originaires du Golan, ainsi que des Palestiniens, se sont rassemblés à Aïn Tineh, en face du village de Majdal Chams, occupé par Israël depuis 1967, scandant des slogans anti-israéliens et jetant des pierres. La télévision syrienne a également diffusé des images de plusieurs jeunes en train d'escalader une barrière de barbelés tout près de la ville de Majdal Chams. D'autres images montraient des soldats israéliens postés sur un char en train de tirer en direction des jeunes.


Selon des photographes de l'AFP, les manifestants s'efforçaient de déchirer une première barrière de barbelés avec des cordes tout près de la ville de Majdal Chams. Un photographe de l'AFP à Majdal Chams a également vu quatre manifestants blessés évacués du côté syrien.

Fossé, barbelés et champs de mines le long de la ligne de cessez-le-feu

En prévision des manifestations, l'armée israélienne avait creusé un fossé le long de la clôture, placé de nouveaux barbelés et reconstitué les champs de mines longeant la ligne de cessez-le-feu. Les autorités avaient été mises en état d'alerte en prévisions de possibles débordements. Et pour cause : le 15 mai dernier, lors de l'anniversaire de la «Nakba» - la «catastrophe» en arabe - marquant l'exode de centaines de milliers de Palestiniens avec la création de l'Etat d'Israël en 1948, des centaines de manifestants avaient, de la même façon, traversé la clôture frontalière près de Majdal Chams, en dépit des tirs de l'armée israélienne, prise de court. Ces violences avaient fait quatre morts près de Majdal Chams.

Comme le 15 mai, l'armée israélienne a accusé Damas de «provocation» pour détourner l'attention de la sanglante répression des manifestations contre le régime. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé des «éléments extrémistes» qui «s'évertuent à forcer nos frontières, menaçant nos communautés et nos citoyens». Le 15 mai, lors de l'anniversaire de la «Nakba» - l'exode de centaines de milliers de Palestiniens avec la création de l'Etat d'Israël en 1948 - des centaines de manifestants étaient parvenus à traverser la clôture pour atteindre Majdal Chams. Quatre avaient été tués par l'armée israélienne. Six autres avaient été tués à la frontière libanaise.

Au la frontière entre le Liban et Israël, aucun débordement n'a été constaté ce dimanche. Des manifestations de militants palestiniens et libanais étaient prévues mais elles ont été interdites par l'armée. Dans les 12 camps palestiniens du Liban, les magasins étaient fermés et des drapeaux noirs ont été accrochés en signe de deuil.