Dans Lusitania 1915 - La dernière traversée, l'écrivain et journaliste américain Erik Larson nous raconte l'histoire tragique du Lusitania, un paquebot parti, le 1er mai 1915, de New York pour Liverpool et coulé par un sous-marin allemand le dernier jour de sa traversée.
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© Francis Imossi
Écrivain et journaliste américain, historien et conteur inspiré, auteur, entre autres, du remarquable Diable dans la ville blanche, Erik Larson a gardé toutes ses qualités. Malgré une mise en scène spectaculaire et un suspense digne des meilleurs thrillers, son nouveau livre Lusitania 1915 - La dernière traversée consacré au naufrage du Lusitania n'a rien d'un roman.


Erik Larson a dépouillé les archives anglaises et américaines, les lettres, les télégrammes, les documents historiques, les Mémoires, les journaux intimes, les ouvrages, la presse, les témoignages des survivants dont les histoires individuelles ont été rapportées par eux-mêmes. Ce travail impressionnant de documentation a inspiré le récit captivant de Lusitania 1915 - La dernière traversée qui devient saisissant et poignant lorsqu'il en arrive au naufrage.

Le Lusitania leva l'ancre avec un peu de retard tandis que ses passagers (près de 2 000) s'installaient. Ils étaient fort bien traités sur ce paquebot moderne et luxueux, appartenant à la Cunard, une compagnie anglaise. Ceux de 1ʳᵉ classe avaient droit à des cabines spacieuses, une cuisine riche, des soirées distrayantes. Le capitaine Turner, commandant très expérimenté du navire, ne leur cacha pas les dangers du voyage. L'Allemagne avait décrété « zone de guerre » les eaux environnant les îles britanniques, où tout bateau devenait une proie potentielle. Mais Turner s'empressa de rassurer ses auditeurs. La vitesse du Lusitania empêchait les sous-marins de le rattraper. Et l'Amirauté le ferait protéger dans les zones dangereuses. Mais il se trompait.


Commentaire : L'Amirauté, lire Winston Churchill.


Le 30 avril, un sous-marin allemand, l'U Boot 20, commandé par l'intrépide et impitoyable capitaine Schwieger, prêt à couler tout ce qu'il rencontrait, quitta l'Allemagne pour les côtes anglaises. Le Room 40, un service anglais très secret, écoutait ses transmissions dont il avait les codes et suivait son périple. Mais ces informations précieuses restèrent secrètes et aucun destroyer ne vint s'occuper à temps du Lusitania. Peut-être avait-on besoin, en haut lieu, d'une bonne raison pour convaincre l'Amérique de se lancer dans la guerre ! Ce qu'elle ne souhaitait pas. Erik Larson alterne, d'un chapitre à l'autre, la progression et la vie à bord des deux bateaux. Sur le paquebot, bavardages et nouvelles amitiés, bains de soleil quand il y en avait, exercice de sauvetage. Le sous-marin à l'atmosphère suffocante restait en surface aussi souvent qu'il le pouvait et ne plongeait que pour se cacher ou lancer une torpille. Le brouillard persistant à l'approche de l'Angleterre le gêna encore plus que le Lusitania.

Le 7 mai, le brouillard disparut, la mer était calme et le soleil brillait. À 12 heures, Schwieger reconnut au loin dans son périscope le Lusitania qui vira dans sa direction, sans l'avoir vu. À 14 h 30, il ordonna de tirer une torpille qui atteignait sa cible. Le paquebot commença à se remplir d'eau et à gîter. Erik Larson décrit alors, minute par minute, ce qui arriva. Panique à bord. Canots de sauvetage mal descendus se renversant et jetant les passagers à la mer. D'autres y sautant directement. Le Lusitania sombrait. Il y eut 1195 morts et 764 survivants dont Turner et 123 Américains. En avril 1917, l'Amérique entra enfin en guerre. Ce même mois, un nouveau sous-marin commandé par Schwieger passa sur un champ de mines en mer du Nord. Il n'y eut aucun survivant.