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© KEYSTONE-ALionel Jospin, Premier ministre, et Daniel Vaillant, Ministre de l'intérieur, en 2002.
L'ex-chef des Renseignements Généraux Yves Bertrand a affirmé vendredi avoir informé en 2001 Daniel Vaillant et Lionel Jospin de rumeurs d'actes pédophiles par un ministre au Maroc.

L'enquête sur les rumeurs de pédophilie d'un ancien homme politique français se poursuit. L'ex-chef des Renseignements Généraux Yves Bertrand a affirmé vendredi avoir "fait état" en 2001 auprès des "autorités de tutelle" de rumeurs d'actes pédophiles par un ministre au Maroc, citant comme ayant été informés Daniel Vaillant et Lionel Jospin.

Alors ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin, Daniel Vaillant a immédiatement rétorqué auprès de l'AFP n'avoir "jamais été tenu informé, à aucun moment, et de quelque manière que ce soit" par le responsable policier, alors réputé proche du président de la République, Jacques Chirac. "M. Jospin est solidaire de la réaction de Daniel Vaillant et s'y associe", a indiqué à l'AFP une proche de l'ancien Premier ministre socialiste.

Yves Bertrand n'entretenait pas à l'époque de la cohabitation (1997-2002), d'excellents rapports avec Lionel Jospin et Daniel Vaillant. Les détracteurs, socialistes notamment, de M. Bertrand le soupçonnaient d'être au service de Jacques Chirac.

Interrogé pour savoir s'il avait cherché à vérifier les rumeurs d'actes pédophiles, Yves Bertrand a répondu: "Ecoutez, moi j'étais aux Renseignements généraux, je n'étais pas à la police judiciaire. Donc une rumeur, j'en fais état aux autorités de tutelle, c'était Vaillant et Jospin, c'était 2001, sous la cohabitation." Il venait de répondre pendant une heure et demie aux enquêteurs de la Brigade de protection des mineurs (BPM) de la police judiciaire parisienne.

A la question de savoir pourquoi il avait été décidé de ne pas enquêter plus avant, Yves Bertrand a répondu: "Je n'en sais rien il faut leur demander à eux. Ils ont fait ce qu'ils ont voulu. Ce n'était pas mon rôle moi, j'ai fait mon devoir de rendre compte de la rumeur."

Il avait été convoqué après que son nom eut été "évoqué" par Luc Ferry lors de son audition du 3 juin dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris après les propos tenus par le philosophe sur Canal+ le 30 mai.

Luc Ferry avait affirmé, sans donner de nom, qu'un "ancien ministre" s'était "fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons", assurant tenir cela des "plus hautes autorités de l'Etat" et notamment d'un Premier ministre.

Dans ses carnets saisis par la justice dans l'affaire Clearstream, Yves Bertrand évoque une affaire de pédophilie au Maroc, qu'il date de novembre 2001, impliquant un ancien ministre. De son côté, Luc Ferry a évoqué des faits allégués "bien antérieurs" à 2002.

A son arrivée à la BPM, dans un entretien à la presse, Yves Bertrand s'était toutefois montré moins affirmatif, déclarant: "Il se peut (...) que j'aie rendu compte, peut-être pas verbalement mais par écrit. C'est possible mais je n'en n'ai pas la certitude puisque je n'ai pas mes brouillons", ses carnets saisis par la justice.

L'ancien patron des RG a assuré que lors de son audition à la BPM, il n'avait pas donné de nom du ministre objet de la rumeur, comme il l'avait dit avant d'entrer dans les locaux de la police judiciaire. Cette information n'a pu être confirmée de source policière.

"Je n'ai pas donné de nom, ce n'est pas parce que c'est dans mes carnets qu'il y a des preuves sur telle ou telle personnalité", a expliqué Yves Bertrand, affirmant que l'audition s'était "très bien passée". Outre l'enquête en France, le parquet marocain en a également diligenté une.