Traduction : Vincent Larouche pour Mondialisation.ca

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Une nouvelle phase de la guerre se met en branle, conduisant à un processus d'escalade militaire ainsi qu'au débarquement de commandos de l'OTAN et des États-Unis sur les côtes libyenne.

Un déploiement sans précédent de puissance navale est en cours dans la Méditerranée.

Le 1er juin, les États membres de l'Alliance nord-atlantique (OTAN) ont décidé au cours d'une rencontre à Bruxelles de « renouveler la mission », c'est-à-dire poursuivre la guerre contre la Lybie « pour un autre 90 jours, jusqu'à la fin septembre ».

Depuis le début de la guerre le 19 mars, plus de 10 000 sorties ont été menées. L'OTAN reconnaît un total de 9036 sorties, incluant 3443 sorties de frappes sur une période de deux mois, du 31 mars au 31 mai.

Les opérations militaires ne sont plus limitées aux campagnes de bombardements à haute altitude, dans lesquelles les cibles de frappes sont « pré-approuvées » et planifiées à l'avance. Le déploiement d'hélicoptères et d'opérations aériennes à basse altitude est envisagé. Ces dernières pour supporter le déploiement de commandos de l'OTAN et des forces rebelles au sol.

Ce qui se dessine est une escalade des opérations militaires, qui mène simultanément à une guerre prolongée.

Le super-porte-avion USS George HW Bush, le navire le plus avancé dans l'arsenal naval américain, accompagné de son groupe d'assaut, est entré dans la Méditerranée pour se joindre à la Sixième flotte à Naples.

Le USS George HW Bush (CVN77) est le plus gros navire au monde : avec « 4,5 acres d'espace sur sa piste d'aviation, le rendant capable d'accueillir 90 jets et hélicoptères. Il héberge un équipage de 5500 personnes ». Équipé avec des systèmes guerriers électroniques sophistiqués, il est la plus grande « base militaire mobile » au monde. (Manlio Dinucci, Sarkozy et Cameron préparent le débarquement en Libye, Mondialisation.ca, le 28 mai 2011).

Le USS George HW Bush et son groupe ont été envoys en « voyage de noce » jusqu'à la zone d'opérations de la Sixième flotte, c'est-à-dire la Méditerranée Il a été « certifié prêt aux opérations de combat » un mois avant le début de la guerre contre la Lybie ( USS George H.W. Bush Strike Group Certified Combat Ready, 21 février 2011).

Réduire l'ennemi à la soumission totale

« La liberté en marche » (Freedom at Work) est le « logo humanitaire » du USS George HW Bush.

La taille du super-porte-avion, ses systèmes d'armement avancés, ses capacités destructives, sans mentionner son coût, son l'expression même des folles ambitions impériales américaines. Selon la doctrine « choc et stupeur », le USS George HW Bush est destiné à soumettre l'ennemi à la totale domination.

Escalade militaire

Depuis le début de la guerre le 19 mars, plus de 10 000 sorties ont été menées. L'OTAN reconnaît un total de 9036 sorties, incluant 3443 sorties de frappes sur une période de deux mois, du 31 mars au 31 mai.

Les opérations militaires ne sont plus limitées aux campagnes de bombardements à haute altitude, dans lesquelles les cibles de frappes sont « pré-approuvées » et planifiées à l'avance. Le déploiement d'hélicoptères et d'opérations aériennes à basse altitude est envisagé. Ces dernières pour supporter le déploiement de commandos de l'OTAN et des forces rebelles au sol.

Avec le déploiement du USS George HW Bush et de son groupe, de pair avec les navires de guerre des autres pays alliés, une nouvelle étape de la guerre s'amorce.

Les opérations militaires ne sont plus limitées aux campagnes de bombardements à haute altitude, dans lesquelles les cibles de frappes sont « pré-approuvées » et planifiées à l'avance. Le déploiement d'hélicoptères et d'opérations aériennes à basse altitude est envisagé. Ces dernières pour supporter le déploiement de commandos de l'OTAN et des forces rebelles au sol.

Le navire britannique HMS Ocean, déployé à partir de Chypre, est équipé comme porte-hélicoptères, pour des hélicoptères Apache.

Les Apaches seraient déployées à partir du HMS Ocean, le plus gros navire de guerre britannique. À la mi-mai, des exercices en mer ont été tenus au large de Chypre, impliquant des bateaux de guerre britanniques et néerlandais, avec le HMS Ocean jouant un rôle central comme porte-hélicoptère. « L'exercice incluait des répétitions de défense anti-aérienne et du tir à munitions réelles en mer, avec des exercices amphibies en zone côtière. »

En échange, la France a confirmé qu'elle déploierait ses hélicoptères d'attaque Tigres.

Nous pouvons ainsi nous attendre à un changement majeur dans la nature des opérations militaires au cours des semaines à venir, à l'envoi de commandos en appui à des opérations terrestres, avec des hélicoptères et des déploiements aériens à basse altitude jouant un rôle important. (Ces vols à basse altitude ne seraient pas limités aux drones Predators).

La nature des opérations aériennes deviendra, par conséquent, plus ciblée. L'objectif avoué est « emmener la campagne aérienne au sol ». Le super-porte-avion USS George HW Bush et son groupe de combat joueront un rôle clé dans l'implantation de la prochaine phase de la guerre.


Voir également la vidéo: http://bfbs.com/news/uk/military-giant-seas-calls-port-48131.html

Simuler le théâtre de guerre méditerranéen : « Saxon Warrior »

Dans les semaines précédent son « voyage de noces » en Méditerranée, le USS George HW Bush, avec son groupe de combat, a pris part à un grand jeu de simulation de guerre au large de la côte de Cornwall, au Royaume-Uni, sous les auspices de la Royal Navy, du 19 au 26 mai.

Nommé « Exercice Saxon Warrior », cette simulation s'est tenue dans un environnement maritime, avec la participation de navires de guerre britanniques, américains, français, allemands, suédois et espagnols. En tout, l'exercice impliquait la participation de 26 unités navales ( EGFE Movements » Exercise Saxon Warrior).

Il est significatif que « Saxon Warrior » soit une des plus grande simulation de guerre tenues par la Royal Navy, en lien étroit avec la marine américaine, l'OTAN et le Pentagone.

« (Ils sont) destinés à améliorer les habiletés du groupe d'assaut du porte-avion Bush...pour qu'il puisse fonctionner rondement avec les forces européenes pendant son déploiement [dans la Méditerranée contre la Lybie (M.C.)].

Le groupe d'assaut du George HW Bush est bien préparé pour ce déploiement », a dit le vice-amiral Nora Tyson, commandant du groupe, et première femme à diriger le groupe d'un porte-avion américain.

« Nous sommes très heureux d'être participants à Saxon Warrior. (Cet exercice) procure une opportunité pour tous les navires dans le groupe pour améliorer notre capacité à opérer sans heurt et efficacement avec les autres unités de l'OTAN. » (( George Bush bound for Portsmouth after war games with Royal Navy navynews.co.uk )

Les exercices de simulation sont directement reliés à la « vraie guerre ». Saxon Warrior simulait tant la structure de commandement multinationale que la configuration de la guerre dirigée par l'OTAN dans la Méditerranée en terme de déploiement naval, aérien et d'hélicoptères, ainsi que les possible opérations de forces au sol. Les 5500 marins à bord du USS George HW Bush sont destinés à être utilisés en cas de débarquement de commandos en territoire ennemi.

« [Saxon Warrior est] un exercice conçu pour développer des habilités de combat spécifique à un théâtre d'opérations ainsi qu'à améliorer la coopération à plusieurs niveaux entre des forces et agences gouvernementales de plusieurs pays. (...) Saxon Warrior présente une myriade de défis à la force multi-nationale et multi-plateforme en créant un environnement de guerre diversifié et imprévisible basé sur des scénarios géo-politiques et militaires fictifs. » (George H.W. Bush Strike Group Participates in Saxon Warrior, http://www.navy.mil/search/display.asp?storyid=60543, emphasis added)

Bien que l'exercice ait eu lieu sous la direction de la marine britannique, des exercices de vols à basse altitude d'avions et hélicoptères ont aussi été entreprises dans le Sud-Ouest de l'Angleterre et une partie du Pays de Galles, simulant les conditions d'un pays ennemi fictif. L'attention portée aux opérations d'hélicoptères et de missions aériennes à basse altitude est entièrement conséquente avec la prochaine étape de la guerre contre la Lybie, tel qu'expliquée plus haut.

Le jeu de guerre « Saxon Warrior » est vu par l'appareil militaire américain comme procurant « une opportunité, comme force déployée, d'intégrer des partenaires de la coalition dans notre structure de commandement et cela se produit pour la première fois. » (Capt. Patrick. O. Shea, USS Gettysburg commanding officer, .Military News: Gettysburg Participates in Saxon Warrior, le 24 mai 2011)

Si la Royal Navy coordonnait le jeu de guerre, la force navale américaine, en terme de deployment militaire et de « structure de commandement fictive », était de loin le joueur clé.

L'exercice de huit jours impliquant des scénarios de mission unique « englobant des combats sous-marins, aériens et de surface ». Le 26 mai, la dernière journée a culminé avec « une guerre simulée » dans un environnement maritime.

Alors que Saxon Warrior était basé sur des scénarios géopolitiques et militaires « fictifs », les participants, eux, savaient fort bien qu'ils s'entraînaient pour la guerre contre la Lybie.

« Nous nous entraînons dans une opération en déploiement, pour améliorer notre préparation au cas où nous devenions impliqués dans une opération dans la vraie vie. » (Ibid, emphase ajoutée)

« Saxon Warrior nous donne un environnement plein de défis dans lequel utiliser nos habiletés guerrières ».

« Nous devons penser rapidement hors des chemins battus. Le plus agiles nous sommes, le plus préparés nous serons pour toute mission qui surgit pendant le déploiement. C'est la beauté de Saxon Warrior. »

« La beauté d'opérer avec des partenaires de coalition est que nous pratiquons avec eux, apprenons leur forces et ensuite incorporons ces forces les unes aux autres pour créer la meilleure force de coalition possible. » George H.W. Bush Strike Group participates in Saxon Warrior 11 .norfolknavyflagship.com, 26 mai, 2011, emphase ajoutée).

L'axe militaire anglo-américain

Ces jeux de guerre font partie du cadre d'une coopération militaire avancée entre Londres et Washington, impliquant l'intégration de facto des structures de commandement britanniques et américaines. Les jeux de guerre ont été prévus pour coincider avec la visite officielle du président Barack Obama au Royaume-Uni, soulignée comme une « relation spéciale » entre les États-Unis et le Royaume-Uni.

Significativement, les rencontres de haut niveau entre le président Barack Obama et le premier ministre David Cameron ont mené à l'établissement d'un conseil conjoint de sécurité nationale, avec le mandat de coordonner la prise de décisions militaires ainsi que la politique étrangère. Dirigé par les conseillers à la sécurité nationale américains et britanniques, ce conseil vise à consolider encore d'avantage l'axe militaire anglo-américain.

La prochaine phase de la guerre contre la Lybie

Ce qui s'annonce est une escalade des opérations militaires, qui mène simultanément à une guerre prolongée.

Ce changement dans la direction des opérations militaires vers un support de l'aviation et des hélicoptères aux commandos au sol ne mènera pas nécessairement à une invasion en bonne et due forme, du moins pour le futur proche.

Le USS HW Bush et son groupe de combat joueront un rôle clé dans le support aux opérations au sol grâce aux sorties des avions et hélicoptères.

« Le porte-avion George HW Bush est flanqué d'un groupe de combat consistant des destroyers à missiles guidés Truxtun et Mitscher, des croiseurs à missiles Gettysburg et Anzio et de huit escadrons d'avions. Il va renforcer la Sixième flotte, dont le commandement est à Naples, aux côtés d'autres unités, incluant les sous-marins nucléaires Providence, Florida et Scranton. Aussi ajouté à la Sixième flotte est une des groupe d'attaque amphibie les plus puissants, dirigé par le USS Bataan, qui à lui seul peut débarquer plus de 2000 marines, équipés avec des hélicoptères et des avions à décollage vertical, de l'artillerie et des tanks. Il est flanqué de deux autres vaisseaux d'attaque amphibie, le Mesa Verde et le Whidbey Island, qui du 13 au 18 mai ont visité Taranto en Italie. Le Whidbey Island possède quatre gigantesque véhicule de débarquement à coussin gonflable qui, dans un rayon de 300 miles, peut emmener 200 hommes à la fois très rapidement sur la côte d'un pays sans être visible de la terre ferme. » (Manlio Dinucci, Sarkozy et Cameron préparent le débarquement en Libye, Mondialisation.ca, le 28 mai 2011).

Les forces spéciales ont été sur le sol libyen dès l'aube de la campagne aérienne. Les forces de mercenaires sous contrat avec l'OTAN sont aussi déployées. (Voir Manlio Dinucci, Naissance aux Emirats de l'armée secrète pour le Moyen Orient et l'Afrique, Mondialisation.ca, le 18 mai 2011).

Choc et stupeur

Dans le cadre de la stratégie "choc et stupeur", les bombes anti-bunker BLU-109 de 2000 livres doivent être larguées sur la Lybie en utilisant des chasseurs Tornado de la Royal Air Force britannique. « Choc et stupeur » fait partie de la doctrine de « dominance rapide » ou « force décisive », utilisée pour intimider l'adversaire jusqu'à la soumission, ainsi qu'à terrifier la population civile.

Armes nucléaires contre la Lybie

Il vaut la peine de noter que l'usage d'armes nucléaires tactiques contre la Lybie a été envisagé dans le cadre de la « guerre humanitaire ». En 1996, la Lybie était le pays choisi dans le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord pour être la cible d'une arme nucléaire tactique B61-11, une bombe perceuse de bunker équipée d'une ogive nucléaire.

Le plan pour nucléariser la Lybie n'a jamais été effacé. Peu après le début de la campagne de bombardement le 19 mars, le Pentagone a ordonné des tests de fonctionnalité de la bombe nucléaire B61-11. Ces tests ont été conduits en utilisant les même bombardiers furtifs B2, de la même base militaire au Missouri, qui a été utilisée pour coordonner les raids des B2 sur la Lybie au début de la guerre le 19 mars (Voir Michel Chossudovsky, Dangerous Crossroads: Is America Considering the Use of Nuclear Weapons against Libya? Global Research, 7 avril 2011).

Tous ces développements pointent vers un dangereux processus d'escalade militaire, qui pourrait potentiellement s'étendre au-delà des frontières libyennes. Les implications économiques et géo-stratégiques de cette guerre vont beaucoup plus loin.