Le principal organe de sécurité chinois a appelé mardi à la "répression" des "forces hostiles", deux jours après des manifestations contre les restrictions sanitaires et pour plus de libertés inédites depuis les mobilisations réprimées par le Parti communiste dans le sang en 1989.
ghjk
La présence policière dans les rues empêchait pour l'instant tout nouveau rassemblement.

Londres a par ailleurs convoqué l'ambassadeur de Chine au Royaume-Uni, Zheng Zeguang, après l'interpellation dimanche d'un journaliste de la BBC couvrant les manifestations à Shanghai, a annoncé le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly.


La Commission des affaires politiques et juridiques du parti communiste au pouvoir - qui supervise les forces de l'ordre dans le pays - a estimé qu'il était "nécessaire de réprimer les activités d'infiltration et de sabotage des forces hostiles conformément à la loi", selon le compte rendu d'une réunion, diffusé par l'agence d'État Chine nouvelle.

Le texte estime crucial de "réprimer résolument conformément à la loi les actions criminelles qui cherchent à briser l'ordre social, et protéger avec détermination la stabilité sociale".

Accélérer la vaccination

À Pékin, la Commission nationale de la santé a de son côté annoncé vouloir "accélérer la hausse du taux de vaccination des personnes âgées de plus de 80 ans et à continuer d'augmenter le taux de vaccination des personnes âgées de 60 à 79 ans".

Le taux insuffisant de vaccination en Chine, particulièrement chez les plus âgés, est l'un des arguments mis en avant par le gouvernement pour justifier sa stricte politique sanitaire, avec confinements à répétition, quarantaines à l'arrivée de l'étranger et tests quasi-quotidien pour la population.

En vigueur depuis bientôt trois ans, cette politique a été la cible de manifestations ce week-end dans plusieurs villes, le mouvement de contestation le plus étendu depuis les mobilisations pro-démocratie réprimées dans le sang en 1989.

En toile de fond également, de profondes frustrations vis-à-vis du système politique, comme l'ont montré les slogans scandés par la foule, certains exigeant la démission du président Xi Jinping et le départ du Parti communiste au pouvoir.

L'élément déclencheur : un incendie mortel la semaine dernière à Urumqi, capitale de la région du Xinjiang (Nord-Ouest).

Les restrictions sanitaires sont accusées d'avoir empêché le travail des secours, des arguments balayés lundi par le gouvernement.

"Le prétexte du Covid"

Le contrôle strict des autorités sur l'information et les restrictions sanitaires sur les voyages à l'intérieur du pays compliquent l'estimation du nombre total de manifestants durant le week-end.

Mais un soulèvement aussi étendu est rarissime en Chine, compte tenu de la répression contre toute forme d'opposition au gouvernement. Il a immédiatement suscité l'attention de la communauté internationale.

Le président américain Joe Biden a dit se tenir "informé". Le secrétaire d'État Antony Blinken a souligné que la position des États-Unis était "la même partout" et consistait à "soutenir le droit des gens à manifester pacifiquement pour exprimer leur opinion, leurs inquiétudes et leurs frustrations".

Aux États-Unis, les communautés chinoises et ouïghoure (du Xinjiang) ont tenu des veillées en hommage aux victimes des excès de la politique zéro Covid.

"Les autorités utilisent le prétexte du Covid, mais se servent des confinements stricts pour contrôler la population chinoise", a dit à l'AFP une participante chinoise de 21 ans qui a seulement donné son nom de famille, Chen.

Si Pékin maintient pour l'instant sa stricte politique anti-Covid, quelques gestes d'assouplissement sont apparus ces derniers jours.