Les tirs entendus à Zubin Potok, municipalité du nord du Kosovo à majorité serbe, impliquée dans les protestations de la population locale, ont été confirmés hier par la Kfor, la force de l'OTAN sur place.
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La fusillade aurait eu lieu lorsque la police kosovare d'ethnie albanaise aurait tenté de démanteler une des barricades érigées depuis le 10 décembre par les Serbes locaux pour protester contre l'arrestation d'agents démissionnaires de la police kosovare, et contre l'envoi dans la zone à majorité serbe de plusieurs unités de la police spéciale du Kosovo.

Si aucun blessé n'est à déplorer, la tension est encore montée d'un cran. À Belgrade, le chef d'état-major de l'armée, Milan Mojsilovic, a proposé le déploiement de troupes pour protéger les 40 000 Serbes résidant sur place, ainsi que le patrimoine serbe, détruit ou donné aux flammes à chaque nouvelle escalade. Après avoir rencontré le président, Aleksandar Vucic, il s'est rendu à Raska, près de la ligne administrative qui sépare actuellement le Kosovo du reste de la Serbie, et fait office de frontière pour les albanophones.

« La situation là-bas est compliquée et complexe, elle requiert dans la période à venir la présence de l'armée serbe le long de la ligne administrative »

Le 22 décembre avait lieu la plus grande manifestation depuis l'indépendance autoproclamée du Kosovo, 1.500 serbes du Kosovo sont descendus dans la rue pour protester contre la récente vague de provocations de la part des autorités albanophones (interdiction des plaques d'immatriculation serbes, empêchant les Serbes locaux de pouvoir rentrer chez eux, organisations d'élections à la va-vite pour remplacer les démissions de protestation, exactions dans les enclaves, arrestations de Serbes, encore détenus, aux motifs obscurs). Une manifestation au son de « Président Vucic, nous comptons sur toi ». Un appel qui semble avoir été entendu.

Ce dernier s'est adressé à la communauté internationale, demandant encore une fois que soit créée « la communauté des municipalités serbes » convenue il y a plus de dix ans, mais jamais mise en place par le Pristina.

Quant au premier ministre du Kosovo Albin Kurti, il a déclaré qu'il avait l'intention d'enlever les barricades « sans pouvoir exclure des victimes », alimentant encore plus la stratégie de la tension, comme le décrit Le Monde dans un article du 14 décembre dernier :

« Depuis début 2022, l'actuel premier ministre kosovar, le nationaliste albanophone de gauche Albin Kurti, multiplie les actions à Mitrovica-nord, quitte à rompre avec le statu quo jusqu'ici privilégié par les Européens et les Américains. »

Selon des sources non-officielles, des troupes albanophones seraient en train d'être déployées dans la partie sud de Mitrovica. Et nous apprenons que les autorités de Pristina ont interdit au patriarcat serbe orthodoxe de se rendre au Kosovo pour les festivités religieuses de fin d'année.

France, Allemagne, Italie, États-Unis et Grande-Bretagne, bien qu'irritées par la politique de Pristina, ont envoyé un ultimatum à Belgrade pour démanteler les barricades d'ici 24 heures.

Le Kosovo semble plus que jamais au bord du conflit armé.