Extrait du journal de guerre d' Iris Origo, L'Air se rafraîchit relate le destin de la nation italienne du printemps 1939 jusqu'à l'été 1940, après l'entrée en guerre de l'Italie dans la Seconde Guerre mondiale. Iris Origo occupe une position de choix pour commenter la vie du pays.
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Iris Origo
D'origine britannique, elle évolue comme une étrangère en Italie et dans un milieu privilégié. Son père était diplomate et son parrain est alors ambassadeur des États-Unis à Rome. Mariée à un Italien, Iris Origo dirige avec lui un regroupement de 22 fermes sur une terre de Toscane.

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C'est là qu'elle décide de raconter « la face minuscule des événements du monde ».

À la fois proche des petites gens et au contact des notables, elle perçoit l'ambivalence des Italiens qu'elle côtoie, entre fanatisme, révolte et résignation. Une phrase d'un voisin, l'expression d'un visage, un propos entendu à la radio : Iris Origo met l'anecdotique en perspective. Elle-même relève de ces ambiguïtés et n'affiche pas toujours un avis tranché sur le régime de Mussolini. Elle semble approuver ses réformes agraires et ne pense pas qu'il veuille mener le pays à la guerre.
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Sa position d'opposante s'affirmera pourtant par la suite : avec son mari, ils aideront des partisans et des soldats alliés à échapper au régime. Ce que montre Iris Origo, c'est cette intrigante zone grise dans laquelle baigne une partie de la population. Elle cite cette femme fasciste qui réalise enfin à quel point sévit la censure : « Désormais, le devoir d'un bon italien est de n'avoir aucune opinion ».

Elle relate sa rencontre avec ce couple d'Allemands aux préjugés antisémites et néanmoins horrifié par les persécutions de Hitler envers les juifs. Elle critique la position des Italiens catholiques : « disposés à céder sur les principes pourvu qu'ils soient gagnants en pratique ». C'est là toute la force de ce journal : montrer comment les opinions se construisent, évoluent et s'affirment, jusqu'à ce que chacun choisisse son camp, ou continue de louvoyer.