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De la réalité à la fiction... En 2009, le célébrissime John Le Carré lit un article du journal The Observer. Il découvre une déclaration d'un certain Antonio Maria Costa, directeur de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, qui affirme que l'argent de la drogue a sauvé les banques pendant la crise financière mondiale... L'écrivain, impressionné, en fera l'argument de son dernier roman, "Un traître à notre goût", qui vient de paraître au Seuil, tandis que les journalistes de l'hebdomadaire britannique poursuivaient leur enquête. Dans l'un de ses derniers numéros The Observer publie un long papier où il est révélé une affaire troublante : une importante banque étasunienne, Wachovia, rachetée depuis par le groupe Wells Fargo, y est accusée d'avoir blanchi des dizaines de milliards de dollars provenant du trafic de drogue. Et cela, malgré les avertissements répétés de l'un de ses employés, qui avait conçu des doutes sur l'origine de ces fonds qui transitaient par des bureaux de changes mexicains. Bien au contraire, les dirigeants de la banque n'ont eu de cesse de discréditer cet homme et de le pousser à la démission.

Cependant, la Wachovia a fini par être rattrapée par la Justice américaine en mars 2010. Mais, pour échapper au scandale, la banque a préféré une transaction à l'amiable et payer sans aller jusqu'au procès cent cinquante millions de dollars. C'est à dire seulement 2% des bénéfices réalisés par la banque en 2009...

L'affaire est exemplaire mais elle ne doit pas dissimuler ce que représente vraiment ce trafic de drogue au Mexique : en 2010, 15.273 personnes ont payé de leur vie la guerre de la drogue qui sévit là-bas depuis tant d'années. La guerre, oui, mais une guerre entre les narcotrafiquants et le pouvoir sur fond de corruption politique. Et où chaque jour le pays semble s'enfoncer un peu plus dans l'horreur. Mais aussi une guerre qui trouve son origine dans quelques opérations clandestines menées par le grand voisin nord-américain.


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