Certains experts et hommes politiques italiens ressemblent beaucoup à Kamasuka, le soldat japonais protagoniste du film Who Finds a Friend Finds a Treasure avec Bud Spencer et Terence Hill, qui a continué à se battre malgré le fait que la guerre était terminée depuis des décennies. Nous savons qu'il a été inspiré par un événement réel, mais ce qui le rend encore plus semblable à nos bellicistes, c'est la caricature ironique du film.
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Le rêve de l'Empire américain
Aujourd'hui, même le chef d'état-major de Stoltenberg est devenu poutinien (nous attendons avec impatience la dénonciation de la Repubblica et du Corriere*), ayant compris que la guerre ne peut pas être gagnée et que Sarkozy considère que le dialogue avec la Russie est nécessaire. Lors de son discours au Teatro Lirico de Milan, peu avant d'être arrêté et exécuté par les partisans, Mussolini ne cessait de parler de victoire. Comme aurait dit Marx, nous sommes passés du drame à la farce : de Mussolini à Kamasuka.

Elena Basile a écrit dans il Fatto Quotidiano** que le sommet de Djeddah n'a pas marqué le rapprochement de la Chine avec l'Occident comme certains voudraient le faire croire. Cela aurait été étrange étant donné que l'Occident collectif est le même que celui qui désigne Pékin comme l'ennemi principal, raison pour laquelle le plan de paix chinois reste la tentative la plus réaliste pour mettre fin à la guerre qui a commencé en 2014. Nous sommes conscients que la confrontation mondiale a peu de chances de trouver une conclusion à court terme, donc même si sous différentes formes, elle se poursuivra après la fin des hostilités en Ukraine, en tout cas aujourd'hui la priorité est de mettre fin à cette guerre.

Il est dans l'intérêt de tous, y compris de l'Occident, de parvenir à un compromis. Nombreux sont ceux qui se sont réjouis de la récente dépréciation du rouble, ceux-là mêmes qui nous assuraient il y a un an que l'économie russe était sur le point de s'effondrer et qui nous disaient également que l'armée de Poutine, prête à conquérir toute l'Europe, était en train de s'effondrer. La réalité est différente : après l'Allemagne, les Pays-Bas sont entrés en récession et la situation dans le reste de la zone euro n'est pas meilleure. Comme l'écrit Il Sole 24 Ore*** du 17 août, "la production a en fait diminué si l'on exclut les données fluctuantes de l'Irlande, qui a enregistré une augmentation à deux chiffres".

Comme nous l'avons répété à maintes reprises, il s'agit d'une guerre que les États-Unis mènent contre la Russie, mais aussi contre l'Europe. Malheureusement pour eux, la situation n'est pas meilleure à l'étranger non plus, et c'est encore l'organe de la Confindustria**** qui nous a informés que les faillites d'entreprises étasuniennes sont à leur plus haut niveau depuis 2010. L'économie des EU reste faible parce qu'elle est excessivement financiarisée, la pauvreté, les inégalités croissantes qui s'ajoutent aux tensions raciales forment un portrait du pays bien loin des "mille et une lumières de New York" qui nous parlent de prospérité partagée. La bonne nouvelle, c'est que l'été que connaissent les États-Unis est un été chaud, non seulement à cause de la météo, mais aussi à cause d'une vague massive de grèves qui a débuté dans l'usine même des rêves (ou des cauchemars) : Hollywood. Ces luttes se sont étendues à d'autres réalités telles que l'hôtellerie, l'automobile et le transport maritime.

Il est de plus en plus clair que la lutte des classes est aujourd'hui liée à la lutte contre l'impérialisme. La classe ouvrière sait qui devra payer les coûts de la guerre, elle le sait parce que ce n'est pas nouveau, en Grèce, l'UE a imposé l'augmentation des dépenses militaires d'une main en affamant le peuple de l'autre. Le gouvernement Meloni a déclaré la guerre aux pauvres, le revenu de citoyenneté ***** est réduit au motif que ceux qui ne travaillent pas et seulement parce qu'ils n'en ont pas envie préfèrent rouler en Ferrari grâce à l'argent public (phrases prononcées), mais en même temps les forces politiques se sont engagées à augmenter le budget de la défense. Bientôt, on nous dira que 2 % du PIB, c'est insuffisant, qu'il faut dépenser encore plus et que cet argent sera trouvé en réduisant les dépenses sociales. Cela semble remonter à un siècle, mais il n'y a que quelques années, lors de la pandémie, tous les hommes politiques rivalisaient pour défendre la santé publique et promettre d'embaucher des médecins et des infirmières.

Contre tout cela, il faut se battre, comme à Gênes où les dockers ont su unir les luttes contre l'exploitation des travailleurs avec le blocus des navires chargés d'armes. Si l'automne que nous avons derrière nous a été mauvais, celui qui nous attend est encore pire. En repensant et en actualisant une phrase célèbre de Che Guevara, nous devons aujourd'hui créer 10, 100, 1000 Gênes.
* La Repubblica et Il Corriere della Sera sont les deux principaux journaux italiens. Le premier est censé représenter la tendance de centre-gauche, bien qu'il ait adopté une ligne de plus en plus conservatrice au cours des 15 dernières années, tandis que le second est conservateur. Les deux sont résolument atlantistes.

** Il Fatto Quotidiano est un journal né il y a une quinzaine d'années qui a rassemblé des lecteurs déçus par l'unanimité des deux principaux journaux, en particulier des lecteurs de gauche déçus par la ligne conservatrice adoptée par La Repubblica. La ligne d'Il Fatto est proche de celle de 5 Étoiles, avec des tendances poujadistes, mais laisse un espace pour des interventions de gauche et anti-guerre en Ukraine.

*** Il Sole 24 Ore est le principal quotidien économique et financier d'Italie. Il appartient à la Confindustria, le Medef italien.

**** Le Medef italien

***** Le RSA italien, introduit il y a trois ans par le Mouvement 5 étoiles, a été complètement supprimé par le gouvernement d'extrême droite de Meloni, après que le gouvernement Draghi, soutenu par le Patito Democratico, la Lega et Berlusconi, l'eut déjà fortement réduit.