BRUXELLES - L'Union européenne a entériné jeudi, malgré les critiques de Damas, de nouvelles sanctions contre la Syrie qui s'appliqueront notamment à trois Iraniens, en raison de la poursuite de la répression des manifestations.

Cette décision a été prise en raison de la gravité de la situation dans le pays, a indiqué l'Union dans un communiqué. Elle avait déjà été agréée dans son principe mercredi par les experts des pays de l'UE à Bruxelles mais devait encore recevoir l'assentiment des gouvernements.

Elle impose un gel des avoirs en Europe et une interdiction de voyager dans l'UE à sept personnes, dont trois Iraniens que l'UE accuse de fournir des équipement militaires pour aider le régime syrien à réprimer les manifestants, selon les diplomates. Les quatre autres sont des responsables syriens.

Les sanctions élargies concernent aussi quatre entreprises syriennes liées au régime du président Bachar al-Assad, selon les sources diplomatiques.

Les noms des personnes et entreprises concernées ne seront rendus public que vendredi.

Ceci envoie un message très clair au gouvernement iranien (disant) qu'il est inacceptable qu'il fournisse des équipements et des conseils techniques pour aider le régime syrien à mater les protestations, a souligné un diplomate européen.

Les Etats-Unis ont aussi accusé l'Iran de soutenir la répression en Syrie.

Le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem a démenti mercredi que son pays reçoive le soutien de l'Iran ou du Hezbollah libanais et il a assimilé les sanctions de l'UE à une guerre contre la Syrie.

Il a brandi la menace d'une suspension de sa participation à l'Union pour la Méditerranée.

La répression a fait depuis le 15 mars plus de 1.300 morts parmi les civils et entraîné l'arrestation de plus de 10.000 personnes, selon des ONG syriennes. Elle a aussi poussé à l'exode des milliers de Syriens vers la Turquie et le Liban.

Au 100e jour du mouvement de contestation, les militants pro-démocratie ont appelé à une grève générale jeudi dans toutes les villes de Syrie, en signe de deuil pour les victimes de la répression.

L'Union européenne avait déjà imposé en mai des sanctions contre 23 caciques du régime syrien, dont le président Assad. Elle entend à présent accroître la pression.

Lundi, dans une déclaration commune, les ministres européens des Affaires étrangères ont estimé que la crédibilité et le leadership de Bachar al-Assad dépend des réformes annoncées.

Le ministère français des Affaires étrangères a pour sa part dénoncé mercredi la logique de violence aveugle du régime syrien, réagissant aux accusations de Damas selon lesquelles Paris pratique une politique colonialiste sous couvert des droits de l'homme.

La France, avec la Grande-Bretagne, l'Allemagne et le Portugal, a déposé un projet de résolution à l'ONU assimilant la répression en Syrie à un crime contre l'humanité.

Des discussions sont en cours à New York pour tenter de dégager un majorité sur ce texte, alors que Moscou a prévenu qu'il userait de son droit de veto face à toute résolution contre Damas.